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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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CHAPITRE II. — LA VIE INTELLECTUELLE ET MORALE<br />

I. — LE LATIN ET LE CELTIQUE. LES ÉCOLES1.<br />

[DIFFUSION DU LATIN. L’ÉPIGRAPRIE] LA conquête de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> par le <strong>la</strong>tin, tel est le<br />

premier fait qui s’impose à l’attention quand on veut se rendre compte de l’état<br />

intellectuel de <strong>notre</strong> pays sous <strong>la</strong> domination <strong>romaine</strong>.<br />

Parmi les preuves qu’on a données de <strong>la</strong> diffusion du <strong>la</strong>tin, <strong>la</strong> plus frappante est<br />

celle que fournit l’épigraphie. On a découvert en <strong>Gaule</strong> plus de dix mille<br />

inscriptions, dont beaucoup concernant les c<strong>la</strong>sses inférieures de <strong>la</strong> société. Sur<br />

c<strong>et</strong>te masse il en est à peine vingt qui sont rédigées en <strong>la</strong>ngue celtique, <strong>et</strong><br />

encore n’est-il pas sûr qu’elles ne remontent pas au début du premier siècle de<br />

<strong>notre</strong> ère.<br />

<strong>La</strong> diffusion du <strong>la</strong>tin ne suppose pas nécessairement <strong>la</strong> disparition du celtique. On<br />

n’avait jamais beaucoup écrit le celtique. On pouvait ne plus l’écrire du tout <strong>et</strong><br />

continuer à le parler. On pouvait aussi comprendre le <strong>la</strong>tin <strong>et</strong> ne pas se servir de<br />

c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>ngue dans l’usage quotidien. On pouvait même s’en servir de préférence<br />

sans cesser pour ce<strong>la</strong> de comprendre le celtique <strong>et</strong> de le parler quelquefois. <strong>La</strong><br />

question n’est donc pas de savoir si <strong>la</strong> connaissance du <strong>la</strong>tin s’est répandue, mais<br />

si le celtique a subsisté, <strong>et</strong> dans quelle mesure, <strong>et</strong> jusqu’à quelle époque.<br />

L’épigraphie, loin d’autoriser les solutions tout d’une pièce, nous apprend le<br />

compte qu’il faut tenir des milieux. <strong>La</strong> Narbonnaise où, d’après Strabon, les<br />

Cavares commençaient à parler <strong>la</strong>tin dés le règne de Tibère2, est évidemment<br />

une des contrées où le celtique a dû céder le plus vite. Or, c’est l’épigraphie de <strong>la</strong><br />

Narbonnaise qui est non seulement <strong>la</strong> plus riche, mais <strong>la</strong> plus correcte, <strong>et</strong> aussi <strong>la</strong><br />

plus également répartie au point de vue géographique. Celle des trois Provinces,<br />

beaucoup moins abondante, <strong>et</strong> somme toute assez pauvre, surtout dans le<br />

Centre <strong>et</strong> le Nord-Ouest, loin du foyer de <strong>la</strong> civilisation <strong>romaine</strong> <strong>et</strong> des pays<br />

d’occupation militaire, est avec ce<strong>la</strong> d’une <strong>la</strong>tinité souvent douteuse, <strong>et</strong> de plus<br />

concentrée en général dans les villes <strong>et</strong> autour. On en conclura que les progrès<br />

du <strong>la</strong>tin ont été moins rapides dans ces régions <strong>et</strong> particulièrement lents dans les<br />

districts ruraux.<br />

Qu’un peuple en arrive à désapprendre sa <strong>la</strong>ngue, c’est un phénomène dont<br />

l’histoire offre plus d’un exemple, mais qui ne s’accomplit qu’à <strong>la</strong> longue, <strong>et</strong> qui,<br />

en <strong>Gaule</strong>, ne parait pas avoir demandé moins de quatre siècles.<br />

[DE LA PERSISTANCE DU CELTIQUE] A quelle date dernière pouvons-nous constater<br />

<strong>la</strong> survivance du celtique ? Les textes qui nous renseignent sur ce point sont peu<br />

nombreux <strong>et</strong>, parmi ceux qu’on a invoqués, il y en a qui ne sont pas<br />

convaincants.<br />

1 OUVRAGES À CONSULTER. Budinsky, Die Ausbreitung der <strong>la</strong>teinischen Sprache über Italien und die<br />

Provinzen, 1881. Gröber, Grundriss der romanischen Philologie, I, p. 290 <strong>et</strong> suiv., 1888. Bonn<strong>et</strong>, Le <strong>la</strong>tin de<br />

Grégoire de Tours, 1890. Brunot, Origines de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, dans l’Histoire de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> de <strong>la</strong> littérature<br />

française, publiée sous <strong>la</strong> direction de P<strong>et</strong>it de Julleville, I, 1885. Mohl, Introduction à <strong>la</strong> chronologie du <strong>la</strong>tin<br />

vulgaire, Bibliothèque des Hautes Etudes, 1899. Naud<strong>et</strong>, Mémoire sur l’Instruction publique chez les anciens <strong>et</strong><br />

principalement chez les Romains, Mémoires de l’Acad. des Inscriptions, 1831. Jung, De scholie romanis in Gallia<br />

comata, 1885. Boissier, <strong>La</strong> fin du paganisme, 2e édit., 1891, I, p. 145 <strong>et</strong> suiv. Jullian, Les premières Universités<br />

françaises. L’école de Bordeaux au IVe siècle, Revue internationale de l’Enseignement, 1883.<br />

2 IV, I, 12.

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