La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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maison du maître, cortis qui désignait <strong>la</strong> cour de <strong>la</strong> ferme. Ager, vil<strong>la</strong>, cortis<br />
pouvaient s’entendre, par extension, du domaine dans son ensemble, mais<br />
fundus était le terme propre, juridique. Les Romains avaient transporté le fundus<br />
en <strong>Gaule</strong>. Ce qui le caractérise, c’est son indestructible unité. Il a un nom qui<br />
peut être emprunté à une particu<strong>la</strong>rité géographique ou autre, mais qui, le plus<br />
souvent, presque toujours, est dérivé du nom du propriétaire, non pas du<br />
propriétaire actuel, mais d’un propriétaire primitif, apparemment celui-là qui<br />
possédait <strong>la</strong> terre quand <strong>la</strong> terre avait été, pour <strong>la</strong> première fois, inscrite au<br />
cadastre. Le domaine a beau changer de propriétaire, passer de main en main,<br />
ce nom ne change pas. De même il a beau être morcelé par vente ou par<br />
héritage, il reste un. Les copropriétaires n’en possèdent que des parts. Et enfin<br />
plusieurs domaines contigus ont beau être rejoints de manière à n’en former<br />
qu’un seul appartenant à un seul maître, ils n’en conservent pas moins leur<br />
individualité <strong>et</strong> leur nom. Ils forment une masse, <strong>et</strong> <strong>la</strong> masse peut prendre un<br />
nom unique <strong>et</strong> constituer une unité nouvelle, mais les unités anciennes<br />
subsistent. <strong>La</strong> raison de ce système c’est sans doute qu’il fournissait une base<br />
inébran<strong>la</strong>ble aux opérations cadastrales. Pour nous il a c<strong>et</strong> intérêt de rattacher<br />
par un lien visible <strong>notre</strong> présent à ce passé.<br />
[LE VILLAGE MODERNE ISSU DU FUNDUS] Lorsque les Gaulois prirent des noms<br />
<strong>la</strong>tins ou <strong>la</strong>tinisèrent leurs noms celtiques, ils appliquèrent à leurs propriétés ces<br />
noms transformés en adjectifs, le mot fundus étant exprimé ou sous-entendu. Le<br />
suffixe le plus ordinaire était anus <strong>et</strong> plus fréquemment acus. Exemples :<br />
Aurelius, Aureliacus, Licinius, Licinianus. Ces noms ont survécu. Ce sont<br />
aujourd’hui encore, en très grande majorité, ceux de nos vil<strong>la</strong>ges. Il faudrait de<br />
longues pages pour les énumérer tous. Mais on peut se contenter d’en citer<br />
quelques-uns. De Julius viennent, avec les altérations phonétiques locales,<br />
Juil<strong>la</strong>c, Juilly, Juilly, Juil<strong>la</strong>n, Julhan, <strong>et</strong>c. De Sabinius, Savignac, Sévigné, Savigny,<br />
Savigneux, Sévigné, <strong>et</strong>c. De Quintus, Quinsac, Quincieux, Quincey, Quincy,<br />
Cuincy, Cuinchy, <strong>et</strong>c. D’Antonius, Antony, Antogny, Antoigné, Antoingt, <strong>et</strong>c. De<br />
Licinius, Lusignan, Lésignat, Lésigny, <strong>et</strong>c. De Cassius, Chassé, Chassey, Chassy,<br />
<strong>et</strong>c. De Campanius, Champagnac, Champigny, <strong>et</strong>c. De Camillius, Chemilly,<br />
Chemillé, Chamilly, <strong>et</strong>c. De B<strong>la</strong>ndius, B<strong>la</strong>nzac, B<strong>la</strong>nzy, B<strong>la</strong>ngy, <strong>et</strong>c. De Priscius,<br />
Pressac, Pressy, Précy, <strong>et</strong>c. De Florius, Floriac, Fleurieu, Fleury, <strong>et</strong>c. De Marcilius,<br />
Marcil<strong>la</strong>c, Marcilly, <strong>et</strong>c. De <strong>La</strong>tinius, <strong>La</strong>gny, <strong>La</strong>gneu, <strong>et</strong>c. Et l’on sait que ces noms<br />
avec leurs formes variées se r<strong>et</strong>rouvent, répétés nombre de fois, d’un bout à<br />
l’autre de <strong>la</strong> France.<br />
Si nous passons aux domaines, beaucoup plus rares, dont les noms ne sont pas<br />
ceux d’un propriétaire <strong>et</strong> qui sont des domaines néanmoins, nous le savons par<br />
les documents mérovingiens où ils sont cités comme tels, nous voyons que ces<br />
noms n’ont pas péri davantage. Les vil<strong>la</strong>s Asinariae, Rosariae, Canavariae sont<br />
devenues Asnières, Rosières, Chennevières. Pa<strong>la</strong>tiolum est devenu Pfalz, près de<br />
Trèves, <strong>et</strong> Pa<strong>la</strong>iseau, près de Paris. Robor<strong>et</strong>um est devenu Rouvray, Mansiones,<br />
Maisons. Tous les Mézières sont d’anciens domaines appelés Maceriae.<br />
Les invasions apportèrent quelques changements à c<strong>et</strong>te nomenc<strong>la</strong>ture. Nous ne<br />
signalerons qu’en passant les domaines où le nom du propriétaire a été remp<strong>la</strong>cé<br />
par celui d’un saint. C<strong>et</strong>te innovation ne remonte pas au delà du VIIe siècle. Mais<br />
antérieurement déjà il arriva que le nom du propriétaire barbare se substitua au<br />
nom <strong>la</strong>tin. C’est ainsi que nous rencontrons les domaines Huldriciacus,<br />
Childriciacus. Un autre usage s’établit par <strong>la</strong> suite. Au lieu du suffixe acus, nus,<br />
on ajouta au nom du propriétaire le mot vil<strong>la</strong>, vil<strong>la</strong>re, curlis. De là les noms de<br />
localités terminés en ville, viller, court : Theodonis vil<strong>la</strong>, Thionville, Ramberti