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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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se prolonger sans infirmités, assister à tes fêtes <strong>et</strong> contempler encore ces astres<br />

qui s’effacent, avant d’entrer dans <strong>la</strong> tombe. Oui, cher p<strong>et</strong>it-fils, le r<strong>et</strong>our de ton<br />

jour natal m’apporte un double profit <strong>et</strong> me fait sentir plus vivement le bonheur<br />

de vivre encore, car ta gloire grandit avec ton bel âge, <strong>et</strong> vieux je puis te voir<br />

dans <strong>la</strong> fleur de ta jeunesse. »<br />

Sans doute à ces effusions se mêle trop souvent le développement factice,<br />

l’amplification mythologique. Elles sont sincères néanmoins <strong>et</strong> touchantes. Par<br />

ces impressions délicates, par ces qualités tempérées <strong>et</strong> aimables, par c<strong>et</strong>te<br />

sensibilité légère, par c<strong>et</strong>te poésie à mi-côte, pédestre <strong>et</strong> bourgeoise, Ausone est<br />

des nôtres. C’est un Gaulois de bonne souche, <strong>et</strong> c’est, par certains côtés, un<br />

Français.<br />

[AUSONE ET LE CHRISTIANISME] Ausone est chrétien. Mais sa religion, tout en<br />

surface, tient peu de p<strong>la</strong>ce dans sa vie comme dans ses vers. Son optimisme<br />

naturel, sa bonne humeur répugnent aux tristesses du christianisme. Les<br />

problèmes dont <strong>la</strong> foi apporte <strong>la</strong> solution ne troublent pas sa quiétude. Sa vraie<br />

dévotion est pour les l<strong>et</strong>tres. Son imagination, son cœur sont restés païens.<br />

Cependant le monde changeait autour de lui. Les Barbares, auxquels il ne<br />

pensait pas dans sa paisible r<strong>et</strong>raite, étaient, quand il mourut, à <strong>la</strong> veille de<br />

forcer les portes de l’Empire, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te fois pour s’y installer définitivement. Saint<br />

Martin remuait <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> de sa parole ardente <strong>et</strong> opérait des conversions en<br />

masse. De c<strong>et</strong>te révolution morale une littérature naissait qui devait j<strong>et</strong>er sur <strong>la</strong><br />

civilisation gallo-<strong>romaine</strong> un dernier éc<strong>la</strong>t, mais qui, violemment hostile au<br />

paganisme, n’avait pour tout ce qui y touchait que des anathèmes. Elle<br />

appartient à l’âge nouveau dont nous n’avons pas à franchir le seuil. Ausone en a<br />

connu les premiers représentants. Il a été contemporain d’Hi<strong>la</strong>ire de Poitiers <strong>et</strong><br />

de Sulpice Sévère. Il a vu son disciple bien-aimé Paulin, le futur saint Paulin de<br />

Nole, renoncer au monde pour se donner à Dieu. Ce fut un grand chagrin. Les<br />

l<strong>et</strong>tres qu’il lui adressa pour le rappeler comptent parmi ses meilleures œuvres.<br />

Jamais il n’a eu d’accents plus pénétrants, mais les arguments dont il se sert<br />

sont d’une étonnante ma<strong>la</strong>dresse. Aux causes profondes de c<strong>et</strong>te détermination,<br />

le vieil homme de l<strong>et</strong>tres n’avait rien compris.<br />

[LA POÈSIE PAÏENNE ET PATRIOTIQUE. NANATIANUS] Ce n’est plus un chrétien<br />

d’apparence, c’est un païen déc<strong>la</strong>ré, fanatique, ce Rutilius C<strong>la</strong>udius Namatianus<br />

qui a écrit sur Rome les plus beaux vers peut-être qu’elle ait inspirés. Son<br />

paganisme fait partie de son patriotisme. Il était Gaulois, de grande famille,<br />

originaire de Poitiers ou de Toulouse, <strong>et</strong>, comme tous les Gaulois de son temps,<br />

unissait dans un même sentiment <strong>la</strong> patrie locale <strong>et</strong> <strong>la</strong> patrie <strong>romaine</strong>. Maître des<br />

offices en 412, sous Honorius, préf<strong>et</strong> de <strong>la</strong> ville en 414, il quitta <strong>la</strong> capitale vers<br />

<strong>la</strong> fin de 416, pour r<strong>et</strong>ourner dans son pays où l’appe<strong>la</strong>it le mauvais état de ses<br />

propriétés ravagées par l’invasion. II nous a décrit sa navigation <strong>et</strong> ses escales le<br />

long des côtes d’Italie dans un Itinéraire poétique qui ne vaut pas seulement par<br />

les renseignements historiques <strong>et</strong> géographiques. Tout ce récit abonde en vers<br />

bien frappés, en traits heureux, en tableaux pittoresques. Mais le voyage nous<br />

intéresse moins que le départ. Les adieux à Rome ont été un déchirement. Le<br />

poète ne peut se détacher de ce sol sacré. Il baise en pleurant les portes de<br />

l’enceinte. Il entonne un hymne de reconnaissance <strong>et</strong> d’amour. A c<strong>et</strong>te époque<br />

l’Empire se lézardait de toutes parts. <strong>La</strong> fin était proche. Les Wisigoths<br />

occupaient tout le midi de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Six ans plus tôt A<strong>la</strong>ric avait campé en plein<br />

Forum. Ces événements n’ont pas ébranlé <strong>la</strong> foi de Rutilius dans les destinées de<br />

<strong>la</strong> Ville Éternelle. Jamais elle n’a été chantée avec plus de tendresse. Jamais sa<br />

mission civilisatrice n’a été mieux comprise ni célébrée dans un plus noble

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