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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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éc<strong>la</strong>tantes, <strong>la</strong> corporation des dendrophores, qui avait pour mission de fournir le<br />

pin sacré <strong>et</strong> de le porter dans le temple de <strong>la</strong> déesse. Puis venaient les joueurs<br />

de flûte, les joueuses de tambour, les danseurs de Cybèle, les religieux de <strong>la</strong><br />

Grande Mère, tout un clergé des deux sexes, irrégulier, errant, mendiant <strong>et</strong><br />

suspect. <strong>La</strong> fête durait plusieurs jours, mêlée de processions, d’initiations, de<br />

rites bizarres. Elle se terminait par l’inauguration d’un autel commémoratif avec<br />

une inscription <strong>et</strong> des bas-reliefs représentant <strong>la</strong> tête du taureau enguir<strong>la</strong>ndée <strong>et</strong><br />

l’épée qui l’avait frappé. Lyon, Bordeaux, Narbonne, Vence dans les Alpes<br />

Maritimes, Tain dans <strong>la</strong> cité des Allobroges, Die dans celle des Voconces, nous<br />

présentent un ou plusieurs de ces monuments, mais nulle part ils ne sont aussi<br />

abondants qu’à Lectoure, en Aquitaine. C’est lé que le culte de <strong>la</strong> Grande Mère<br />

paraît avoir excité les plus vifs transports <strong>et</strong> recruté le plus grand nombre<br />

d’adhérents. Sur trente-neuf inscriptions découvertes dans c<strong>et</strong>te ville, vingt-deux<br />

sont tauroboliques. Elles se partagent pour <strong>la</strong> plupart en deux groupes se<br />

rapportant à deux tauroboles, l’un offert le 18 octobre 176 pour l’empereur Marc-<br />

Aurèle, l’autre le 8 décembre 241 pour l’empereur Gordien III. Ils étaient tous les<br />

deux offerts par l’ordre des décurions, mais en même temps que s’accomplissait<br />

le sacrifice public, divers habitants, <strong>et</strong> notamment des femmes, s’y associaient<br />

en faisant célébrer d’autres tauroboles à leurs frais <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> même intention.<br />

[LES MŒURS] On voudrait savoir quel était, dans c<strong>et</strong>te effervescence des âmes, le<br />

niveau de <strong>la</strong> moralité. Mais on ne peut exiger de l’histoire, comme le dit très bien<br />

Fustel de Cou<strong>la</strong>nges, un jugement formel sur <strong>la</strong> valeur morale des peuples. Nous<br />

avons, pour pénétrer dans <strong>la</strong> vie des Gallo-romains, <strong>la</strong> littérature <strong>et</strong> l’épigraphie.<br />

Ces documents ne méritent pas une confiance absolue. Les tares ne se montrent<br />

pas dans les épitaphes, <strong>et</strong> quant aux textes littéraires, ils se contredisent suivant<br />

les points de vue <strong>et</strong> l’humeur de l’écrivain. <strong>La</strong> vérité, qui n’a rien que de banal,<br />

c’est que c<strong>et</strong>te société était, comme toutes les autres, mé<strong>la</strong>ngée de mal <strong>et</strong> de<br />

bien. Elle était <strong>la</strong>borieuse, curieuse des choses de l’esprit, avide de croyances,<br />

capable de préoccupations désintéressées. Elle honorait les vertus domestiques,<br />

l’amour conjugal, <strong>la</strong> piété filiale, <strong>la</strong> sollicitude des maîtres pour les esc<strong>la</strong>ves, le<br />

dévouement des esc<strong>la</strong>ves pour les maîtres. Et sans doute elle ne pratiquait pas<br />

toujours les vertus qu’elle honorait, mais elle ne les aurait pas tant honorées si<br />

elle ne les avait pratiquées quelquefois.<br />

[LE TÉMOIGNAGE DES INSCRIPTIONS] Voici quelques inscriptions prises parmi celles<br />

de Lyon <strong>et</strong> de Vienne : Aux dieux Mânes <strong>et</strong> à <strong>la</strong> mémoire éternelle de Marcellina,<br />

fille de Solicia, âme très pure <strong>et</strong> du plus rare exemple. Elle est morte à vingtquatre<br />

ans, cinq mois <strong>et</strong> quatre jours, sans avoir causé à son mari le moindre<br />

chagrin, se réjouissant de prendre p<strong>la</strong>ce au tombeau <strong>la</strong> première. Martinus à son<br />

épouse très chère <strong>et</strong> pour lui-même a, de son vivant, élevé ce tombeau. — Aux<br />

dieux Mânes <strong>et</strong> à <strong>la</strong> mémoire éternelle de Matia Vera. Elle a vécu avec moi<br />

trente-six ans, trois mois <strong>et</strong> dix jours, sans m’avoir causé le moindre chagrin.<br />

Notre long amour a péri brisé par <strong>la</strong> mort. Plut aux dieux que le destin nous eût<br />

tous les deux en même temps couchés dans <strong>la</strong> tombe. — Un vétéran de l’armée<br />

de Germanie a épousé une affranchie. Elle lui exprime en ces termes sa<br />

reconnaissance : Il m’a nourrie de son travail. Il a eu pour moi <strong>la</strong> bienveil<strong>la</strong>nce<br />

d’un patron, <strong>la</strong> tendresse d’un père. Ici c’est un père, une mère qui pleurent un<br />

fils : Enfant charmant, que les destins cruels ont montré à ses parents, montré<br />

sans le donner, pour le leur enlever par une mort prématurée. Il a vécu onze<br />

ans, six mois <strong>et</strong> vingt-six jours, bril<strong>la</strong>nt déjà dans l’étude des l<strong>et</strong>tres, cher à tous<br />

par sa gentillesse enfantine non moins que par sa piété filiale, annonçant dans<br />

c<strong>et</strong>te vie si courte les promesses d’un fruit glorieux <strong>et</strong> <strong>la</strong>issant à ses parents une

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