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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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meilleur de sa gloire à l’amitié de Virgile <strong>et</strong> aux beaux vers de <strong>la</strong> dixième<br />

églogue. Ce fut aussi <strong>et</strong> avant tout un élégiaque. Célèbre à un autre titre, on sait<br />

qu’il fut nommé préf<strong>et</strong> de l’Égypte pour subir, après c<strong>et</strong>te marque d’éc<strong>la</strong>tante<br />

faveur, une disgrâce qui compta parmi les événements du règne. Il faut signaler<br />

encore, à <strong>la</strong> même époque, Valerius Cato, à <strong>la</strong> fois poète <strong>et</strong> grammairien, dont<br />

quelques vers élégants ont survécu.<br />

[LES RHÉTEURS] Pourtant, ni alors ni même plus tard, <strong>la</strong> poésie ne fut le genre<br />

préféré. C’est un Gaulois qui, dans le dialogue des Orateurs, soutient, avec une<br />

extrême vivacité, l’infériorité de <strong>la</strong> poésie par rapport à l’éloquence. Pour lui<br />

prêter ce rôle Tacite avait ses raisons. L’éloquence fut en eff<strong>et</strong> dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> le<br />

genre national. Tous les écrivains <strong>la</strong>tins, depuis le vieux Caton jusqu’à Juvénal,<br />

C<strong>la</strong>udien <strong>et</strong> saint Jérôme sont d’accord pour noter c<strong>et</strong>te tendance, <strong>et</strong> le fait vaut<br />

<strong>la</strong> peine d’être signalé, s’il est vrai que le développement oratoire a été de tout<br />

temps le trait dominant de <strong>notre</strong> littérature. Ce sont des Gaulois, L. Plotius <strong>et</strong> M.<br />

Antonius Gnipho, qui, au commencement du Ier siècle avant <strong>notre</strong> ère, ont<br />

ouvert à Rome les premières écoles de rhétorique <strong>la</strong>tine. Et c’est encore un<br />

Gaulois, ce Roscius, l’acteur illustre admiré par Cicéron <strong>et</strong> qui fut, lui aussi, à sa<br />

manière, un maître dans l’art de bien dire.<br />

[LES AVOCATS] Vibius Gallus <strong>et</strong> Julius Florus comptèrent, sous Auguste, parmi les<br />

gloires du barreau romain. Nous savons qu’ils étaient nés en <strong>Gaule</strong>, mais nous<br />

ignorons où, <strong>et</strong> nous ne sommes pas mieux renseignés sur leur genre de talent.<br />

Votienus Montanus, leur contemporain, nous apparaît avec une physionomie un<br />

peu plus distincte. Il était de Narbonne <strong>et</strong> nous est donné comme un<br />

improvisateur admirablement doué, bril<strong>la</strong>nt <strong>et</strong> diffus.<br />

[DOMITIUS AFER. JULIUS AFRICANUS] Domitius Afer de Nîmes <strong>et</strong> Julius Africanus de<br />

Saintes appartiennent à <strong>la</strong> génération suivante. Ils figurèrent malheureusement<br />

au nombre des dé<strong>la</strong>teurs, <strong>et</strong> Africanus se déshonora en apportant à Néron les<br />

félicitations de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> après le meurtre d’Agrippine. On voudrait démêler une<br />

intention ironique dans le compliment qu’il adressa au parricide : Tes <strong>Gaule</strong>s te<br />

conjurent, ô César, d’avoir le courage de supporter ton bonheur. De son<br />

éloquence, il nous est difficile de nous former une idée qui ne soit pas<br />

contradictoire. Il avait, nous dit-on, <strong>la</strong> chaleur, <strong>la</strong> force, <strong>et</strong> cependant on lui<br />

reprochait de parler avec recherche, trop bien <strong>et</strong> trop longuement. Domitius Afer<br />

fut à tous égards un personnage plus considérable, préteur sous Tibère, consul<br />

sous Caligu<strong>la</strong>, curateur des eaux sous C<strong>la</strong>ude, <strong>et</strong>, au dire de Quintilien, le plus<br />

grand orateur de son temps. Il plut à ce juge délicat par sa fidélité aux traditions<br />

c<strong>la</strong>ssiques, par <strong>la</strong> pur<strong>et</strong>é de son goût, qui contrastait avec l’emphase <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

subtilité espagnoles, alors à <strong>la</strong> mode. On vantait son agrément, sa finesse, ses<br />

réparties heureuses <strong>et</strong> pleines de malice.<br />

[MARCUS APER. JULIUS SECUNDUS] Une verve amusante relève les propos d’un<br />

autre Gaulois, l’avocat Marcus Aper, le détracteur de <strong>la</strong> poésie dans le dialogue<br />

des Orateurs. Il y représente l’esprit positif, le bon sens pratique <strong>et</strong> un peu terre<br />

à terre. Mais il s’échauffe <strong>et</strong> s’exalte en par<strong>la</strong>nt de son art, le plus beau de tous,<br />

à l’entendre, comme le plus utile. Très moderne d’ailleurs, il n’a point, à l’inverse<br />

d’Afer, le respect des modèles consacrés. Les grands noms ne lui imposent point.<br />

En quelques traits acérés, il dégonfle <strong>la</strong> période cicéronienne ; ses préférences<br />

sont pour <strong>la</strong> phrase courte, vibrante <strong>et</strong> scintil<strong>la</strong>nte, dans <strong>la</strong> manière de Sénèque.<br />

A ses côtés, Tacite introduit son compatriote <strong>et</strong> rival Julius Secundus, neveu par<br />

son père de Julius Florus, nature plus harmonieuse, plus complète, plus

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