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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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l’État qui lui fait sa part dans l’impôt. Mais c’est lui qui le perçoit sur ses<br />

tenanciers <strong>et</strong> en verse le montant, quand il consent à le verser <strong>et</strong> n’a pas<br />

commencé par expulser le collecteur. C’est l’État encore qui évalue ce qu’il doit<br />

de soldats à l’armée, mais c’est lui qui les choisit <strong>et</strong> les envoie au recrutement. Il<br />

rem<strong>et</strong> à l’autorité les malfaiteurs signalés sur ses propriétés, <strong>et</strong> c’est seulement<br />

quand il refuse de les livrer qu’on ose m<strong>et</strong>tre des soldats à leur poursuite. Il a<br />

chez lui, sur ses hommes — le mot est déjà dans <strong>la</strong> loi <strong>romaine</strong> avec l’acception<br />

qu’il gardera plus tard — un droit de police <strong>et</strong> même de juridiction, <strong>et</strong> non<br />

seulement sur ses esc<strong>la</strong>ves, mais sur ses affranchis <strong>et</strong> ses colons. II peut les<br />

frapper de verges, comme les esc<strong>la</strong>ves eux-mêmes. Le colon, il est vrai, <strong>et</strong><br />

l’affranchi peuvent, dans certains cas, lui intenter une action en justice. Mais ils<br />

ne s’y risquent point. Le précariste de son côté ne peut rien contre le patron<br />

auquel il s’est donné tout entier. Il ne manque au propriétaire que d’être un chef<br />

militaire. II le sera quand les circonstances l’exigeront. Le même Ecdicius qui<br />

aura nourri quatre mille pauvres pendant une famine, lèvera à ses frais une<br />

troupe de cavaliers pour repousser une incursion des Wisigoths1.<br />

[LA NOBLESSE DANS SES TERRES] Les nobles résidaient sur leurs terres. On a des<br />

raisons de croire qu’il n’en avait pas toujours été ainsi, au moins dans c<strong>et</strong>te<br />

mesure. Sans se détacher jamais de <strong>la</strong> vie rurale qui avait été <strong>la</strong> leur avant <strong>la</strong><br />

conquête, ils s’étaient <strong>la</strong>issé séduire à l’éc<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> civilisation urbaine, telle que<br />

les Romains l’avaient importée en <strong>Gaule</strong>2. Mais les villes avaient beaucoup<br />

changé depuis <strong>la</strong> fin du IIIe siècle. Derrière leurs sombres murailles, avec leurs<br />

espaces resserrés, leurs rues encombrées, étroites, leurs maisons entassées <strong>et</strong><br />

touffues, leurs édifices réduits à des proportions mesquines, elles avaient perdu<br />

tout leur attrait. Rien d’étonnant si <strong>la</strong> noblesse s’en était détournée pour revenir<br />

à ses habitudes premières. Désormais elle n’y fit plus que de rares <strong>et</strong> courtes<br />

apparitions, à l’occasion des fêtes religieuses <strong>et</strong> des cérémonies publiques. Le<br />

reste du temps se passait à <strong>la</strong> campagne. On al<strong>la</strong>it <strong>et</strong> on venait. On voyageait,<br />

souvent à de grandes distances. Entre les domaines épars dont l’ensemble<br />

constituait une grande fortune territoriale, on n’avait pue l’embarras du choix, <strong>et</strong><br />

partout on r<strong>et</strong>rouvait <strong>la</strong> même existence, <strong>la</strong>rge, opulente, paisible, le même train<br />

princier.<br />

[VILLA] Les descriptions d’Ausone, de Paulin de Pel<strong>la</strong>, de Sidoine Apollinaire nous<br />

donnent une idée de ces résidences <strong>et</strong> de <strong>la</strong> vie qu’on y menait. Ces deux<br />

derniers écrivains appartiennent, il est vrai, au Ve siècle, mais les mœurs de<br />

l’aristocratie gauloise ne s’étaient pas altérées encore au contact des Barbares <strong>et</strong><br />

l’aspect du domaine était resté le même. On traversait d’abord les vil<strong>la</strong>ges des<br />

serfs, des colons, puis on arrivait à <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> proprement dite, à <strong>la</strong> maison<br />

seigneuriale, au pra<strong>et</strong>orium, comme on l’appe<strong>la</strong>it maintenant, d’un nom<br />

significatif auquel les Romains ont toujours attaché l’idée de l’autorité, du<br />

commandement. <strong>La</strong> vil<strong>la</strong> se composait de deux parties bien distinctes, <strong>la</strong> vil<strong>la</strong><br />

urbaine <strong>et</strong> <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> rustique. <strong>La</strong> première contenait tous les services de<br />

l’exploitation, les logements des esc<strong>la</strong>ves, leurs cuisines, leur prison, les étables,<br />

les granges, les greniers à provisions, les celliers pour l’huile <strong>et</strong> le vin, le moulin,<br />

le four, les pressoirs, les ateliers, <strong>la</strong> forge, tout ce<strong>la</strong> groupé autour d’une <strong>la</strong>rge<br />

cour, <strong>la</strong> chors ou cohors du <strong>la</strong>tin c<strong>la</strong>ssique, <strong>la</strong> curtis du Moyen âge. <strong>La</strong> vil<strong>la</strong><br />

urbaine, située non loin de là, était l’habitation que le maître se réservait pour<br />

son usage personnel. C’était un édifice vaste, commode, bien aménagé,<br />

1 Sidoine Apollinaire, Epist., III, 3.<br />

2 Strabon (IV, I, 11) nous dit que <strong>la</strong> noblesse allobroge s’était concentrée dans <strong>la</strong> ville de Vienne.

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