La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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elle développait, sur une longueur de quinze cents, ses pavés de granit <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
noble perspective de ses édifices privés <strong>et</strong> publics. Le plus remarquable de ces<br />
derniers, le plus cher en tout cas au cœur des habitants, c’étaient ces fameuses<br />
écoles Méniennes, <strong>la</strong> parure <strong>et</strong> l’orgueil de <strong>la</strong> cité. Elles étaient situées à l’endroit<br />
le plus en vue <strong>et</strong> devaient leur nom à une particu<strong>la</strong>rité de leur aménagement, à<br />
ces portiques (moeniana) qui éta<strong>la</strong>ient aux yeux des élèves <strong>la</strong> carte de l’Empire.<br />
Très fréquentées dès le début du Ier siècle, ainsi qu’on peut le voir par les<br />
événements qui se passèrent sous Tibère, lors de <strong>la</strong> révolte de Sacrovir, elles<br />
contribuaient pour une <strong>la</strong>rge part à <strong>la</strong> gloire d’Autun dont elles faisaient le<br />
premier foyer intellectuel des trois Provinces1.<br />
[DÉCADENCE D’AUTUN] <strong>La</strong> splendeur d’Autun s’éclipsa brusquement dans c<strong>et</strong>te<br />
désastreuse fin du IIIe siècle, au cours des événements qui manquèrent alors<br />
détacher <strong>notre</strong> pays de <strong>la</strong> patrie <strong>romaine</strong>2. Les Éduens se montrèrent dans c<strong>et</strong>te<br />
crise fidèles à leur passé. Ils se souvinrent que, les premiers dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong><br />
chevelue, ils avaient été gratifiés du droit de cité, que cent ans plus tôt <strong>et</strong> avant<br />
même <strong>la</strong> conquête, ils avaient mérité du Sénat le titre d’amis <strong>et</strong> frères du peuple<br />
romain. Quand ils apprirent qu’un gouvernement s’était reconstitué assez fort<br />
pour recueillir l’héritage échappé aux mains débiles de Gallien, ils n’hésitèrent<br />
pas. Ils prirent <strong>la</strong> tête du mouvement qui ramenait <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> vers ses souverains<br />
légitimes. On a vu ce qu’il leur en coûta. <strong>La</strong> ville fut prise, incendiée, mise au<br />
pil<strong>la</strong>ge. Les ravages s’étendirent à toute <strong>la</strong> vallée de <strong>la</strong> Saône. Un rhéteur<br />
contemporain nous a décrit l’aspect de ce pays, si florissant autrefois, les<br />
campagnes désertes <strong>et</strong> silencieuses, les routes impraticables, les vignobles se<br />
desséchant au soleil ou pourrissant à <strong>la</strong> pluie, les terres de <strong>la</strong>bour couvertes de<br />
broussailles ou envahies par les eaux3.<br />
Autun ne devait pas se relever de c<strong>et</strong>te catastrophe. C’est en vain que Constance<br />
Chlore <strong>et</strong>, après lui, Constantin voulurent acquitter <strong>la</strong> d<strong>et</strong>te de reconnaissance<br />
contractée envers tant de dévouement. Ils firent de leur mieux pour sou<strong>la</strong>ger <strong>la</strong><br />
misère des habitants, pour restaurer les édifices, pour rendre aux écoles leur<br />
popu<strong>la</strong>rité <strong>et</strong> leur éc<strong>la</strong>t. <strong>La</strong> décadence était irrémédiable, car elle tenait à des<br />
causes <strong>indépendante</strong>s, somme toute, des faits qui avaient contribué seulement à<br />
<strong>la</strong> précipiter. L’antique prestige des Éduens avait pu imposer <strong>la</strong> fondation d’une<br />
grande ville au pied de leur oppidum. II avait pu favoriser <strong>et</strong> soutenir assez<br />
longtemps c<strong>et</strong>te création à beaucoup d’égards factice. Il était impuissant à <strong>la</strong><br />
faire durer. Il eût fallu pour ce<strong>la</strong> un site mieux choisi, dans une contrée moins<br />
écartée, plus accessible, plus <strong>la</strong>rgement pourvue des débouchés indispensables à<br />
l’industrie <strong>et</strong> au commerce. <strong>La</strong> Rome celtique conserva dans son déclin quelque<br />
chose de son ancienne physionomie, aux beaux jours de son histoire. Elle<br />
demeura le siège d’une société l<strong>et</strong>trée <strong>et</strong> polie. On admirait encore <strong>la</strong> masse de<br />
ses remparts, bien que démantelés <strong>et</strong> impropres à <strong>la</strong> défendre. Mais Ausone ne<br />
<strong>la</strong> cite plus, à <strong>la</strong> fin du IVe siècle, parmi les villes principales de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>.<br />
[AUXERRE. SENS] Pour trouver un centre de quelque importance au delà d’Autun,<br />
il fal<strong>la</strong>it cheminer de longues journées dans l’immense forêt que traversait<br />
l’Yonne. Auxerre (Autessiodurum), qu’on rencontrait tout d’abord, n’avait rien qui<br />
r<strong>et</strong>int l’attention. On s’arrêtait plus volontiers à Sens (Agedincum), <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> plus<br />
considérable de <strong>la</strong> région Séquanaise, ainsi qu’en témoignent les richesses de<br />
son musée <strong>et</strong> le périmètre de l’enceinte où elle s’abrita, sur le tard, contre <strong>la</strong><br />
1 Chap. II, § 1.<br />
2 Liv. II, chap. I, § 2.<br />
3 Panegyrici v<strong>et</strong>eres. Incerti gratiarum actio Constantino Augusto, 6-8.