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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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héteurs1. Jusqu’alors les Borde<strong>la</strong>is ne s’étaient guère distingués dans les<br />

travaux de l’esprit. Ils vivaient bien <strong>et</strong> dépensaient <strong>la</strong>rgement, pour leur p<strong>la</strong>isir<br />

<strong>et</strong>, plus encore, pour leur vanité. Ils aimaient le faste, le clinquant. C’est ainsi du<br />

moins que les représente, vers <strong>la</strong> fin du premier siècle, une épigramme du poète<br />

Martial : Je veux une maîtresse facile, de celles qui courent vêtues d’un simple<br />

manteau... <strong>La</strong> beauté qui demande de l’or <strong>et</strong> qui fait de grandes phrases, je<br />

l’abandonne à l’épais Borde<strong>la</strong>is2. <strong>La</strong> richesse héréditaire avait fini pourtant par<br />

les affiner. Leur activité, détournée de son premier but ou du moins fort ralentie<br />

dans ce sens, se porta d’autant plus vivement vers c<strong>et</strong> autre obj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> l’on vit<br />

fleurir alors, pour <strong>la</strong> première fois, sur les bords de <strong>la</strong> Gironde, ce goût du bien<br />

dire, de l’éloquence ingénieuse <strong>et</strong> bril<strong>la</strong>nte qui devait rester de tradition dans ce<br />

pays.<br />

[SAINTES] Quand, au IVe siècle, on quittait Bordeaux pour se diriger vers <strong>la</strong><br />

Loire, on commençait en général par descendre <strong>la</strong> Gironde jusqu’à B<strong>la</strong>via (B<strong>la</strong>ye).<br />

Là on prenait une route qui était parmi les plus fréquentées de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> <strong>et</strong> dont<br />

l’animation nous a été décrite par le poète Ausone. C’était par c<strong>et</strong>te voie en eff<strong>et</strong><br />

que s’opérait tout le transit entre le nord <strong>et</strong> le sud de l’Europe occidentale. <strong>La</strong><br />

première étape était Saintes, Medio<strong>la</strong>num Santonum, le chef-lieu de <strong>la</strong> grande<br />

nation des Santons. Ils avaient tenu dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> <strong>indépendante</strong> une tout autre<br />

p<strong>la</strong>ce que les Bituriges Vivisques. I1 est donc assez naturel que l’attention du<br />

vainqueur se soit dirigée tout d’abord <strong>et</strong> de préférence de leur côté. Saintes nous<br />

apparaît à l’origine comme <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> plus favorisée de l’Ouest. Auguste, on n’en<br />

saurait douter, avait formé pour elle de grands proj<strong>et</strong>s. Il rêvait d’en faire <strong>la</strong><br />

métropole de l’Aquitaine, un foyer de romanisation qui eût été pour c<strong>et</strong>te<br />

province ce que Lyon était devenu pour les trois <strong>Gaule</strong>s. Il trouvait, pour ce<br />

dessein, un merveilleux instrument dans l’aristocratie saintongeoise, une des<br />

plus empressées à se j<strong>et</strong>er dans les carrières diverses ouvertes par le nouveau<br />

régime. Dés <strong>la</strong> première heure, on voit les nobles Santons servant avec les<br />

grades équestres dans les armées du Rhin, puis, de r<strong>et</strong>our dans leur patrie, se<br />

consacrant avec <strong>la</strong> même ardeur aux devoirs de <strong>la</strong> vie municipale. Rome n’eut<br />

pas de suj<strong>et</strong>s plus dociles, de missionnaires plus zélés, plus convaincus. Le nom<br />

de Julius, qu’ils portaient pour <strong>la</strong> plupart, prouve qu’ils tenaient leur droit de cité<br />

des princes de <strong>la</strong> famille Julienne. Beaucoup pouvaient se vanter de devoir ce<br />

privilège, par l’intermédiaire de leurs ascendants, à César lui-même. Rien de plus<br />

instructif à ce point de vue que leurs inscriptions. Elles montrent comment s’est<br />

effectuée <strong>la</strong> transition entre le Gaulois <strong>et</strong> le citoyen, par quelle gradation le<br />

premier dépouil<strong>la</strong>it le vieil homme pour se convertir en parfait Romain. Nous<br />

avons cité ailleurs l’exemple de C. Julius Rufus, arrière-p<strong>et</strong>it-fils<br />

d’Eposteravidus3. Ce fut lui qui, en l’an 21 ap. J.-C., éleva à Tibère, à<br />

Germanicus <strong>et</strong> à Drusus l’arc de triomphe qui se dresse encore, bien que dép<strong>la</strong>cé<br />

pierre par pierre, à l’entrée de <strong>la</strong> ville. L’amphithéâtre, le plus vaste peut-être de<br />

<strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, appartient à <strong>la</strong> même époque. C<strong>et</strong>te splendeur ne dura pas. <strong>La</strong> situation<br />

de Bordeaux était trop belle pour que <strong>la</strong> prééminence ne lui revint pas tôt ou<br />

tard. Mais, bien que détrônée <strong>et</strong> éclipsée par sa voisine, Saintes put se consoler<br />

de c<strong>et</strong>te décadence re<strong>la</strong>tive. Son commerce, au croisement des trois routes sur<br />

Bordeaux, Poitiers <strong>et</strong> Périgueux, ne pouvait manquer d’être actif. Son industrie<br />

surtout était florissante. Ses drapiers faisaient concurrence à ceux d’Arras <strong>et</strong> de<br />

<strong>La</strong>ngres. Enfin elle avait son territoire dont <strong>la</strong> fertilité avait excité les convoitises<br />

1 Chap. II, § 1 <strong>et</strong> 2.<br />

2 IX, 32.<br />

3 Livre I, chap. III, § 2.

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