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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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[IVe ET Ve SIÈCLES] Passé c<strong>et</strong>te date il faut sauter plus d’un siècle <strong>et</strong> demi pour<br />

arriver au texte bien connu <strong>et</strong> souvent controversé de saint Jérôme (331-420).<br />

Dans son commentaire de l’épître de saint Paul aux Ga<strong>la</strong>tes, Jérôme remarque<br />

que ce peuple, de race celtique, comme on sait, <strong>et</strong> immigré en Asie Mineure<br />

depuis 278 av. J.-C., tout en ayant adopté <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue grecque, dont on se servait<br />

dans tout l’Orient, en avait une qui lui était propre <strong>et</strong> qui offrait des analogies<br />

avec celle des Trévires. On a contesté <strong>la</strong> valeur de ce renseignement en<br />

supposant qu’il était emprunté à quelque document plus ancien, ne s’appliquant<br />

plus à l’époque présente ; mais saint Jérôme, il ne faut pas l’oublier, avait vécu à<br />

Trèves, <strong>et</strong> s’il va chercher là <strong>et</strong> non ailleurs son point de comparaison, c’est<br />

qu’apparemment il se réfère à ses souvenirs personnels1.<br />

Le témoignage de saint Jérôme est le dernier en date parmi ceux qui<br />

mentionnent <strong>la</strong> persistance du celtique. Et déjà à c<strong>et</strong>te époque, si l’on par<strong>la</strong>it<br />

encore c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>ngue, ce n’était pas faute d’entendre le <strong>la</strong>tin. Saint Martin, qui fut<br />

nommé évêque de Tours en 372, était né en Pannonie, <strong>et</strong> il n’y a pas apparence<br />

qu’il connut <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue des Gaulois. On sait pourtant avec quelle puissance il agit<br />

par sa parole sur <strong>la</strong> masse de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

[DISPARITION TOTALE DU CELTIQUE] Au VIe siècle le celtique était complètement<br />

oublié. <strong>La</strong> meilleure preuve c’est qu’alors apparaît le roman, qui commence à<br />

supp<strong>la</strong>nter le <strong>la</strong>tin <strong>et</strong> qui n’est lui-même qu’un <strong>la</strong>tin transformé où les mots<br />

empruntés au celtique tiennent une p<strong>la</strong>ce tout à fait insignifiante, sans compter<br />

qu’ils ont été très vraisemb<strong>la</strong>blement transmis indirectement par l’intermédiaire<br />

du <strong>la</strong>tin, où ils avaient pris au préa<strong>la</strong>ble droit de cité. Sur vingt-six mots environ<br />

dont on peut affirmer <strong>la</strong> provenance celtique dans <strong>notre</strong> vocabu<strong>la</strong>ire actuel, il y<br />

en a dix en eff<strong>et</strong> qui notoirement ont été <strong>la</strong>tins avant de devenir romans <strong>et</strong><br />

français. Et si <strong>la</strong> démonstration n’est pas faite pour les autres, le contraire non<br />

plus n’est pas prouvé.<br />

Le <strong>la</strong>tin qui a donné naissance au roman est le <strong>la</strong>tin popu<strong>la</strong>ire. Rien ne montre<br />

mieux l’oubli où le celtique était tombé à tous les degrés de <strong>la</strong> société gauloise.<br />

[LE LATIN POPULAIRE ET LE ROMAN] Le <strong>la</strong>tin popu<strong>la</strong>ire ou vulgaire a passé de<br />

l’Italie dans les provinces avec les légionnaires, les colons, les émigrants de toute<br />

sorte. Il est devenu ainsi, dans tout le monde occidental, le <strong>la</strong>ngage du peuple,<br />

<strong>la</strong>ngage parlé, non écrit, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue même des inscriptions ne saurait nous<br />

donner une idée, car elles étaient rédigées d’avance dans les formu<strong>la</strong>ires. Et à<br />

vrai dire, nous ne pouvons guère, avec les indices échappés aux auteurs, que<br />

reconstituer ce <strong>la</strong>tin dans ses traits les plus généraux. A plus forte raison est-il<br />

difficile de le suivre dans ses altérations, au contact des dialectes indigènes, en<br />

<strong>Gaule</strong> ou ailleurs. Le fait essentiel, c’est qu’il différait du <strong>la</strong>tin littéraire en usage<br />

dans les c<strong>la</strong>sses cultivées par les mêmes tendances qui à <strong>la</strong> longue ont prévalu<br />

dans <strong>la</strong> formation des <strong>la</strong>ngues modernes. Les rapports de filiation entre le roman<br />

<strong>et</strong> le <strong>la</strong>tin vulgaire sont donc bien établis. Il est avéré d’autre part que le roman<br />

n’a rien emprunté au vocabu<strong>la</strong>ire celtique. De tout ce<strong>la</strong> il résulte que le <strong>la</strong>tin<br />

vulgaire s’était imposé dans les c<strong>la</strong>sses inférieures de manière à y régner sans<br />

partage. Longtemps contenu <strong>et</strong> refoulé dans ces limites par <strong>la</strong> résistance du <strong>la</strong>tin<br />

littéraire, il réussit à en sortir quand <strong>la</strong> décadence de <strong>la</strong> haute culture lui eut livré<br />

<strong>la</strong> société entière. L’obstacle qui s’opposait à son expansion étant levé, il put se<br />

1 Migne, Patrologie <strong>la</strong>tine, t. XXVI, p. 357. M. Perr<strong>et</strong> (Revue celtique, 1870-1872, p. 179 <strong>et</strong> suiv.) objecte que<br />

depuis longtemps toute trace du celtique avait disparu chez les Ga<strong>la</strong>tes d’Asie Mineure, mais le celtique pouvait<br />

subsister à l’état de patois non écrit. Fustel de Cou<strong>la</strong>nges (<strong>Gaule</strong> <strong>romaine</strong>, p. 129) objecte que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue des<br />

Trévires était le germain, mais c’est là une erreur. L’onomastique des Trévires est celtique.

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