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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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Nous avons traité de <strong>la</strong> justice à propos des druides. L’insuffisance de l’État en<br />

c<strong>et</strong>te matière eut deux conséquences : elle fortifia l’autorité du tribunal druidique<br />

<strong>et</strong> elle développa le régime de <strong>la</strong> protection. Car le tribunal ne jugeait que les<br />

nobles, <strong>et</strong> pour les plébéiens, César le dit formellement, <strong>la</strong> clientèle était le seul<br />

moyen de m<strong>et</strong>tre en sûr<strong>et</strong>é leurs personnes <strong>et</strong> leurs biens.<br />

V. - LES LUTTES DANS LES CITÉS ET ENTRE LES CITÉS1<br />

[PUISSANCE ET RIVALITÉS DES NOBLES] POUR troubler <strong>la</strong> cité, il eût suffi du<br />

patronage avec ses excès <strong>et</strong> ses abus. <strong>La</strong> tentation était trop forte pour tous ces<br />

nobles de s’élever au-dessus des lois. Ils avaient trop de ressources, trop de<br />

dévouements à leur service. Le Sénat, les magistrats tenus en échec par un seul<br />

homme, un Orgétorix, un Dumnorix, voilà le spectacle qui frappa César dés ses<br />

premiers pas dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, chez les Helvètes <strong>et</strong> chez les Éduens. Souvent aussi<br />

il arrivait que deux personnages, également puissants, se disputaient le pouvoir.<br />

Alors c’était <strong>la</strong> guerre civile déchaînée ou en perspective. En 52 av. J.-C., chez<br />

ces mêmes Éduens, les deux rivaux étaient Cotus <strong>et</strong> Convictolitavis, tous deux<br />

d’illustre famille, soutenus par de nombreuses alliances, commandant à une<br />

armée de clients, tous deux prétendant à <strong>la</strong> dignité de vergobr<strong>et</strong>. Il fallut<br />

l’intervention du général romain pour les empêcher d’en venir aux mains. Pas de<br />

cité, nous dit César, qui ne fût divisée en deux factions. Pas de canton, de<br />

vil<strong>la</strong>ge, de maison où ne soufflât l’esprit de parti. Mais ce qui aggravait le mal,<br />

c’était l’état révolutionnaire de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> à <strong>la</strong> veille de <strong>la</strong> conquête. Les ambitieux<br />

trouvaient dans c<strong>et</strong>te agitation de grandes facilités.<br />

[LA PLÈBE] Nous avons pu décrire le gouvernement de <strong>la</strong> cité en faisant<br />

abstraction de <strong>la</strong> plèbe. C’est qu’en eff<strong>et</strong> <strong>la</strong> plèbe n’avait ou ne devait avoir<br />

aucune part dans le gouvernement. Elle était, au rapport de César, traitée<br />

comme une masse servile. Rien qui ressemblât à une assemblée popu<strong>la</strong>ire, à des<br />

comices. De loin en loin on daignait lui faire quelques communications, mais elle<br />

n’avait ni à délibérer ni à voter. Le plus souvent elle était soigneusement écartée<br />

des affaires publiques. Les nouvelles devaient être transmises directement aux<br />

magistrats. Toute discussion sur ce suj<strong>et</strong> était interdite en dehors du Sénat. Ce<br />

genre de délit n’était pas à <strong>la</strong> vérité inscrit dans toutes les légis<strong>la</strong>tions. Il était<br />

propre aux cités qui passaient, dans l’opinion des Romains, pour les mieux<br />

gouvernées, c’est-à-dire où l’oligarchie était <strong>la</strong> plus étroite <strong>et</strong> <strong>la</strong> plus jalouse.<br />

Mais l’incapacité politique de <strong>la</strong> plèbe était générale.<br />

[SOULÈVEMENT DE LA PLÈBE] D’autres textes nous donnent de <strong>la</strong> plèbe une tout<br />

autre idée. Ce n’est plus ce troupeau inerte <strong>et</strong> méprisé. C’est une puissance avec<br />

<strong>la</strong>quelle il faut compter, capable de faire contrepoids aux pouvoirs établis, de leur<br />

imposer sa volonté, de les renverser au besoin <strong>et</strong> de prendre leur p<strong>la</strong>ce. Ces<br />

textes sont de César, comme les précédents, mais <strong>la</strong> contradiction n’est pas dans<br />

<strong>la</strong> pensée de l’historien, elle est dans les faits. En droit <strong>la</strong> plèbe n’est rien <strong>et</strong> ne<br />

peut rien, mais elle aspire à sortir de sa condition, <strong>et</strong> elle y réussit quelquefois<br />

jusqu’à s’emparer de <strong>la</strong> direction de l’État.<br />

[LES PRÉTENDANTS À LA ROYAUTÉ ET LA PLÈBE] Le mouvement se propageait à un<br />

bout à l’autre de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Ce qu’elle réc<strong>la</strong>mait au juste, c<strong>et</strong>te multitude en<br />

effervescence, <strong>la</strong> souverain<strong>et</strong>é politique ou une amélioration matérielle, nous<br />

serions fort embarrassés de le dire, mais nous voyons très bien comment elle<br />

1 SOURCES ET OUVRAGES À CONSULTER. Voir § 3 <strong>et</strong> 4.

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