La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
eaucoup l’ont été de telle façon qu’il parait impossible d’y reconnaître le ciseau<br />
exercé d’un artiste grec.<br />
[LA SCULPTURE] On peut diviser en plusieurs catégories les sculptures léguées par<br />
<strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> <strong>romaine</strong>. Ce sont d’abord les morceaux de choix, tels que les Vénus de<br />
Fréjus, de Vienne, d’Arles, le Faune de c<strong>et</strong>te dernière ville, l’Athlète de Vaison, le<br />
Guerrier d’Autun, d’autres encore que tout le monde connaît <strong>et</strong> qui font l’orgueil<br />
de nos collections. Œuvres originales ou copies d’œuvres célèbres, elles ne<br />
prouvent qu’une chose, le goût des amateurs qui les ont acquises à grands frais<br />
<strong>et</strong> fait venir de loin. Viennent ensuite les œuvres de second ou de troisième<br />
ordre, répliques plus ou moins réussies, le plus souvent médiocres <strong>et</strong> toujours<br />
banales, des types popu<strong>la</strong>risés par <strong>la</strong> statuaire dite hellénistique, c’est-à-dire<br />
postérieure à Alexandre. Ici l’on peut hésiter, surtout quand <strong>la</strong> matière ne fournit<br />
point d’indication, ce qui est toujours le cas pour les bronzes. Et <strong>la</strong> question qui<br />
se pose est double, car si les œuvres ne sont point importées, les auteurs<br />
peuvent être venus du dehors. Elle sera ouverte tant qu’on n’aura pas lu, sur un<br />
travail de ce genre, le nom d’un artiste incontestablement gaulois.<br />
Restent les œuvres gauloises authentiques par le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> par l’exécution. Le<br />
suj<strong>et</strong>, à vrai dire, ne prouve rien. Les monuments de c<strong>et</strong>te espèce sont ou des<br />
bas-reliefs funéraires représentant des scènes de <strong>la</strong> vie réelle, ou des figures<br />
divines avec les attributs traduisant les conceptions du polythéisme indigène. Il<br />
va de soi que des artistes étrangers ont pu s’inspirer de <strong>la</strong> pensée religieuse de<br />
leurs clients, ou nous <strong>la</strong>isser d’eux une image aussi fidèle qu’auraient pu <strong>la</strong> tracer<br />
des compatriotes. Par le fait, il n’est pas difficile de démêler les traces de<br />
l’influence grecque dans ces représentations réalistes ou anthropomorphiques.<br />
Ce qui est significatif, c’est <strong>la</strong> facture gauche, ma<strong>la</strong>droite, grossière même,<br />
quand elle n’est pas tout à fait barbare. Ce n’est pas là peut-être toute <strong>la</strong><br />
sculpture gallo-<strong>romaine</strong>. C’en est du moins l’élément popu<strong>la</strong>ire, le plus<br />
intéressant sans doute à ce titre, mais d’une valeur nulle au point de vue<br />
artistique.<br />
[INFLUENCES ALEXANDRINES] L’école d’Alexandrie, héritière des écoles d’Asie<br />
Mineure était, au Ier siècle de <strong>notre</strong> ère, le foyer le plus actif de l’art hellénique.<br />
Son action s’exerça sur <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, non pas seulement par l’intermédiaire de<br />
l’Italie, mais par un contact direct. Les re<strong>la</strong>tions étaient continues entre l’Égypte<br />
<strong>et</strong> nos ports méditerranéens. <strong>La</strong> colonie de Nîmes était, quand elle fut fondée,<br />
une colonie égyptienne. Rien d’étonnant si les cultes égyptiens, bénéficiant de <strong>la</strong><br />
vogue acquise à tous les cultes orientaux, se sont répandus par <strong>la</strong> vallée du<br />
Rhône jusque sur les bords du Rhin. Rien d’étonnant non plus si les Gaulois,<br />
cherchant à incarner dans des types humains l’idée qu’ils se faisaient de leurs<br />
dieux nationaux, ont emprunté quelques-uns de ses symboles à l’Égypte<br />
hellénisante des <strong>La</strong>gides. Entre l’image de Sérapis <strong>et</strong> celle de Dispater, le lien de<br />
filiation ne parait pas contestable. Niais ce que l’Égypte apportait à <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>,<br />
outre certaines parcelles de son symbolisme, c’était <strong>la</strong> dernière expression d’un<br />
art qui, jusqu’à <strong>la</strong> fin, avait gardé sa faculté de rajeunissement, le bas-relief<br />
pittoresque, inventé par l’École de Pergame, dépouillé de son allure héroïque <strong>et</strong><br />
réduit à des suj<strong>et</strong>s plus modestes depuis qu’il était devenu bas-relief<br />
d’appartement, le goût du détail familier, intime, de <strong>la</strong> vérité saisie sous toutes<br />
ses formes, dans les existences les plus humbles, dans les portraits individuels <strong>et</strong><br />
dans les variétés <strong>et</strong>hniques. Tout ce<strong>la</strong> se r<strong>et</strong>rouve dans <strong>la</strong> sculpture gallo<strong>romaine</strong>,<br />
plus ou moins intact, plus ou moins abâtardi, suivant les temps, les<br />
lieux, <strong>la</strong> qualité des producteurs <strong>et</strong> du public.