La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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donnaient lieu de sa part à aucune poursuite. C’était affaire à régler entre les<br />
parties, sauf qu’en cas de meurtre <strong>la</strong> vengeance s’imposait comme un devoir aux<br />
parents de <strong>la</strong> victime. Les désordres engendrés par c<strong>et</strong> état de choses finirent<br />
par émouvoir les gouvernements, mais ne les firent sortir qu’à moitié de leur<br />
inertie. Ils offrirent leur arbitrage ; ils ne l’imposèrent point. Ils ne poursuivirent<br />
pas le meurtrier ; ils le jugèrent à <strong>la</strong> requête des poursuivants, <strong>et</strong> de ceux-là<br />
exclusivement qui étaient autorisés à le poursuivre. Les procès pour meurtre<br />
aboutissaient ordinairement à une compensation pécuniaire. Celui-là seul qui ne<br />
pouvait <strong>la</strong> payer était passible de l’exil ou de <strong>la</strong> mort.<br />
Le rôle assumé ailleurs par l’État fut revendiqué dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> par le clergé. Les<br />
Gaulois se souvenaient du temps où l’intervention des prêtres avait mis fin à<br />
l’horreur des guerres privées. Ils racontèrent à Posidonius, avec force détails<br />
dramatiques, comment les druides se j<strong>et</strong>aient entre les combattants <strong>et</strong>, par leurs<br />
adjurations, faisaient tomber les armes de toutes les mains. Leur tribunal, qui<br />
siégeait une fois par an dans le pays des Carnutes, attirait une grande affluence.<br />
Il jugeait les procès en matière d’héritage, de propriété, de meurtre. I1 fixait le<br />
montant des réparations pécuniaires. Les peuples eux-mêmes, quand ils avaient<br />
quelque contestation au suj<strong>et</strong> de leurs frontières respectives, lui soum<strong>et</strong>taient<br />
leur différend.<br />
Il ne faut pas s’y tromper. C<strong>et</strong>te juridiction, dans le domaine des re<strong>la</strong>tions<br />
internationales, a rendu peu de services. L’histoire de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, toute<br />
r<strong>et</strong>entissante du bruit des guerres intestines, est là pour le prouver. Comme elle<br />
n’avait rien d’obligatoire, il y a apparence que les États l’invoquaient rarement,<br />
pour les difficultés les moins graves, <strong>et</strong> à condition que leurs passions ni leurs<br />
intérêts ne fussent sérieusement en jeu. Elle a été plus efficace pour les<br />
particuliers, bien qu’elle ne s’imposât pas davantage en ce qui les concernait. Elle<br />
n’avait d’ailleurs, pour assurer l’exécution de <strong>la</strong> sentence, d’autre moyen de<br />
contrainte que l’excommunication. Il est vrai qu’il était puissant. L’interdit<br />
prononcé au Moyen âge par l’Église n’était pas plus rigoureux. Le tribunal<br />
druidique n’était d’ailleurs accessible qu’aux nobles. Les clients, les plébéiens<br />
étaient jugés par leurs patrons.<br />
[LA SCIENCE DES DRUIDES] Les druides représentaient toute <strong>la</strong> science de leur<br />
temps. L’éducation de <strong>la</strong> jeunesse leur était confiée. C<strong>et</strong>te science, tant surfaite<br />
par les anciens <strong>et</strong> les modernes, était en réalité fort humble. Désarmer les<br />
puissances invisibles, les enchaîner ou les séduire, elle ne visait pas plus haut.<br />
On les désarmait par des paroles magiques, par des incantations. A ces chimères<br />
les druides mê<strong>la</strong>ient quelques connaissances exactes, reçues du dehors ou<br />
révélées par une observation un peu mieux conduite que celle du vulgaire. Ils<br />
avaient des notions d’astronomie <strong>et</strong> s’en servaient pour établir le calendrier, <strong>et</strong><br />
aussi pour prédire l’avenir. Leur astronomie formait une branche de l’art augural,<br />
qui était très développé chez eux <strong>et</strong> très compliqué. Ils se piquaient de<br />
médecine, médecine de bonne femme ou de sorcier. On en peut juger par les<br />
rec<strong>et</strong>tes consignées dans Pline ou reproduites encore au ive siècle ap. J.-C. dans<br />
le traité de l’Aquitain Marcellus.<br />
[SACRIFICES HUMAINS] Une pratique moins inoffensive que <strong>la</strong> cueill<strong>et</strong>te du gui <strong>et</strong><br />
autres panacées était celle des sacrifices, humains, legs de <strong>la</strong> barbarie primitive,<br />
dont les nations plus civilisées n’étaient pas tout à fait affranchies <strong>et</strong> qui restait<br />
un des articles essentiels du culte druidique. Ce fut un progrès quand les dieux<br />
se contentèrent des criminels ou, à leur défaut, des prisonniers de guerre. Les<br />
modes de supplice étaient variés. Le plus usité était le supplice par le feu,