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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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IV. — LA RELIGION ET LES MŒURS1.<br />

NULLE part l’union intime de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> <strong>et</strong> de Rome n’apparaît plus n<strong>et</strong>tement que<br />

dans le domaine religieux.<br />

[MESURES CONTRE LES DRUIDES] Il faut distinguer pourtant, comme nous avons<br />

déjà fait, entre <strong>la</strong> religion des Gaulois <strong>et</strong> leurs prêtres. Il n’était pas dans les<br />

habitudes des Romains de s’attaquer aux ministres des religions étrangères, pas<br />

plus qu’à ces religions elles-mêmes. Mais les druides n’étaient pas des prêtres<br />

ordinaires. Ils avaient une hiérarchie, un chef, des assemblées régulières,<br />

périodiques ; ils exerçaient des fonctions judiciaires <strong>et</strong> même politiques. Ces<br />

prérogatives étaient difficilement compatibles avec l’autorité de Rome. Elle ne<br />

pouvait s’accommoder ni de c<strong>et</strong>te juridiction civile, ni de c<strong>et</strong>te organisation qui<br />

eût été, à l’occasion, un centre de menées hostiles. Pour écarter c<strong>et</strong>te anomalie<br />

ou ce danger, il n’était nul besoin de lois nouvelles. Il suffisait d’appliquer les lois<br />

existantes sur les associations illicites. Ce fut Tibère qui prit c<strong>et</strong>te initiative. <strong>La</strong><br />

mesure qui lui est attribuée par Pline l’Ancien2 n’a pas d’autre portée. Il ne<br />

supprima pas les druides, comme le dit fort inexactement c<strong>et</strong> auteur, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

preuve c’est que nous les voyons durer après lui, mais il supprima <strong>la</strong> corporation<br />

druidique.<br />

Les druides tombaient sous le coup de <strong>la</strong> loi <strong>romaine</strong> à un autre point de vue. Un<br />

sénatus-consulte, daté de l’an 97 av. J.-C., condamnait les sacrifices humains.<br />

Auguste, pour commencer, les interdit à ceux des Gaulois qui étaient citoyens.<br />

Tibère al<strong>la</strong> plus loin <strong>et</strong> les interdit à tous les Gaulois, sans exception. C’est<br />

l’honneur de Rome d’avoir combattu ces abominables pratiques, mais elles<br />

étaient trop invétérées pour se <strong>la</strong>isser extirper sans résistance. Une nouvelle<br />

prohibition ordonnée par C<strong>la</strong>ude, dès le début de son règne, fut plus efficace. De<br />

ces rites il ne resta qu’une cérémonie inoffensive, un simu<strong>la</strong>cre de sacrifice où<br />

l’on se bornait à tirer de <strong>la</strong> victime quelques gouttes de sang.<br />

[FIN DU DRUIDISME] A ce<strong>la</strong> se réduisit <strong>la</strong> persécution contre les druides. Ce ne fut<br />

point une persécution religieuse. Les seuls motifs dont elle s’inspira furent des<br />

motifs de police <strong>et</strong> d’humanité. Elle n’en eut pas moins des conséquences<br />

décisives. Les druides, atteints dans leur existence corporative, dans leurs<br />

privilèges, dans leur culte, ou du moins dans c<strong>et</strong>te partie de leur culte qui<br />

s’adressait aux imaginations pour les asservir par <strong>la</strong> terreur, perdirent leur<br />

prestige <strong>et</strong> leur force. <strong>La</strong> désertion de leurs écoles au profit des rhéteurs <strong>la</strong>tins<br />

acheva de ruiner leur influence, en détachant de leur clientèle l’élite de <strong>la</strong> nation.<br />

Il n’est pas douteux qu’ils n’aient senti vivement c<strong>et</strong>te déchéance. On a vu qu’ils<br />

poussèrent à <strong>la</strong> révolte après <strong>la</strong> mort de Néron. On ne les rencontre plus, à partir<br />

de c<strong>et</strong>te époque, que de loin en loin, à l’état de devins popu<strong>la</strong>ires, ou plutôt de<br />

devineresses, car ce sont des druidesses, non des druides, qui disent <strong>la</strong> bonne<br />

aventure à Alexandre Sévère, à Aurélien, à Dioclétien. Encore peut-on se<br />

demander s’il faut voir dans ces prophétesses les héritières du clergé gaulois ou<br />

de <strong>la</strong> Velléda germanique. Un fait certain néanmoins, c’est qu’il restait au IVe<br />

1 OUVRAGES À CONSULTER. Première partie, liv. II, chap. I, § 2 <strong>et</strong> 3. D’Arbois de Jubainville, Les druides sous<br />

l’empire romain, Revue archéologique, 1879. Duruy, Comment périt l’institut druidique, ibid., 1880. Bloch,<br />

L’interdiction des sacrifices humains à Rome <strong>et</strong> les mesures prises contre le druidisme, Mé<strong>la</strong>nges de Rossi,<br />

supplément aux Mé<strong>la</strong>nges de l’École française de Rome, 1892. Boissier, <strong>La</strong> religion <strong>romaine</strong> d’Auguste aux<br />

Antonins, 1874. Preller, Römische Mythologie, 3e édit. par Jordan, 1881. Cumont, Textes <strong>et</strong> monuments figurés<br />

re<strong>la</strong>tifs aux mystères de Mithra, 1896-1899. Decharme, Cybèle. <strong>La</strong>faye, Isis, Dictionnaire des antiquités de<br />

Saglio. — Sur les mœurs : Fustel de Cou<strong>la</strong>nges, L’invasion germanique, 1891, p. 206 <strong>et</strong> suiv. Samuel Dill,<br />

Roman Soci<strong>et</strong>y in the <strong>la</strong>st century of the Western Empire, 1888.<br />

2 Histoire naturelle, XXX, 13.

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