28.06.2013 Views

La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

douleur sans fin. — Ailleurs ce sont de simples alumni, des enfants trouvés,<br />

recueillis par charité, légalement des esc<strong>la</strong>ves ou des affranchis, dont <strong>la</strong> perte<br />

arrache à leurs parents adoptifs des p<strong>la</strong>intes amères : ... Je l’avais élevé comme<br />

mon fils <strong>et</strong> fait instruire dans les études libérales... Il ne lui a pas été donné de<br />

jouir de lui-même ni de l’avenir qui lui était préparé, mais seulement de ce<br />

tombeau qu’une femme malheureuse lui a élevé pour lui <strong>et</strong> pour elle-même. —<br />

On loue chez les jeunes gens <strong>la</strong> chast<strong>et</strong>é, <strong>la</strong> pur<strong>et</strong>é : Aux dieux Mânes <strong>et</strong> à <strong>la</strong><br />

mémoire éternelle de Varenius Lupus.... jeune homme plein de pudeur. Il vécut<br />

vingt <strong>et</strong> un ans, sept mois <strong>et</strong> quinze jours. Brisée par les destins, sa jeunesse<br />

repose ici. — Aux dieux Mânes <strong>et</strong> à <strong>la</strong> mémoire éternelle... de Vireius Vitalis...<br />

jeune homme d’une habil<strong>et</strong>é merveilleuse dans l’art de façonner le fer... Il a vécu<br />

dix-neuf ans, dix mois <strong>et</strong> neuf jours,... vierge <strong>et</strong> faisant par sa sagesse<br />

l’admiration de ses amis <strong>et</strong> de ses parents. — Je dois aux dieux, disait Marc-<br />

Aurèle, d’avoir conservé intacte <strong>la</strong> fleur de ma jeunesse, de ne m’être pas fait<br />

homme avant l’âge, d’avoir différé même au delà. N’est-il pas touchant de<br />

rencontrer chez un simple artisan les mêmes scrupules délicats1 ?<br />

[LA FAMILLE D’AUSONE] Ausone nous introduit dans le monde de <strong>la</strong> haute<br />

bourgeoisie. Il y était né, <strong>et</strong> il nous a fait lui-même les honneurs de sa famille<br />

dans une série de portraits qu’on peut, à bon droit, soupçonner d’être un peu<br />

f<strong>la</strong>ttés, mais qui doivent néanmoins être opposés, comme une contrepartie<br />

nécessaire, aux déc<strong>la</strong>mations de Salvien. Dans c<strong>et</strong>te même Aquitaine où un<br />

prêtre rigoriste, fanatique, ne veut voir que des abîmes de corruption, le poète<br />

borde<strong>la</strong>is nous montre un milieu foncièrement honnête, grave, au sein d’une<br />

<strong>la</strong>rge aisance <strong>et</strong> avec toutes les recherches de <strong>la</strong> plus fine culture. Son père était<br />

un médecin renommé, ce qui ne veut pas dire un bon médecin <strong>et</strong> encore moins<br />

un savant, car <strong>la</strong> décadence universelle n’avait pas épargné l’art de Gallien, mais<br />

son caractère va<strong>la</strong>it mieux que son talent. Il vécut comme un sage, borné dans<br />

ses désirs, bien qu’il fût arrivé, lui aussi, avant son fils, aux grandes fonctions,<br />

économe sans avarice, bienfaisant, secourable aux pauvres, respecté, aimé de<br />

tous. Les types féminins sont peut-être dans c<strong>et</strong>te galerie les plus attachants <strong>et</strong><br />

les plus variés. Bien loin d’avoir dans <strong>la</strong> maison, ainsi qu’on se l’est figuré fort à<br />

tort, une situation inférieure <strong>et</strong> humiliée, <strong>la</strong> femme tout au contraire y tenait une<br />

très grande p<strong>la</strong>ce. <strong>La</strong> mère du poète était <strong>la</strong> vertu même, sérieuse sans<br />

austérité, gouvernant son intérieur avec un mé<strong>la</strong>nge de ferm<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de douceur.<br />

Sa belle-sœur, aimable, rieuse, jolie, mal mariée à un homme léger, négligent,<br />

avait dû assumer <strong>la</strong> gestion de <strong>la</strong> fortune commune, <strong>et</strong> jamais un nuage sur son<br />

front ne put faire croire à l’apparence d’un reproche. Deux de ses tantes étaient<br />

restées filles, l’une pour thésauriser à son aise, l’autre avec des visées plus<br />

hautes, pour étudier à <strong>la</strong> manière d’un homme. Elle s’était vouée à <strong>la</strong> médecine,<br />

poussée dans c<strong>et</strong>te voie par l’exemple illustre qu’elle trouvait tout près d’elle, <strong>et</strong><br />

elle s’était fait ainsi une existence <strong>indépendante</strong>, utilement employée. Et en<br />

même temps elle avait été pour son neveu comme une seconde mère dont il<br />

rappelle avec émotion les soins <strong>et</strong> <strong>la</strong> tendresse.<br />

[LES FAIBLESSES DE LA SOCIÉTÉ GALLO-ROMAINE] Le symptôme inquiétant pour<br />

c<strong>et</strong>te société, ce ne sont pas les mœurs. C’est une sorte de débilité <strong>et</strong> comme<br />

une <strong>la</strong>ngueur croissante dans <strong>la</strong> pensée spécu<strong>la</strong>tive <strong>et</strong> dans l’action civique. Nous<br />

avons vu ce qui en est dans l’ordre intellectuel. Nulle initiative, nul effort, nul<br />

renouvellement. On ressasse ce qui a été déjà dit. L’atonie est <strong>la</strong> même dans <strong>la</strong><br />

vie publique. L’aristocratie administre ; elle ne gouverne pas. Elle accomplit sa<br />

1 Corpus inscript. <strong>la</strong>tin., XIII, 2200, 2205, 1862, 1910 ; XII ; 2039 ; XIII, 2036.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!