La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
CHAPITRE III. — L’ORGANISATION SOCIALE<br />
I. — LES CLASSES URBAINES. LE COMMERCE. LES ROUTES. LES<br />
CORPORATIONS1<br />
[CONSTITUTION ARISTOCRATIQUE DE LA SOCIÉTÉ] ENTRE <strong>la</strong> société gauloise telle<br />
qu’il est permis de l’entrevoir à l’époque de l’indépendance <strong>et</strong> celle qui lui<br />
succéda après <strong>la</strong> conquête, <strong>la</strong> transition nous échappe à peu près complètement.<br />
Le régime du c<strong>la</strong>n ne pouvait se maintenir sous <strong>la</strong> domination de Rome. Nous<br />
r<strong>et</strong>rouvons encore l’ancienne clientèle dans le Nord, chez les Trévires, vers l’an<br />
21 ap. J.-C., lors de <strong>la</strong> révolte de Florus2. Puis elle se transforma, <strong>et</strong> désormais <strong>la</strong><br />
constitution sociale nous apparaît <strong>la</strong> même que dans le reste de l’Empire. Elle ne<br />
cessa pas d’être profondément aristocratique, mais les rapports de subordination<br />
entre les hommes furent changés. Il y eut, comme partout, des esc<strong>la</strong>ves, des<br />
affranchis, des plébéiens libres, des nobles de divers degrés dont <strong>la</strong> condition fut<br />
réglée par <strong>la</strong> loi <strong>romaine</strong>.<br />
[CLASSES LABORIEUSES] Les c<strong>la</strong>sses inférieures s’élevèrent par le travail. Elles<br />
affluèrent dans les villes qui venaient de se fonder. Elles y formèrent une c<strong>la</strong>sse<br />
commerçante <strong>et</strong> industrielle, active <strong>et</strong> prospère.<br />
[PRODUCTION AGRICOLE] <strong>La</strong> matière première ne manquait pas. L’agriculture fit<br />
de rapides progrès. Le blé devint assez abondant pour être exporté en Italie.<br />
L’orge, le mill<strong>et</strong>, le lin surtout furent cultivés avec succès. <strong>La</strong> vigne, qui devait<br />
être un des éléments importants de <strong>notre</strong> richesse nationale, fut longtemps peu<br />
répandue. Les Massaliotes l’avaient introduite dans le Sud-Est <strong>et</strong> elle s’y était<br />
vite propagée. Mais les Romains, à peine entrés dans le pays, l’avaient interdite,<br />
ainsi que l’olivier, pour sauvegarder les intérêts de <strong>la</strong> production italienne. C<strong>et</strong>te<br />
mesure protectionniste, assez rare dans leur histoire, ne reçut d’ailleurs qu’une<br />
application incomplète qui comporta, en ce qui concernait <strong>la</strong> Narbonnaise, une<br />
<strong>la</strong>rge tolérance. Pline, vers <strong>la</strong> fin du premier siècle de <strong>notre</strong> ère, signale les vins<br />
de c<strong>et</strong>te province <strong>et</strong> en particulier celui que l’on récoltait chez les Viennois, dans<br />
c<strong>et</strong>te partie de leur territoire réputée aujourd’hui encore au même titre sous le<br />
nom de Côte-Rôtie. Il avait ou on lui donnait une saveur poissée, fort appréciée à<br />
Rome où il se vendait très cher. Les autres vins de <strong>la</strong> région, à part ceux de<br />
Béziers qui avaient une réputation locale, étaient médiocrement estimés. Les<br />
Gaulois, qui les consommaient sur p<strong>la</strong>ce, les gâtaient par toutes sortes de<br />
préparations. En dehors de <strong>la</strong> Narbonnaise le développement de <strong>la</strong> viticulture fut<br />
longtemps arrêté. Nous voyons qu’elle avait envahi, dés le commencement du<br />
m- siècle, <strong>la</strong> vallée de <strong>la</strong> Saône, mais ce fut l’empereur Probus (276-282) qui leva<br />
décidément, dans toute l’étendue de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, les ordonnances restrictives<br />
édictées par les proconsuls de <strong>la</strong> République <strong>et</strong> renouvelées encore par Domitien.<br />
1 SOURCES. Sur le commerce, en outre des textes épigraphiques, Strabon, IV, 1-4. Pline, Histoire naturelle,<br />
<strong>et</strong>c. — Sur les routes, en outre des bornes milliaires publiées dans le Corpus inscript. <strong>la</strong>tin., Itinerarium<br />
Antonini, édit. Parthey <strong>et</strong> Pinder, 1848, <strong>et</strong> Table de Peutinger (voir ci-dessous). — Sur les corporations, Digeste,<br />
L, 6, 8-4. Code Théodosien, notamment liv. XIV. Les textes épigraphiques dans Waltzing, III (voir ci-dessous).<br />
OUVRAGES À CONSULTER. Sur le commerce, Desjardins, Géographie de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, I, 1876. Pigeonneau, Histoire<br />
du commerce de <strong>la</strong> France, I, 1885. Voir aussi première partie, liv. II, chap. 1, § 1. — Sur les routes <strong>et</strong> les<br />
voyages, Desjardins, ouvr. cité, IV, 1898. Géographie de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> d’après <strong>la</strong> table de Peutinger, 1869. Jullian,<br />
Routes <strong>romaine</strong>s <strong>et</strong> routes de France, Revue de Paris, 1900. Friedlænder, Daratellung aus der Sittengeschichte<br />
Roms, II, 5e édit., 1881. — Sur les corporations, Levasseur, Histoire des c<strong>la</strong>sses ouvrières en France, I, 2e<br />
édit., 1900. Waltzing, Etude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains, 1895-1899.<br />
2 Tacite, Annales, III, 42.