La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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s’intitu<strong>la</strong>ient quinquennaux. Au-dessous, les curateurs, spécialement préposés à<br />
l’administration financière. Puis les employés subalternes dont le principal était le<br />
questeur. Au somm<strong>et</strong> les membres d’honneur, les patrons. Les collèges avaient<br />
leur maison, leur scho<strong>la</strong>, située le plus fréquemment dans le quartier qui était le<br />
centre de leur industrie. Les négociants en vins de Lyon avaient <strong>la</strong> leur aux<br />
Canabae, à côté de leurs entrepôts, dans l’île d’Ainay. C’est dans ce local plus ou<br />
moins luxueusement installé qu’était <strong>la</strong> statue du dieu, génie tuté<strong>la</strong>ire de<br />
l’association. C’est là qu’on se réunissait pour délibérer, pour célébrer les fêtes,<br />
les sacrifices, les banqu<strong>et</strong>s qui étaient le principal attrait de <strong>la</strong> vie corporative.<br />
[DIGNITAIRES] Les dignités conférées par le collège lui étaient une source de<br />
profits. Les magistri, les curateurs payaient, à l’imitation des duumvirs, leur don<br />
de joyeux avènement, leur somma honoraria, sans compter les autres libéralités<br />
dont l’usage leur faisait une loi. A plus forte raison avait-on droit de compter sur<br />
<strong>la</strong> bourse des patrons. Ces <strong>la</strong>rgesses étaient consacrées aux embellissements de<br />
<strong>la</strong> Scho<strong>la</strong> ou à des fondations qu’on ne saurait appeler pieuses, bien que toute<br />
pensée religieuse n’en fût pas absente. Nous en avons un exemple dans une<br />
inscription de Narbonne où l’on voit que Fadius Secundus Musa, patron des<br />
ouvriers en bâtiment qui forment avec les bateliers maritimes les deux seules<br />
corporations dont l’existence ait été constatée dans c<strong>et</strong>te ville, versa à ses clients<br />
un capital de 16.000 sesterces (4000 fr.), à condition d’employer les intérêts de<br />
c<strong>et</strong>te somme à <strong>la</strong> célébration d’un banqu<strong>et</strong> annuel, au jour anniversaire de sa<br />
naissance1.<br />
Les dignitaires étaient choisis, ce<strong>la</strong> va de soi, parmi les hommes les plus riches <strong>et</strong><br />
les plus influents, <strong>et</strong> pris au besoin en dehors de <strong>la</strong> corporation, dans une<br />
corporation voisine, ou même en dehors de toute corporation. Ordinairement<br />
c’étaient de gros négociants, des sévirs augustaux qui, exclus des fonctions<br />
municipales, n’en étaient que plus avides des honneurs à leur portée.<br />
Quelquefois c’étaient des magistrats de <strong>la</strong> cité qui daignaient accepter le patronat<br />
ou <strong>la</strong> présidence d’un collège, présidence honoraire le plus souvent, car en<br />
général ils étaient trop haut p<strong>la</strong>cés pour pouvoir être des membres effectifs.<br />
Quelques collèges particulièrement considérés osaient s’adresser plus haut<br />
encore. Les mariniers d’Arles s’étaient donné pour patron un fonctionnaire<br />
équestre, procurateur de l’annone pour <strong>la</strong> Narbonnaise <strong>et</strong> <strong>la</strong> Ligurie. Les nautes<br />
du Rhône <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Saône étaient clients d’un allecteur de <strong>la</strong> caisse des <strong>Gaule</strong>s qui<br />
était aussi chevalier romain. Ainsi l’institution des collèges, comme celle de<br />
l’Augustalité, avait c<strong>et</strong> avantage d’établir un lien entre les différentes c<strong>la</strong>sses de<br />
<strong>la</strong> société.<br />
[NOUVELLE LÉGISLATION] <strong>La</strong> politique des empereurs, en ce qui concerne les<br />
corporations, changea du tout au tout, vers le milieu du troisième siècle. Ils les<br />
favorisèrent désormais autant qu’ils les avaient redoutées. Ils en voulurent<br />
partout. Les collèges funéraires n’avaient plus devant eux un très long avenir. Ils<br />
devaient disparaître dans <strong>la</strong> victoire du christianisme. Les collèges professionnels<br />
durèrent. Ils se multiplièrent au point d’englober désormais le monde du travail<br />
tout entier, <strong>et</strong> du même coup leur régime fut profondément transformé.<br />
L’avènement d’une dynastie syrienne, étrangère aux traditions<br />
gouvernementales de Rome, fut pour quelque chose sans doute dans c<strong>et</strong>te<br />
orientation nouvelle, mais elle tient à une cause plus générale. Elle est <strong>la</strong><br />
conséquence du double principe qui de plus en plus tendit à prévaloir dans<br />
1 Corpus inscrip. <strong>la</strong>tin., XII, 4303.