La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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II. — L’ARISTOCRATIE FONCIÈRE ET LA PLÈBE RURALE. LA GRANDE<br />
PROPRIÉTÉ ET LES ORIGINES DU SERVAGE1.<br />
[LA NOBLESSE SÉNATORIALE] LA hiérarchie sociale était <strong>la</strong> même que dans le reste<br />
de l’Empire. <strong>La</strong> noblesse admit pendant trois siècles deux degrés. Au degré<br />
inférieur, les chevaliers. L’ordre équestre était <strong>la</strong> pépinière où se recrutaient les<br />
fonctionnaires de ce nom. Il disparut au IVe siècle, absorbé par <strong>la</strong> noblesse du<br />
second degré ou noblesse sénatoriale.<br />
Du Sénat était issu un ordre de noblesse, qui dépassait de beaucoup par le<br />
nombre l’effectif de c<strong>et</strong>te assemblée. En faisaient partie tous ceux qui<br />
descendaient d’un sénateur, soit qu’il l’eût été réellement, soit qu’il fût censé<br />
l’avoir été. Car l’usage s’était introduit de conférer le titre sans <strong>la</strong> fonction, <strong>et</strong><br />
c<strong>et</strong>te pratique, de plus en plus fréquente, fut <strong>la</strong> cause qui épuisa, par une sorte<br />
de mouvement ascensionnel continu, les cadres de <strong>la</strong> noblesse inférieure. Les<br />
membres des familles sénatoriales étaient seuls aptes aux honneurs. Mais ils<br />
pouvaient se dispenser d’y prétendre. Ils n’étaient tenus ni de siéger dans le<br />
Sénat, ni de résider dans <strong>la</strong> capitale. Beaucoup vivaient dans les provinces <strong>et</strong><br />
quelques-uns n’en étaient jamais sortis. Ils n’en étaient pas moins sénateurs,<br />
revécus du <strong>la</strong>tic<strong>la</strong>ve, qualifiés c<strong>la</strong>rissimes, transm<strong>et</strong>tant de génération en<br />
génération leur titre <strong>et</strong> leur insigne, avec les privilèges qu’ils comportaient. Et<br />
comme on entrait dans l’ordre, non pas seulement par droit de naissance, mais<br />
pour avoir rempli certaines charges ou simplement par un choix gratuit de<br />
l’Empereur, ils formaient, en même temps qu’une caste héréditaire, une noblesse<br />
ouverte dont les avantages <strong>et</strong> le prestige sollicitaient toutes les ambitions. Plus<br />
tard, depuis Dioclétien <strong>et</strong> Constantin, on eut tout au somm<strong>et</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse des<br />
spectabiles, celle des illustres ; mais ces titres, attachés aux grades les plus<br />
élevés de l’administration, ne représentaient, dans le c<strong>la</strong>rissimat, qu’une<br />
distinction non transmissible <strong>et</strong> toute personnelle.<br />
[LA NOBLESSE PROPRIÉTAIRE DU SOL] Ce qui faisait <strong>la</strong> force de c<strong>et</strong>te aristocratie,<br />
c’est qu’elle était avant tout terrienne. <strong>La</strong> propriété foncière constituait l’élément<br />
essentiel de <strong>la</strong> fortune publique. Elle passait en outre pour <strong>la</strong> forme <strong>la</strong> plus<br />
honorable de <strong>la</strong> richesse. Pour ces deux raisons, elle était <strong>la</strong> source de toute<br />
considération <strong>et</strong> de tout pouvoir. Rechercher comment <strong>la</strong> noblesse sénatoriale<br />
possédait <strong>et</strong> exploitait le sol, ce sera donc analyser les causes de sa puissance.<br />
Ce sera, par <strong>la</strong> même occasion, décrire <strong>la</strong> condition de c<strong>et</strong>te plèbe rurale qu’elle<br />
tenait dans sa dépendance <strong>et</strong> qui mérite <strong>notre</strong> attention, non moins que <strong>la</strong> plèbe<br />
des villes. C<strong>et</strong>te étude ne peut guère être tentée qu’à partir du IVe siècle, pour<br />
l’Empire en général <strong>et</strong> en particulier pour <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. C’est alors en eff<strong>et</strong><br />
qu’apparaissent les Codes, <strong>et</strong> qu’aux renseignements qu’ils apportent s’ajoutent,<br />
pour <strong>notre</strong> pays, ceux qu’on peut tirer de <strong>la</strong> littérature nationale.<br />
[ORGANISATION DE LA PROPRIÉTÉ. LE FUNDUS] Le trait original dans l’organisation<br />
de <strong>la</strong> propriété foncière à Rome était <strong>la</strong> conception du fundus, du domaine. Ce<br />
mot avait plusieurs synonymes : ager qui signifiait champ, vil<strong>la</strong> qui se disait de <strong>la</strong><br />
1 SOURCES. Code Théodosien. Ausone. Sidoine Apollinaire. Salvien, De gubernatione Dei. Paulin de Pel<strong>la</strong>,<br />
Eucharisticon.<br />
OUVRAGES À CONSULTER. Fustel de Cou<strong>la</strong>nges, Le colonat romain dans les Recherches sur quelques problèmes<br />
d’histoire, 1885. L’invasion germanique, 1891. L’alleu <strong>et</strong> le domaine rural, 1889. Les origines du système<br />
féodal, 1890. D’Arbois de Jubainville, Recherches sur l’origine de <strong>la</strong> propriété foncière <strong>et</strong> des noms de lieux<br />
habités en France, 1890. F<strong>la</strong>ch, Les origines de l’ancienne France, 1888-1893. L’origine historique de<br />
l’habitation <strong>et</strong> des lieux habités en France, 1899. Lécrivain, Le Sénat romain depuis Dioclétien, 1888. <strong>La</strong>tifundia,<br />
Dictionnaire des antiquités de Saglio. Dill, ouvr. cité, chap. II, § 4.