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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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épandre partout, se développer librement, suivant sa logique interne, <strong>et</strong> se<br />

substituer, sous <strong>la</strong> forme du roman, au <strong>la</strong>tin proprement dit.<br />

[VICTOIRE COMPLÈTE DU LATIN AU Ve SIÈCLE] <strong>La</strong> victoire complète du <strong>la</strong>tin ne<br />

précède pas de beaucoup le moment où il va faire p<strong>la</strong>ce aux idiomes nouveaux<br />

dont il porte le germe. C’est au Ve siècle en eff<strong>et</strong>, ainsi qu’on peut le conclure de<br />

tout ce qui vient d’être dit, qu’il prend définitivement possession de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>,<br />

dans toute l’étendue de son territoire <strong>et</strong> dans les profondeurs extrêmes de ses<br />

couches sociales. Seule <strong>la</strong> vieille Aquitaine, entre les Pyrénées <strong>et</strong> <strong>la</strong> Garonne, ne<br />

se <strong>la</strong>issa pas envahir tout entière. Plus tenace que le celtique, l’ibère s’y tail<strong>la</strong><br />

dans le pays basque une citadelle inexpugnable. Quant à <strong>notre</strong> Br<strong>et</strong>agne, il parait<br />

bien démontré aujourd’hui que le dialecte celtique dont elle fait encore usage,<br />

dans ses cantons les plus reculés, au lieu de remonter à l’Age de l’indépendance<br />

gauloise, n’est qu’une importation due aux Br<strong>et</strong>ons insu<strong>la</strong>ires, fuyant devant les<br />

Saxons, du Ve au VIIe siècle ap. J.-C.1<br />

Ainsi, par une sorte de paradoxe, c’est quand elle va succomber que Rome<br />

remporte ce dernier triomphe. Mais le fait n’est paradoxal qu’en apparence. Il ne<br />

faut pas être dupe des divisions introduites après coup dans l’histoire. Le prestige<br />

de Rome survécut à sa puissance matérielle. Elle resta pour les peuples <strong>la</strong> cité<br />

maîtresse, bienfaitrice du genre humain. Elle venait d’être prise par A<strong>la</strong>ric quand<br />

Rutilius chantait ses destinées immortelles2, <strong>et</strong> c’est à peu prés à <strong>la</strong> même<br />

époque qu’apparaît pour <strong>la</strong> première fois, dans nos textes, le néologisme de<br />

Romania, si heureusement imaginé pour désigner d’un même mot son empire <strong>et</strong><br />

sa civilisation3. Rien d’étonnant donc si les progrès du <strong>la</strong>tin se sont poursuivis au<br />

milieu des événements qui brisèrent l’unité <strong>romaine</strong><br />

[CAUSES DE LA VICTOIRE DU LATIN] Les Romains n’ont pas fait <strong>la</strong> guerre à <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue des Gaulois. Sans doute ils n’ignoraient point tout ce que leur domination<br />

pouvait gagner à <strong>la</strong> diffusion du <strong>la</strong>tin <strong>et</strong> ils n’ont rien négligé pour en répandre<br />

l’usage. Mais ils n’ont eu recours pour ce<strong>la</strong> à aucun moyen tyrannique. Nous<br />

avons vu que dans le courant du me siècle ils autorisaient les testaments en<br />

celtique.<br />

Le celtique a disparu devant le <strong>la</strong>tin parce qu’il était <strong>la</strong> barbarie <strong>et</strong> le <strong>la</strong>tin <strong>la</strong><br />

civilisation. Mais à l’attrait qu’il exerçait sur tous les esprits avides de culture, il<br />

ajoutait c<strong>et</strong>te supériorité qu’il était <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue officielle dont il devenait impossible<br />

de se passer.<br />

Il était <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue officielle du gouvernement romain <strong>et</strong> de ses agents à tous les<br />

degrés. Les Romains n’avaient pas pour les dialectes grossiers de l’Occident les<br />

mêmes ménagements que pour le grec. Ils ne faisaient pas traduire leurs actes<br />

publics dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue du pays. C’était affaire aux indigènes de les comprendre<br />

ou de se les faire expliquer.<br />

Il était aussi <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue officielle dans le gouvernement des cités. Il peut y avoir<br />

sur ce point quelques difficultés, non pas pour les colonies, mais pour les cités<br />

d’autre sorte, stipendiaires, libres <strong>et</strong> fédérées. Les inscriptions, qui seules<br />

pourraient nous renseigner, sont peu nombreuses, comme on sait, en dehors de<br />

<strong>la</strong> Narbonnaise, <strong>et</strong> appartiennent en général à une époque tardive pour <strong>la</strong>quelle<br />

<strong>la</strong> question ne se pose plus. On remarquera pourtant qu’il n’y en a aucune qui ne<br />

soit <strong>la</strong>tine. Et nous avons à Bordeaux, à Saintes, des dédicaces rédigées en <strong>la</strong>tin<br />

1 Loth, L’émigration br<strong>et</strong>onne en Armorique, 1884.<br />

2 § 2, fin.<br />

3 Gaston Paris, Romania, 1872, p. 1 <strong>et</strong> suiv.

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