La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
pas, du reste, exclusivement réservée à ce dieu. Les Gaulois aimaient ce nombre<br />
trois, auquel beaucoup de peuples semblent avoir attaché un sens mystique.<br />
[OGMIOS] Comme d’autres dieux gaulois, comme Borvo par exemple, Mercure<br />
avait une compagne, une parèdre, Rosmerta. <strong>La</strong> racine Smer, qui entre dans <strong>la</strong><br />
composition de ce nom, se r<strong>et</strong>rouve dans certains qualificatifs donnés à Mercure<br />
lui-même, Adusmerius, Atesmerius. On <strong>la</strong> déchiffre sur un bas-relief où il est<br />
représenté frappant le serpent de sa massue. Elle formait probablement un des<br />
noms sous lesquels il était adoré. Un autre de ces noms était Ogmios. L’écrivain<br />
grec Lucien nous a <strong>la</strong>issé un p<strong>et</strong>it traité sur ce dieu, qu’il identifie à Hercule,<br />
quand tout ce qu’il en dit tend à le faire passer pour un équivalent de Mercure.<br />
Ogmios devient Ogme dans le cycle ir<strong>la</strong>ndais. Il y accomplit les mêmes exploits<br />
que Lug, il y combat les mêmes ennemis <strong>et</strong>, après <strong>la</strong> victoire, il justifie son<br />
avènement par les mêmes bienfaits. Il est en Ir<strong>la</strong>nde l’inventeur de l’écriture<br />
ogamique.<br />
III. - LA RELIGION (SUITE). - LE SACERDOCE DRUIDIQUE1<br />
CE qu’il y a de plus original dans <strong>la</strong> religion des Gaulois, ce sont les druides. Tous<br />
les peuples de l’antiquité ont eu des prêtres. Très peu ont eu, comme les<br />
Gaulois, un clergé.<br />
[LES DRUIDES DANS CÉSAR] César nous donne des druides, de leur organisation,<br />
de leur puissance une très haute idée. Il leur a réservé une <strong>la</strong>rge p<strong>la</strong>ce dans les<br />
pages célèbres où il décrit les institutions <strong>et</strong> les mœurs de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Mais, par<br />
une contradiction surprenante, il ne leur attribue aucun rôle dans <strong>la</strong> guerre de<br />
l’indépendance. Leur nom même ne revient plus dans <strong>la</strong> suite de ses récits. Estce<br />
un parti pris ? Et de même qu’il anticipe sur <strong>la</strong> conversion des dieux, veut-il<br />
faire le silence sur l’hostilité de leurs prêtres ? On serait tenté de le supposer<br />
quand on les r<strong>et</strong>rouve, plus de cent ans après, prêchant <strong>la</strong> révolte contre Rome.<br />
Si non, il faudra adm<strong>et</strong>tre que le tableau tracé au sixième livre des<br />
Commentaires n’avait plus, à c<strong>et</strong>te époque, qu’un intérêt rétrospectif, en d’autres<br />
termes que les druides avaient perdu, bien avant <strong>la</strong> conquête, leur prestige <strong>et</strong><br />
leur force. On peut choisir entre ces deux hypothèses De solution certaine à c<strong>et</strong>te<br />
énigme, il n’y en a point.<br />
[ORIGINE ET EXTENSION DU DRUIDISME] Il y avait sur l’origine du druidisme une<br />
version courante chez les Gaulois. Ils le tenaient pour une importation étrangère<br />
venue de <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne. Aussi al<strong>la</strong>ient-ils de l’autre côté de <strong>la</strong> b<strong>la</strong>nche pour étudier<br />
<strong>la</strong> doctrine à sa source. On ne voit point de raison pour rej<strong>et</strong>er c<strong>et</strong>te tradition. <strong>La</strong><br />
Br<strong>et</strong>agne a été l’asile des druides quand ils eurent disparu du continent. Ils ont<br />
subsisté en Ir<strong>la</strong>nde <strong>et</strong> en Écosse jusqu’à l’entrée du Moyen âge.<br />
1 SOURCES. César, Guerre des <strong>Gaule</strong>s, VI, 13-21. Strabon, IV, 4, 4-5. Diodore, V, 28-31. Pomponius Me<strong>la</strong>, III,<br />
2. Lucain, Pharsale, I, vers 447 <strong>et</strong> suiv. Pline, Histoire naturelle, XVI, 95 ; XXIX, 12 ; XXX, 4. Ammien Marcellin,<br />
XV, 9. Plutarque, coll. Didot, V, p. 20-21, Procope, De Bello Gothico, IV, 20.<br />
OUVRAGES À CONSULTER. Roger de Bellogu<strong>et</strong>, Ethnogénie gauloise, III, 1868. Gaidoz, ouvr. cité, § 2. <strong>La</strong><br />
religion gauloise <strong>et</strong> le gui de chêne, Revue de l’histoire des religions, 1880. Fustel de Cou<strong>la</strong>nges, Comment le<br />
druidisme a disparu, dans les Nouvelles recherches sur quelques problèmes d’histoire, 1891. D’Arbois de<br />
Jubainville, ouvr. cités, § 2. Études sur le droit celtique, I, 1885. Les sacrifices humains chez les Gaulois <strong>et</strong> dans<br />
l’antiquité c<strong>la</strong>ssique, Nouvelle Revue historique de droit français <strong>et</strong> étranger, 1898. Bertrand, <strong>La</strong> religion des<br />
Gaulois, 1897. S. Reinach, L’art p<strong>la</strong>stique en <strong>Gaule</strong> <strong>et</strong> le druidisme, Revue celtique, 1883. Beauvais, L’Élysée<br />
transat<strong>la</strong>ntique <strong>et</strong> l’Éden occidental, Revue de l’histoire des religions, 1883. Paul, Das Druidenthum, Jahrbücher<br />
für k<strong>la</strong>ssische Philologie, 1892. Rice Holmes, Caesar’s conquest of Gaul, 1899, P. 532 <strong>et</strong> suiv.