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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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L’extension du druidisme ne concorde point, autant qu’on en peut juger, avec<br />

celle des Celtes. Le domaine qu’il embrasse se restreint à <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> à <strong>la</strong><br />

<strong>Gaule</strong> du Centre <strong>et</strong> du Nord. Les Br<strong>et</strong>ons <strong>et</strong> les Gaulois ne l’ont donc pas trouvé<br />

au berceau commun de leur race. Ils l’ont créé eux-mêmes, ou emprunté aux<br />

peuples dont ils sont devenus les héritiers.<br />

[LA CORPORATION DES DRUIDES] Les druides ne formaient pas une caste. Leur<br />

dignité ne se transm<strong>et</strong>tait pas héréditairement. Ils étaient une corporation très<br />

fortement constituée. Ils avaient un chef qu’ils élisaient <strong>et</strong> qui commandait en<br />

maître à toute <strong>la</strong> confrérie1. Ils avaient des assemblées régulières qui se tenaient<br />

dans les bois des Carnutes, au centre de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, nous dit César, au centre de <strong>la</strong><br />

<strong>Gaule</strong> druidique, pour parler exactement. Ils avaient des novices, préparés par<br />

un long apprentissage à se pénétrer de leur esprit <strong>et</strong> à subir leur volonté. Ils<br />

avaient des privilèges qui étaient <strong>la</strong> dispense du service militaire <strong>et</strong> de l’impôt.<br />

César m<strong>et</strong> sur le même p<strong>la</strong>n les druides <strong>et</strong> les nobles ou chevaliers. Il attribue à<br />

ces deux c<strong>la</strong>sses le monopole des honneurs <strong>et</strong> du pouvoir. Le seul druide que<br />

nous connaissions est l’Éduen Divitiacus, souvent mentionné dans les<br />

Commentaires, mais nullement à ce titre, <strong>et</strong> désigné comme tel dans un passage<br />

de Cicéron. Divitiacus pour César n’est qu’un noble comme les autres, <strong>et</strong> comme<br />

<strong>la</strong> plupart d’entre eux, surtout chez les Éduens, entièrement dévoué à <strong>la</strong> cause<br />

<strong>romaine</strong>.<br />

Les druides n’ont pas inventé <strong>la</strong> religion des Gaulois, mais ils leur ont donné un<br />

rituel <strong>et</strong> une théologie.<br />

[LIEUX DE RÉUNION DES DRUIDES] Ils ne construisaient pas de temples, pas plus<br />

qu’ils ne tail<strong>la</strong>ient des idoles à face humaine. Leurs lieux de réunion étaient des<br />

enceintes à ciel ouvert situées au somm<strong>et</strong> des montagnes ou dans les c<strong>la</strong>irières<br />

des forêts. Quand le général romain Su<strong>et</strong>onius Paulinus s’attaqua aux druides<br />

br<strong>et</strong>ons (61 ap. J.-C.), il livra aux f<strong>la</strong>mmes les bois où ils célébraient leurs<br />

cérémonies. <strong>La</strong> comparaison s’impose ici, comme précédemment, avec les plus<br />

vieilles religions de l’Europe. Elles ne connaissaient ni les représentations<br />

anthropomorphiques ni les édifices consacrés au culte. Le Zeus pé<strong>la</strong>sgique<br />

trônait sur les hauteurs, sans temple ni image, comme le Mercure gaulois.<br />

[AUTORITÉ DES DRUIDES] L’intervention des druides dans le culte était souveraine<br />

<strong>et</strong> continue. Point d’acte sacré, dans <strong>la</strong> famille ou dans <strong>la</strong> cité, qui se passât de<br />

leur concours. Il ne leur manquait même pas c<strong>et</strong>te arme formidable de<br />

l’excommunication. L’excommunication existait à Rome <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> Grèce. Elle<br />

était <strong>la</strong> conséquence de l’exil ou, pour mieux dire, elle était l’exil même. <strong>La</strong><br />

différence c’est qu’elle était <strong>la</strong>ncée par l’État. Ici c’est un pouvoir spirituel qui en<br />

dispose, <strong>et</strong> il est à noter qu’elle peut frapper un peuple aussi bien qu’un individu.<br />

[JURIDICTION DES DRUIDES] Par c<strong>et</strong> ascendant moral les druides étaient devenus<br />

des juges. Pour les considérer à ce point de vue, il faut empiéter avec eux sur le<br />

domaine du droit public <strong>et</strong> privé.<br />

Les Gaulois étaient partis, en matière judiciaire, du même principe que les autres<br />

peuples. L’État punissait les attentats contre sa propre sûr<strong>et</strong>é, mais il ne tenait<br />

pour tels que ceux où il était lésé directement. Le vol, le meurtre même ne<br />

1 César nous dit que les compétiteurs à c<strong>et</strong>te haute fonction se <strong>la</strong> disputaient quelquefois par les armes. Étaitce<br />

une sorte de jugement de Dieu, ou <strong>la</strong> survivance de quelque rite sang<strong>la</strong>nt, tel qu’il s’en rencontre dans les<br />

religions primitives, ou simplement un fait de guerre civile, comme il s’en produisait souvent dans c<strong>et</strong>te société<br />

anarchique ? On ne le voit pas c<strong>la</strong>irement.

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