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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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héteur Eumène, récemment appelé à <strong>la</strong> direction de l’université de c<strong>et</strong>te ville,<br />

avec mission de lui rendre son antique splendeur1.<br />

Les autres discours sont-ils d’Eumène également, tous ou certains d’entre eux ?<br />

<strong>La</strong> question a été examinée à plusieurs reprises <strong>et</strong> elle reste douteuse. Ce qui est<br />

sûr, c’est qu’ils ont été rédigés par des hommes qui étaient ses concitoyens <strong>et</strong>,<br />

pour <strong>la</strong> plupart, ses collègues. Le recueil lui-même a été, suivant toute<br />

vraisemb<strong>la</strong>nce, formé à Autun, comme un témoignage en faveur de l’école<br />

autunoise <strong>et</strong> de son enseignement. Il est donc très propre à nous donner une<br />

idée de l’art oratoire, tel qu’on le comprenait à c<strong>et</strong>te époque <strong>et</strong> dans ce milieu.<br />

[L’ÉLOQUENCE DES PANÉGYRIQUES] Nous avons peu de goût évidemment pour<br />

c<strong>et</strong>te éloquence d’apparat, officielle <strong>et</strong> courtisanesque, dont le modèle avait été<br />

fourni par le Panégyrique de Pline, ce qui valut à ce morceau célèbre l’honneur<br />

de figurer en tète de <strong>la</strong> collection, <strong>et</strong> dont les traits nous apparaissent, dans ces<br />

ma<strong>la</strong>droites imitations, grossis jusqu’à <strong>la</strong> caricature. Ce flot de louanges où<br />

l’hyperbole le dispute à <strong>la</strong> niaiserie, tant de raffinement dans <strong>la</strong> forme avec un<br />

fond si misérable, il y a là assurément de quoi nous rebuter. Pourtant il faut être<br />

juste. Tout n’est pas mensonge dans ces formules emphatiques. Le vide non<br />

plus, dans c<strong>et</strong>te pensée si pauvre, n’est pas absolu. De ces thèmes convenus un<br />

sentiment sincère, une idée vraie se dégagent qui relèvent un peu c<strong>et</strong>te<br />

mauvaise rhétorique <strong>et</strong> nous disposent à plus d’indulgence. Un patriotisme<br />

ardent y éc<strong>la</strong>te <strong>et</strong> s’exprime avec une émotion qui ne <strong>la</strong>isse pas d’être<br />

communicative. <strong>La</strong> reconnaissance après tout est légitime pour ces vail<strong>la</strong>nts<br />

empereurs qui ont eu leurs vices, mais qui du moins ont arrêté l’Empire sur le<br />

penchant de <strong>la</strong> ruine <strong>et</strong> assuré à <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> une paix dont elle était déshabituée<br />

depuis longtemps. Le style n’est pas sans mérite. Il est puisé à bonne source,<br />

dans <strong>la</strong> bonne tradition c<strong>la</strong>ssique <strong>et</strong> cicéronienne, sans originalité d’ailleurs, se<br />

ressentant des procédés de l’école plus que du contact avec <strong>la</strong> vie. Ce qui<br />

dép<strong>la</strong>ît, c’est l’excès même de certaines qualités, l’élégance monotone <strong>et</strong><br />

maniérée, <strong>la</strong> science imperturbable de toutes les rec<strong>et</strong>tes, de toutes les roueries<br />

du métier. Mais comment en vouloir à ces derniers dévots de <strong>la</strong> civilisation<br />

antique ? Leur art, dans ses minuties, résumait à leurs yeux tout ce que<br />

menaçaient les progrès de <strong>la</strong> barbarie. <strong>La</strong> rhétorique, comme on l’a fort bien dit,<br />

était encore une forme de leur patriotisme.<br />

[AUSONE. SA VIE] <strong>La</strong> poésie est représentée par Ausone. Vers l’an 260, à l’époque<br />

de T<strong>et</strong>ricus, un noble Éduen, Agricius, compromis dans les événements qui<br />

troub<strong>la</strong>ient alors sa patrie, dépouillé de ses biens <strong>et</strong> proscrit, vint se réfugier en<br />

Aquitaine, dans <strong>la</strong> ville de Dax, où il exploita pour vivre quelques connaissances<br />

en médecine <strong>et</strong> en sorcellerie, dernier legs de <strong>la</strong> discipline des druides. Il trouva<br />

pour s’associer à son sort une jeune fille du pays, pauvre comme lui. L’humble<br />

ménage prospéra. Agricius eut un fils <strong>et</strong> trois filles. Le fils Arborius fit un riche<br />

mariage à Toulouse, se distingua comme avocat <strong>et</strong> comme professeur <strong>et</strong> fut<br />

appelé aux fonctions de précepteur dans <strong>la</strong> maison impériale. Une des filles<br />

épousa un médecin de Bazas, Julius Ausonius, qui s’établit à Bordeaux <strong>et</strong> y fit<br />

une bril<strong>la</strong>nte fortune. Plus tard il fut élevé à <strong>la</strong> préfecture d’Illyrie. De ce mariage<br />

naquit, vers l’an 310, Decimus Magnus Ausonius, <strong>la</strong> gloire de <strong>la</strong> famille. Nous<br />

avons vu sa carrière2. Elle offre une analogie frappante avec <strong>la</strong> destinée trop vite<br />

interrompue de son oncle Arborius, lequel exerça sur lui une grande influence. <strong>La</strong><br />

différence, c’est qu’il monta plus lentement <strong>et</strong> plus haut. Comme Arborius, il fut<br />

1 § 1.<br />

2 § 1.

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