La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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extrémités de <strong>la</strong> terre <strong>la</strong> prairie semée d’asphodèles où errent les héros. C’est<br />
ainsi que Pindare reléguait au sein de l’Océan les terres fortunées, séjour des<br />
bienheureux.<br />
<strong>La</strong> vision de c<strong>et</strong> Élysée transat<strong>la</strong>ntique n’a pas cessé de hanter les races néoceltiques.<br />
Elle a fourni à leur littérature un de ses thèmes préférés. En <strong>Gaule</strong><br />
même, elle a inspiré une de ces légendes où se combinent étrangement le<br />
fantastique <strong>et</strong> le réel. Pour les habitants de l’Armorique, le pays des morts s’était<br />
rapproché <strong>et</strong> confondu avec <strong>la</strong> pointe occidentale de <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne. <strong>La</strong> traversée se<br />
faisait de nuit, par les soins d’une popu<strong>la</strong>tion de marins vouée à c<strong>et</strong>te besogne<br />
funèbre. Ils se levaient, avertis par un léger murmure <strong>et</strong> trouvaient sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge<br />
des barques, vides en apparence, <strong>et</strong> pliant néanmoins sous le poids d’invisibles<br />
passagers. Une force surnaturelle secondait l’effort de leurs rames. En moins<br />
d’une heure <strong>la</strong> distance était franchie. Une voix se faisait entendre proc<strong>la</strong>mant<br />
les noms des nouveaux arrivants, <strong>et</strong> les bateliers sentaient, à leurs bâtiments<br />
allégés, que leur mission était remplie.<br />
[L’ORIGINE DE L’HOMME] Les druides expliquaient l’origine de l’homme aussi bien<br />
que sa fin. Ils les rapportaient l’une <strong>et</strong> l’autre au même principe. Ils considéraient<br />
le dieu de <strong>la</strong> mort (Dispater) comme le père de tous les Gaulois. C<strong>et</strong>te idée est<br />
commune à toutes les mythologies. Elle traduit l’impression produite par le va<strong>et</strong>-vient<br />
des choses, par l’alternance éternelle qui est <strong>la</strong> loi de <strong>la</strong> nature. Le jour<br />
ne sort-il pas de <strong>la</strong> nuit avant d’y rentrer ? <strong>La</strong> terre nourricière n’est-elle pas<br />
l’universel sépulcre ? Le travail qui aboutit à <strong>la</strong> dissolution des êtres n’est-il pas<br />
le même qui prépare leur renouveau ? <strong>La</strong> mort par conséquent n’est-elle pas <strong>la</strong><br />
source de <strong>la</strong> vie comme elle en est le terme ?<br />
Le mythe prit une autre forme, il entra dans une phase nouvelle quand le Pluton<br />
gaulois, cessant de régner sur les tombes, eut émigré, avec leurs habitants, au<br />
delà de l’Océan. Les druides distinguaient, dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion gauloise, les<br />
couches suivantes : l’une indigène, l’autre venue des îles lointaines, <strong>la</strong> troisième<br />
des rives du Rhin. Il y a ici encore un curieux mé<strong>la</strong>nge de vérité <strong>et</strong> de fiction. Le<br />
troisième groupe représente un fait historique : l’invasion de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> par les<br />
Celtes. Les deux premiers correspondent aux deux opinions qui se sont succédé<br />
touchant <strong>la</strong> vie future <strong>et</strong> dont chacune a donné naissance à une théorie<br />
<strong>et</strong>hnographique. <strong>La</strong> terre, premier séjour des morts, a fait surgir de son sein les<br />
premiers habitants du pays, <strong>la</strong> partie autochtone de <strong>la</strong> race. Puis, c’est l’Élysée<br />
des îles océaniques qui renvoie ses hôtes dans le monde des vivants. On saisit<br />
les mêmes idées dans les légendes ir<strong>la</strong>ndaises. Pour les Ir<strong>la</strong>ndais, comme pour<br />
les Gaulois, les morts al<strong>la</strong>ient r<strong>et</strong>rouver au delà des mers l’antique berceau de<br />
leur nation, <strong>et</strong> c’est de là qu’était venu Partholon, dont <strong>la</strong> domination avait<br />
succédé à celle des chefs indigènes.<br />
[EUBAGES ET BARDES] César ne mentionne que les druides. D’autres historiens,<br />
mieux informés ou moins pressés, Diodore, Strabon, Ammien Marcellin, signalent<br />
en outre les eubages ou devins <strong>et</strong> les poètes ou bardes. <strong>La</strong> distinction entre les<br />
eubages <strong>et</strong> les druides n’apparaît pas c<strong>la</strong>irement. Les uns comme les autres<br />
président aux sacrifices, interrogent l’avenir, scrutent les secr<strong>et</strong>s de <strong>la</strong> nature. II<br />
est vraisemb<strong>la</strong>ble qu’en tout ce<strong>la</strong> les eubages étaient comme des druides en<br />
sous-ordre. <strong>La</strong> fonction des bardes est au contraire très n<strong>et</strong>tement déterminée.<br />
C’est leur p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> hiérarchie sacerdotale qu’on ne voit pas bien. Peut-être<br />
môme n’en faisaient-ils point partie. Leur nom a survécu dans celui des barn ou<br />
ménétriers br<strong>et</strong>ons. Ils étaient les aèdes, les trouvères de c<strong>et</strong>te société, les<br />
interprètes attitrés de <strong>la</strong> tradition nationale <strong>et</strong> religieuse. Ils disaient les