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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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signalés en 286, sous Maximien qui réussit à les cerner <strong>et</strong> à les détruire dans leur<br />

camp de Saint-Maur1. Il n’en est plus question durant tout le IVe siècle. Ils sont<br />

rentrés sous terre devant l’autorité impériale restaurée. Ils reparaissent au siècle<br />

suivant, pendant les invasions. En 407, ils disputent à une armée <strong>romaine</strong> le<br />

passage des Alpes, sauf à le lui céder en échange de son butin. En 435 ils se<br />

prononcent pour l’usurpateur Tibato. En 441, <strong>la</strong> contagion s’est étendue à<br />

l’Espagne. Pendant plus de dix ans, les Bagaudes espagnols donnent de l’ouvrage<br />

aux généraux romains ou aux chefs wisigoths. Le prêtre Salvien, témoin de ces<br />

faits, les considère comme une sorte de mal chronique dont il n’hésite pas à<br />

rej<strong>et</strong>er <strong>la</strong> responsabilité sur les iniquités des puissants. Et bien qu’il faille se<br />

méfier de ses tendances à <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation, on ne peut pas dire que sur ce point il<br />

ait exagéré.<br />

L’asservissement de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse rurale pouvait s’opérer par plusieurs moyens.<br />

[LA RECOMMANDATION] Un des plus employés était l’extension du patronage<br />

individuel. Le patronage n’était pas une nouveauté. Les Romains l’avaient<br />

toujours connu. Les Gaulois de leur côté le pratiquaient avant <strong>la</strong> conquête. Pour<br />

continuer, il leur avait suffi d’en restreindre les applications à <strong>la</strong> vie civile. C<strong>et</strong>te<br />

coutume était naturelle dans une société hiérarchisée. Elle n’offrit point<br />

d’inconvénient tant que subsista, dans son intégrité, <strong>la</strong> notion de l’État. Mais elle<br />

devint dangereuse à mesure que s’affaiblit l’action du pouvoir. Les<br />

gouvernements les plus despotiques ne sont pas toujours les mieux obéis. <strong>La</strong><br />

monarchie du Bas-Empire en est un exemple. Elle avait peu de prise sur une<br />

aristocratie déjà puissante par ses richesses, par ses attaches locales <strong>et</strong> dont elle<br />

avait elle-même, très imprudemment, développé l’esprit d’indépendance en<br />

l’élevant au-dessus des agents de l’autorité centrale. Justiciables du gouverneur<br />

de <strong>la</strong> province en matière civile, les sénateurs ne relevaient au criminel que du<br />

prince <strong>et</strong> de son représentant immédiat, le préf<strong>et</strong> du prétoire, c’est-à-dire d’une<br />

juridiction trop lointaine pour être efficace. L’impunité qui leur était assurée dans<br />

<strong>la</strong> plupart des cas explique les excès dont ils se rendaient coupables <strong>et</strong> dont le<br />

plus ordinaire était l’envahissement des propriétés, l’accaparement du sol par <strong>la</strong><br />

fraude ou <strong>la</strong> force, au mépris de tous les droits, <strong>et</strong> contrairement aux décisions<br />

rendues par les tribunaux. C’est en vain que les empereurs invitaient leurs<br />

fonctionnaires à lutter contre ces violences. Ils les avaient désarmés eux-mêmes.<br />

Ils les avaient d’avance rendus impuissants ou complices. Quoi d’étonnant si de<br />

plus en plus le faible prit l’habitude de demander au fort l’appui qu’il ne pouvait<br />

plus attendre de <strong>la</strong> loi ? On s’adressait à l’homme puissant, on se recommandait<br />

à lui pour échapper à l’impôt, pour gagner un procès, pour se soustraire aux<br />

injustices, pour en comm<strong>et</strong>tre au besoin. Le patronage s’étendit, comme un<br />

vaste réseau, sur tout le corps social. L’État vit le péril. Il frappa ces contrats de<br />

nullité <strong>et</strong> édicta contre les contractants des peines sévères. Rien n’y fit. Il<br />

imagina aussi de combattre le patronage par ses propres armes. Aux patronages<br />

privés il opposa <strong>la</strong> concurrence du patronage public. Il se fit patron à son tour,<br />

contre lui-même, dans <strong>la</strong> personne des défenseurs des cités. Étrange invention<br />

dont le résultat fut nul, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> seule pensée équiva<strong>la</strong>it à une abdication.<br />

[LE PRÉCAIRE] <strong>La</strong> recommandation fut le plus souvent complétée par le précaire<br />

qui était, lui aussi, un usage fort ancien, développé démesurément. On appe<strong>la</strong>it<br />

ainsi une concession de terre toute bénévole, accordée au bénéficiaire sur sa<br />

demande, à sa prière, d’où le nom par lequel c<strong>et</strong> acte était désigné. Le précaire<br />

1 Livre II, chap. IV.

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