28.06.2013 Views

La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>la</strong> Reuss. Elle avait pour chef-lieu Avenches (Aventicum), sur <strong>la</strong> route qui, plus au<br />

Sud, se bifurquait d’un côté vers Lyon, de l’autre vers le Grand Saint-Bernard.<br />

Avenches était une de ces villes qui tenaient leur principale importance de leur<br />

position sur le passage des troupes, <strong>et</strong> l’aspect de ses ruines montre assez<br />

qu’elle sut m<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te circonstance à profit.<br />

[LES MESURES DE DÉFENSE] Tout ce pays resta pendant près d’un siècle une zone<br />

militaire, exposée, non pas seulement aux attaques des Germains, mais aussi<br />

aux déprédations des tribus alpestres. Contre le premier ennemi, il était couvert<br />

par <strong>la</strong> légion cantonnée à Vindonissa (Windisch). Vindonissa, au confluent de l’Aar<br />

<strong>et</strong> de <strong>la</strong> Reuss, à moitié chemin entre l’armée du Rhin <strong>et</strong> celle du Danube, avait<br />

paru mieux appropriée aux nécessités stratégiques que le site choisi par<br />

Munatius P<strong>la</strong>ncus, <strong>et</strong> c’est sans doute <strong>la</strong> raison qui arrêta dès le début <strong>la</strong> fortune<br />

de <strong>la</strong> colonie des Rauraques. Pour parer à l’autre danger on avait disposé, le long<br />

des voies militaires <strong>et</strong> à l’entrée des vallées <strong>la</strong>térales, une suite de postes<br />

fortifiés pouvant au besoin se tendre <strong>la</strong> main. Les Helvètes concouraient à <strong>la</strong><br />

défense, non par les contingents qu’ils versaient dans l’armée <strong>romaine</strong> <strong>et</strong> qu’on<br />

employait ailleurs, en dehors de leur pays sinon à une grande distance, dans <strong>la</strong><br />

Rétie notamment, mais par les corps qu’ils entr<strong>et</strong>enaient à leurs frais, pour les<br />

utiliser sur p<strong>la</strong>ce, en vertu d’un privilège spécial1.<br />

[LA ROMANISATION] <strong>La</strong> situation changea quand l’extension de <strong>la</strong> domination<br />

<strong>romaine</strong> dans le bassin du Neckar eut reporté <strong>la</strong> frontière au delà du Rhin. C<strong>et</strong><br />

événement, qui coïncide avec l’élévation d’Avenches au rang de colonie, (Colonia<br />

Pia F<strong>la</strong>via Constans Emerita Aventicum Helv<strong>et</strong>iorum foederata), ouvrit, pour <strong>la</strong> nation<br />

helvétique, une longue ère de paix <strong>et</strong> de prospérité. Ce fut ici, comme en tant<br />

d’autres pays, l’époque décisive de <strong>la</strong> romanisation. Il s’en faut pourtant qu’elle<br />

ait été partout également profonde. Tandis que dans le Sud-Ouest les<br />

inscriptions ne <strong>la</strong>issent pas d’être nombreuses, eu égard à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, elles se<br />

raréfient dans l’Est <strong>et</strong> le Nord, dans les cantons de Berne, de Soleure, d’Argovie,<br />

de Bale, <strong>et</strong>, ce qui n’est pas moins caractéristique, elles sont dues <strong>la</strong> plupart, non<br />

à des indigènes, mais à des fonctionnaires ou à des soldats. <strong>La</strong> distinction qui<br />

existe aujourd’hui entre les deux Suisses allemande <strong>et</strong> romande remonte donc à<br />

l’antiquité, sauf qu’au lieu d’une Suisse allemande nous avons alors une Suisse<br />

celtique. Quand se produisit l’invasion germanique, le <strong>la</strong>tin se maintint là où il<br />

s’était imp<strong>la</strong>nté le plus fortement. Il représentait une tradition qui s’imposa<br />

même aux Barbares. Le celtique n’était pas armé pour <strong>la</strong> lutte. Il ne conservait<br />

pas le dépôt d’une civilisation supérieure. Il était naturel qu’il s’effaçât pour céder<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue du vainqueur.<br />

[LES PROVINCES GERMANIQUES. ASPECT GÉNÉRAL] Les provinces germaniques nous<br />

réservent une surprise. <strong>La</strong> civilisation y est plus dégagée d’alliage indigène que<br />

dans <strong>la</strong> Belgique, <strong>la</strong> Lyonnaise <strong>et</strong> même l’Aquitaine. Les noms propres reviennent<br />

aux formes <strong>et</strong> aux règles de l’onomastique <strong>la</strong>tine. Aux divinités nationales se<br />

mêlent en plus grand nombre les figures de l’Olympe italique. Nous voyons<br />

reparaître les représentations mythologiques, familières aux artistes romains. On<br />

se croirait dans <strong>la</strong> Narbonnaise, dans une Narbonnaise grossière <strong>et</strong> à moitié<br />

barbare.<br />

Il ne faut pas s’y tromper. Les monuments, les inscriptions ne disent pas tout.<br />

Derrière ce décor on devine <strong>la</strong> réalité qu’il nous dérobe. <strong>La</strong> preuve que ni <strong>la</strong><br />

1 L’institution à Nyon d’un préf<strong>et</strong> pour combattre le brigandage (praefectus arcendis <strong>la</strong>trociniis) rentre dans ce<br />

système. Liv. I, chap. II, § 5.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!