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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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ude que de coutume, que le fleuve charriait des g<strong>la</strong>çons, <strong>et</strong> que les habitants<br />

avaient l’habitude de se chauffer dans leurs maisons avec des poêles1. Tout ce<strong>la</strong><br />

ne nous change guère, sauf <strong>la</strong> culture de <strong>la</strong> vigne <strong>et</strong> du figuier <strong>et</strong> <strong>la</strong> limpidité de<br />

<strong>la</strong> Seine, qui n’était contaminée en amont par aucune ville <strong>et</strong> ne traversait à<br />

Paris même qu’une agglomération somme toute peu importante.<br />

[LE CAMP RETRANCHÉ] Paris, dans c<strong>et</strong>te nouvelle phase, nous apparaît encore<br />

comme une ville ouverte. Malgré les terribles leçons du siècle précédent, on<br />

n’avait pas jugé à propos de l’entourer d’une enceinte, comme on avait fait pour<br />

presque toutes les villes de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. C’était un poste d’observation, non une<br />

p<strong>la</strong>ce forte. Il n’était pourtant pas tout à fait dépourvu de moyens de résistance.<br />

Dans l’espace contenu entre le boulevard Saint-Michel <strong>et</strong> les trois rues Soufflot,<br />

Royer-Col<strong>la</strong>rd <strong>et</strong> Saint-Jacques, s’éleva, comme une annexe du pa<strong>la</strong>is impérial<br />

dont il n’était séparé que par un champ de manœuvres, un de ces camps<br />

r<strong>et</strong>ranchés, une de ces cités militaires que les Romains instal<strong>la</strong>ient pour y loger,<br />

suivant les cas, leurs garnisons permanentes ou leurs troupes de passage. Le<br />

souvenir de c<strong>et</strong>te forteresse s’est conservé fort tard dans <strong>la</strong> tradition parisienne.<br />

En 1358, lors des travaux exécutés pour m<strong>et</strong>tre Paris en état de défense après <strong>la</strong><br />

bataille de Poitiers, on découvrit, entre les portes Saint-Michel <strong>et</strong> Saint-Jacques,<br />

des murs d’une épaisseur énorme. On s’accorda à y voir les restes d’un château<br />

depuis longtemps démoli, dont il était question encore dans certaines chansons<br />

de geste, le château de Hautefeuille (Altum folium, de feuil, réduit, embuscade), le<br />

même qui a <strong>la</strong>issé son nom à une rue, aujourd’hui bornée au voisinage de <strong>la</strong><br />

Seine, mais prolongée anciennement jusqu’au point d’où part à présent <strong>la</strong> rue<br />

Monsieur-le-Prince. Ces murs, de construction toute <strong>romaine</strong>, on les a r<strong>et</strong>rouvés<br />

de nouveau, dans <strong>notre</strong> siècle, quand on entreprit de transformer ce quartier. Ils<br />

étaient enfouis à une grande profondeur, au pied de <strong>la</strong> muraille de Philippe<br />

Auguste, <strong>et</strong> dessinaient le p<strong>la</strong>n d’un vaste quadri<strong>la</strong>tère, conformément aux<br />

principes de <strong>la</strong> castramétation antique. Là se passa, au mois de mai de l’année<br />

360, <strong>la</strong> scène mémorable qui, pour <strong>la</strong> première fois, après un long silence,<br />

ramène dans les textes des historiens le nom de <strong>notre</strong> future capitale. C’est là en<br />

eff<strong>et</strong> que Julien fut proc<strong>la</strong>mé empereur. Et c’est tout prés du camp que le noble<br />

César, assiégé dans son pa<strong>la</strong>is par<strong>la</strong> foule enthousiaste de ses soldats, dut faire<br />

taire ses scrupules <strong>et</strong> accepter le diadème imposé par l’émeute.<br />

[L’ENCEINTE DE LUTÈCE] Le camp r<strong>et</strong>ranché (castra stativa) de <strong>la</strong> montagne Sainte-<br />

Geneviève ne suffit pas pour arrêter les Barbares après Théodose. <strong>La</strong> ville subit<br />

alors une nouvelle dévastation dont témoigne une deuxième couche de cendres<br />

<strong>et</strong> de décombres superposée à <strong>la</strong> première qu’avaient entassée les envahisseurs<br />

du IIIe siècle. C’est à c<strong>et</strong>te époque seulement que les Parisiens, refluant vers<br />

Lutèce, prirent le parti de s’enfermer dans une enceinte continue. Des fouilles<br />

opérées sur divers points de l’île de <strong>la</strong> Cité ont permis d’en reconnaître le tracé.<br />

Les matériaux furent empruntés pour une bonne part aux monuments détruits<br />

par l’invasion. On a r<strong>et</strong>rouvé dans c<strong>et</strong>te muraille des pierres extraites de<br />

l’amphithéâtre. Il y a tout lieu de croire que les autels des nautes en faisaient<br />

également partie. Elle subsistait au IXe siècle, <strong>et</strong> c’est à ses pieds que se brisa<br />

l’effort des pirates normands.<br />

Nous nous sommes arrêtés à Paris plus qu’il n’était nécessaire. Malgré quelques<br />

instants d’un éc<strong>la</strong>t passager aux derniers jours de l’Empire, Paris, il faut l’avouer,<br />

est toujours resté, même alors, à l’arrière-p<strong>la</strong>n. Mais comment résister à l’attrait<br />

1 Misopogon, 4.

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