La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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s’appuyer au rocher de Pierre Seize <strong>et</strong> au quartier dit de <strong>la</strong> Quarantaine. Il<br />
coupait, au point où ils commencent à se perdre dans <strong>la</strong> campagne, les<br />
faubourgs de Saint-Irénée <strong>et</strong> de Saint-Just. Dans c<strong>et</strong> espace étaient accumulés,<br />
entre les rues populeuses, grimpantes <strong>et</strong> étroites, tous les édifices officiels. Le<br />
temps a fait table rase de ces constructions. Par un contraste singulier, <strong>la</strong><br />
capitale des <strong>Gaule</strong>s est, parmi toutes nos villes <strong>romaine</strong>s, une de celles qui ont<br />
conservé de c<strong>et</strong>te période de <strong>notre</strong> histoire les vestiges les moins apparents. Si<br />
les inscriptions ont été r<strong>et</strong>irées en quantité énorme des entrailles du sol <strong>et</strong> du lit<br />
des rivières, si les galeries du pa<strong>la</strong>is des Arts en regorgent à en déborder, en<br />
revanche les ruines monumentales sont presque entièrement absentes. Les plus<br />
importantes, ou pour mieux dire les seules, ont été jusqu’en ces derniers temps<br />
les ruines des aqueducs. Ils étaient, rien que pour desservir <strong>la</strong> ville haute, au<br />
nombre de quatre parmi lesquels celui du Pi<strong>la</strong>t développe une ligne d’arceaux<br />
non moins étendue <strong>et</strong> grandiose qu’à Fréjus. A ces débris sont venus s’ajouter<br />
les tombeaux dont nous avons parlé tout à l’heure <strong>et</strong> qui forment présentement<br />
<strong>la</strong> décoration de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de Chou<strong>la</strong>ns, où ils ont été transportés pièce par pièce.<br />
C’est tout ce qui évoque aux yeux du promeneur l’image du vieux Lugdunum.<br />
L’archéologue, habitué à se guider sur des indices cachés, peut restituer, du<br />
moins dans une certaine mesure, <strong>la</strong> topographie de <strong>la</strong> ville. Au centre un mur de<br />
soutènement supporte <strong>la</strong> terrasse où s’allongeait le Forum. Il existait encore au<br />
temps de Louis le Débonnaire <strong>et</strong> s’appe<strong>la</strong>it alors le vieux Forum, Forum v<strong>et</strong>us,<br />
d’où les noms de Forviel, Forvièdre <strong>et</strong> Fourvière. Plus bas, sous les bâtiments de<br />
l’hospice de l’Antiquaille, se dérobent de vastes substructions. Les fûts de<br />
colonne, les fragments de marbre, de jaspe, de porphyre qu’on a recueillis dans<br />
ces décombres il y a plus de deux siècles, dénotent l’emp<strong>la</strong>cement d’une<br />
demeure somptueuse, où l’on a pu reconnaître le pa<strong>la</strong>is impérial, résidence des<br />
empereurs, toutes les fois qu’ils étaient de passage à Lyon, ce qui arrivait<br />
fréquemment. Il s’élevait au milieu de beaux jardins <strong>et</strong> faisait partie d’un groupe<br />
comprenant l’hôtel de <strong>la</strong> Monnaie, <strong>la</strong> caserne de <strong>la</strong> dix-septième cohorte urbaine,<br />
le tribunal du gouverneur ou pra<strong>et</strong>orium, <strong>et</strong> au-dessous, dans les fondations, <strong>la</strong><br />
prison. C’est dans ce sombre réduit que furent détenus, avant le sup-. p<strong>la</strong>ce, les<br />
confesseurs de <strong>la</strong> foi, en l’an 177 après J.-C.1 Des fouilles récentes ont mis au<br />
jour <strong>la</strong> courbe de l’amphithéâtre où vint se dénouer ce drame, fameux entre tous<br />
dans les annales du christianisme naissant.<br />
[LA VILLE BASSE] <strong>La</strong> colline de Fourvière doit peut-être à ce souvenir le caractère<br />
original qu’elle a pris par <strong>la</strong> suite <strong>et</strong> gardé. C’est <strong>la</strong> cité sainte des dévots<br />
lyonnais, occupée en majeure partie par des couvents <strong>et</strong> dominée par le<br />
sanctuaire consacré à <strong>la</strong> Vierge. Le Lyon actif, vivant, est descendu par les<br />
pentes rapides du quartier Saint-Jean. Il s’est étalé dans <strong>la</strong> presqu’île formée par<br />
le rapprochement de <strong>la</strong> Saône <strong>et</strong> du Rhône. Il s’est avancé, au delà du fleuve,<br />
dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine dauphinoise. Ce mouvement avait commencé déjà dans l’antiquité.<br />
Il était fatal. Lyon fut, dès le principe, un grand centre commercial, un<br />
gigantesque entrepôt où venaient affluer toute l’importation <strong>et</strong> toute l’exportation<br />
de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Le va-<strong>et</strong>-vient du trafic y attirait une foule d’étrangers dont<br />
beaucoup devenaient des résidents. Ce n’étaient pas seulement des Gaulois de<br />
tous les coins de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, des Italiens, des Espagnols. C’étaient aussi <strong>et</strong> en très<br />
grand nombre des Grecs, des Syriens. De là viennent les traits qui distinguent<br />
spécialement l’église lyonnaise. Nulle autre ne porte au même degré l’empreinte<br />
hellénique, nulle ne fut plus ouverte aux sectes orientales <strong>et</strong> à leurs rêveries<br />
1 Contesté par Steyert, ouvr. cité, p. 411.