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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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un miroir, une fiole à parfums. Les enfants tiennent les obj<strong>et</strong>s qu’ils ont aimés,<br />

des jou<strong>et</strong>s, des animaux domestiques. Une fill<strong>et</strong>te presse contre son cœur un<br />

chat dont un coq vient becqu<strong>et</strong>er <strong>la</strong> queue. Tantôt ce sont des scènes<br />

développées, des tableaux à deux ou à plusieurs personnages, une boutique de<br />

charcuterie, un débit de boissons, l’atelier d’un stucateur, une famille à table,<br />

une voiture qu’on décharge, un bateau avec des rameurs <strong>et</strong> une cargaison de<br />

tonneaux, des fermiers apportant leur redevance en espèces ou en nature. Le<br />

costume n’a pas beaucoup changé depuis les jours de l’indépendance celtique. Il<br />

se perpétue, malgré les caprices de <strong>la</strong> mode <strong>et</strong> les influences étrangères, dans<br />

ces c<strong>la</strong>sses popu<strong>la</strong>ires <strong>et</strong> bourgeoises, les plus fidèles à <strong>la</strong> tradition nationale1.<br />

Nous le r<strong>et</strong>rouvons dans les chaussures à <strong>la</strong> gauloise (gallicae), dans les braies<br />

col<strong>la</strong>ntes à sous-pied, dans <strong>la</strong> caracalle serrée à <strong>la</strong> taille par une ceinture aux<br />

bouts flottants, dans le sagum surmonté d’un <strong>la</strong>rge fou<strong>la</strong>rd passé autour du cou.<br />

Quelquefois, au lieu du sagum, c’est une de ces pèlerines à capuchon (cuculles),<br />

qu’on fabriquait à Saintes <strong>et</strong> à <strong>La</strong>ngres. Les femmes ont une longue tunique à<br />

manches courtes, des bas courts, des pantoufles, <strong>et</strong> <strong>la</strong> cuculle pour se protéger<br />

contre le froid.<br />

[INFÉRIORITÉ ARTISTIQUE DE LA GAULE] Très précieux pour l’archéologue, pour<br />

l’historien, les bas-reliefs funéraires ne sont pas des œuvres d’art, au vrai sens<br />

du mot. Le détail y est amusant, pris sur le vif. Il témoigne d’un sentiment juste.<br />

<strong>La</strong> variété même des scènes représentées suppose une certaine invention. Il n’y<br />

a rien là de comparable au travail du manœuvre qui reproduit indéfiniment, sans<br />

y rien changer, les mêmes types de sarcophage mythologique. L’artiste, aux<br />

prises avec <strong>la</strong> réalité, a dû voir par lui-même <strong>et</strong> rendre ce qu’il a vu. Sa main par<br />

malheur est singulièrement malhabile, d’une gaucherie, d’une lourdeur extrême.<br />

Et il est vrai que <strong>la</strong> plupart de ces monuments sont des produits de fabrication<br />

courante, à bon marché, mais l’exécution n’est pas beaucoup meilleure sur les<br />

tombeaux les plus fastueux, comme celui d’Igel, près de Trèves.<br />

[CAUSES] On peut se demander comment une nation, si bien douée pour les arts,<br />

<strong>et</strong> qui l’a prouvé depuis, y a si médiocrement réussi dans une des périodes les<br />

plus prospères de son histoire. Mais on n’oubliera pas que <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> imitait, <strong>et</strong><br />

l’imitation qui, réduite à elle-même, n’est jamais féconde, devait l’être alors<br />

moins que jamais. Pour les l<strong>et</strong>tres comme pour les arts, <strong>et</strong> pour les arts plus que<br />

pour les l<strong>et</strong>tres, <strong>la</strong> civilisation antique, quand nos pères se mirent à son école,<br />

arrivait au terme de sa carrière. L’art grec avait parcouru le cycle de ses<br />

transformations. Il n’avait plus rien à inventer, plus rien à dire, en attendant que<br />

de nouvelles idées, de nouvelles croyances, un nouvel idéal vint susciter une<br />

esthétique nouvelle. Aussi <strong>la</strong> décadence était-elle proche. Elle commença dès le<br />

ne siècle pour se précipiter au IIIe avec une effroyable rapidité. Il resterait à<br />

expliquer pourquoi <strong>la</strong> production littéraire de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> a été, somme toute,<br />

supérieure à sa production artistique. Ce n’est pas seulement parce que <strong>la</strong><br />

décadence dans les arts a été plus rapide que dans les l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> plus complète.<br />

Mais il y avait comme une sorte d’affinité, souvent signalée, entre les tendances<br />

des littératures anciennes <strong>et</strong> les dispositions natives des Gaulois, tandis qu’au<br />

contraire le conflit était f<strong>la</strong>grant, dans le domaine de l’art, entre les premières<br />

manifestations du génie national <strong>et</strong> les exemples donnés par l’étranger.<br />

[L’ART INDUSTRIEL] Les Gaulois avaient excellé dans les arts industriels, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />

tradition s’était conservée après <strong>la</strong> conquête, tout en subissant, pour sa part,<br />

1 Première partie, liv. II, chap. I, § 1.

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