La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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m<strong>et</strong>s à proportion. Buvait <strong>et</strong> mangeait qui vou<strong>la</strong>it. Les banqu<strong>et</strong>s d’apparat étaient<br />
une sorte d’institution. Le contraste était violent, dans ces réunions, entre <strong>la</strong><br />
grossièr<strong>et</strong>é des manières, <strong>la</strong> furie des instincts déchaînés <strong>et</strong> les raffinements de<br />
l’étiqu<strong>et</strong>te. Les chefs s’asseyaient, dans un ordre conforme à leur dignité<br />
respective, autour d’une table ronde, <strong>la</strong> fameuse table ronde qui reparaîtra, dix<br />
siècles plus tard, dans les poèmes des Celtes br<strong>et</strong>ons <strong>et</strong> donnera son nom à<br />
l’épopée du roi Arthur. Derrière eux étaient rangés les hérauts d’armes. Ils<br />
formaient deux cercles concentriques, <strong>la</strong> seconde ligne avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce, <strong>la</strong> première<br />
avec le bouclier. Des filles, des garçons faisaient passer les p<strong>la</strong>ts de cuivre, de<br />
bronze, d’argent, en ayant soin de réserver pour les principaux personnages les<br />
meilleurs morceaux. Une coupe unique circu<strong>la</strong>it, apportant aux lèvres des<br />
convives les vins de Marseille <strong>et</strong> d’Italie ou, à leur défaut, le breuvage national,<br />
<strong>la</strong> cervoise <strong>et</strong> l’hydromel. Ces hôtes courtois <strong>et</strong> magnifiques se j<strong>et</strong>aient sur les<br />
m<strong>et</strong>s avec voracité. Les combats simulés étaient l’assaisonnement ordinaire de<br />
ces agapes. Mais ces divertissements belliqueux ne restaient pas longtemps<br />
inoffensifs, <strong>et</strong> il était rare qu’on se séparât sans effusion de sang.<br />
[COMMERCE] <strong>La</strong> <strong>Gaule</strong> préludait par son activité commerciale au rôle qu’elle<br />
devait jouer à ce point de vue sous l’Empire romain. Les métaux dont elle tenait<br />
marché lui avaient valu une réputation de richesse, d’ailleurs surfaite. Les<br />
sa<strong>la</strong>isons, les <strong>la</strong>inages qu’elle expédiait à Rome y étaient fort appréciés. Une<br />
marchandise d’un autre genre, dont elle n’avait pas le monopole, mais dont elle<br />
contribuait pour sa part à approvisionner les nations civilisées, c’étaient les<br />
esc<strong>la</strong>ves. Les Gaulois, toujours en guerre entre eux ou avec leur voisins,<br />
regorgeaient de c<strong>et</strong>te denrée, dont ils se servaient volontiers comme d’un<br />
instrument d’échange. On donnait un esc<strong>la</strong>ve pour une amphore de vin, prix<br />
courant.<br />
<strong>La</strong> <strong>Gaule</strong> du Centre, <strong>la</strong> Celtique, était accueil<strong>la</strong>nte pour l’étranger. Les nobles le<br />
faisaient asseoir à leur table <strong>et</strong> <strong>la</strong> foule s’empressait autour de lui, le poursuivant<br />
de questions, auxquelles il devait répondre par des récits sans fin. C’est ainsi<br />
qu’on se figure le voyageur grec Posidonius au milieu de ses hôtes. Pendant les<br />
campagnes de César, nous voyons des négociants romains établis à demeure<br />
dans trois villes, à Genabum (Orléans), Noviodunum (Nevers) <strong>et</strong> Cabillonum<br />
(Chalon-sur-Saône). Leur situation ne <strong>la</strong>issait pas d’être périlleuse quand<br />
éc<strong>la</strong>taient les révoltes, dont ils devenaient souvent les premières victimes. Le<br />
Belgium était moins abordable. <strong>La</strong> barbarie croissante s’y traduisait par une vive<br />
répugnance contre les hommes <strong>et</strong> les choses du dehors. Les Nerviens se faisaient<br />
remarquer entre tous par leur isolement farouche. Les marchands qui, à travers<br />
ces obstacles, poussaient jusqu’au Rhin ou au delà ne pouvaient être bien<br />
nombreux. Quand les peuples belges se soulevèrent en masse contre César,<br />
celui-ci n’avait sur leur compte que des données très vagues qu’il dut compléter<br />
en interrogeant les Rèmes ses alliés.<br />
[RAPPORTS AVEC LA BRETAGNE] Il en savait moins long encore <strong>et</strong> fut moins bien<br />
renseigné sur les Br<strong>et</strong>ons quand, deux ans plus tard, il eut à les combattre. Les<br />
Gaulois connaissaient très bien <strong>la</strong> grande île celtique. Les Belges notamment<br />
étaient si peu étrangers sur ces rivages qu’un instant ils en devinrent les maîtres.<br />
A une date qu’on ne peut fixer avec précision, mais qui ne peut être très éloignée<br />
de <strong>notre</strong> ère, un roi des Suessions, du nom de Divitiacus, après avoir soumis <strong>la</strong><br />
plupart de ses voisins, s’était annexé aussi <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne, c’est-à-dire<br />
probablement <strong>la</strong> partie méridionale où l’invasion belge lui avait frayé <strong>la</strong> voie vers<br />
le ne siècle av. J.-C. C<strong>et</strong>te domination s’était écroulée, mais <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne n’en<br />
demeurait pas moins étroitement unie à <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Elle était le foyer du druidisme