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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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Aucune société n’a plus aimé <strong>et</strong> plus honoré les l<strong>et</strong>tres. Ce qu’on peut lui<br />

reprocher, c’est d’en avoir poussé le culte jusqu’à <strong>la</strong> superstition.<br />

[MAUVAISE CONCEPTION DES ÉTUDES] Nous touchons ici au vice de c<strong>et</strong>te éducation<br />

si bril<strong>la</strong>nte <strong>et</strong> si admirée. Elle mérite <strong>notre</strong> attention à un double titre : elle<br />

traduit à sa manière, elle explique à certains égards les faiblesses de ce monde<br />

sur son déclin, <strong>et</strong>, d’autre part, elle ne périra pas avec lui tout entière, elle lui<br />

survivra par plusieurs traits dans les écoles du Moyen âge <strong>et</strong> <strong>la</strong> tradition s’en<br />

perpétuera jusque dans celles d’aujourd’hui.<br />

[LES ÉTUDES SECONDAIRES] Une école comme celle de Bordeaux ou d’Autun<br />

n’était pas une université au sens où nous l’entendons. Elle embrassait tout le<br />

cycle des études secondaires <strong>et</strong> supérieures, c’est-à-dire les c<strong>la</strong>sses de<br />

grammaire <strong>et</strong> celles de rhétorique. On n’ignore pas que c’est encore <strong>la</strong> division<br />

consacrée dans nos lycées. <strong>La</strong> grammaire, pas plus alors qu’à présent, n’était<br />

prise dans son acception étroite. Elle comprenait, disait déjà Quintilien, deux<br />

parties : l’art de parler correctement <strong>et</strong> l’explication des auteurs. Ces auteurs<br />

étaient grecs <strong>et</strong> <strong>la</strong>tins, <strong>et</strong> même c’était par les Grecs qu’on commençait. Homère<br />

<strong>et</strong> Ménandre étaient ceux qu’on préférait. Les jeunes <strong>La</strong>tins ne mordaient pas<br />

toujours à c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>ngue étrangère. Ausone s’accuse de lui avoir fait mauvais<br />

visage dans son enfance. Le grec n’en tenait pas moins dans l’enseignement une<br />

p<strong>la</strong>ce d’honneur. Il représentait ce qu’il y avait de plus délicat <strong>et</strong> de plus élevé<br />

dans c<strong>et</strong>te glorieuse civilisation, menacée <strong>et</strong> entamée par le christianisme. Les<br />

seuls maîtres non gaulois que nous rencontrions en <strong>Gaule</strong> sont originaires de <strong>la</strong><br />

Grèce. Le grand-père d’Eumène était Athénien. Les auteurs <strong>la</strong>tins les plus goûtés<br />

étaient en premier lieu Virgile, le plus popu<strong>la</strong>ire des poètes, presque un dieu<br />

déjà, comme il al<strong>la</strong>it le devenir quelques siècles plus tard, puis, très loin après,<br />

Horace <strong>et</strong> Térence. Les prosateurs étaient moins appréciés, <strong>et</strong> l’absence de c<strong>et</strong>te<br />

forte nourriture se faisait sentir. Mais le grand mal, c’était le manque de notions<br />

positives, méthodiquement présentées. Sans doute l’explication des auteurs<br />

n’était pas purement verbale. Elle comportait un commentaire varié,<br />

géographique, historique, philosophique <strong>et</strong> même scientifique. Mais ces<br />

connaissances n’intervenaient qu’à propos des textes. Elles ne formaient pas un<br />

ensemble lié <strong>et</strong> n’excitaient pas à <strong>la</strong> recherche. L’érudition consistait à ressasser<br />

les ouvrages de Varron. C’est l’exégèse stérile, <strong>la</strong> dévotion au livre <strong>et</strong> à <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre<br />

qui continuera à peser sur le monde, à l’9ge de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>stique.<br />

[LES ÉTUDES SUPÉRIEURES] Mêmes <strong>la</strong>cunes dans les c<strong>la</strong>sses supérieures. On est<br />

confondu de voir combien le programme en est restreint. Pas de sciences : elles<br />

étaient battues en brèche par les progrès du mysticisme, <strong>et</strong> d’ailleurs les<br />

Romains ne les avaient jamais estimées que pour leurs applications pratiques.<br />

Pas de philosophie : ils s’en étaient toujours méfiés comme d’un vain bavardage<br />

<strong>et</strong> en <strong>la</strong>issaient le monopole à l’école d’Athènes. Le droit lui-même, <strong>la</strong> création<br />

propre <strong>et</strong> le legs le plus durable de Rome, n’avait de maîtres attitrés que dans les<br />

deux capitales <strong>et</strong> dans l’école de Béryte (Beyrouth). Restait <strong>la</strong> rhétorique. Le texte<br />

à commenter <strong>et</strong> le thème à développer : toute l’éducation se ramenait là.<br />

L’éloquence, après avoir été l’art viril de <strong>la</strong> société antique, était devenue son<br />

divertissement frivole <strong>et</strong> vide. Elle avait joué un si grand rôle qu’il ne semb<strong>la</strong>it<br />

pas qu’elle pût être dépossédée. Seulement elle se réduisait à des exercices tout<br />

conventionnels où <strong>la</strong> grosse affaire était de dissimuler sous l’élégance de <strong>la</strong><br />

phrase le néant des idées. C<strong>et</strong>te discipline, à <strong>la</strong>quelle nous n’avons pas renoncé<br />

tout à fait, pouvait avoir son utilité. Elle pouvait assouplir, affiner les esprits.<br />

Mais, pratiquée pour elle-même, comme un but, non comme un moyen, isolée de<br />

toute étude solide, elle était stérile <strong>et</strong> dangereuse. Elle habituait les jeunes gens

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