La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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détachée. Il reparaît deux siècles <strong>et</strong> demi plus tard sur celles que fit frapper<br />
Albinus, lorsqu’il gouverna de Lyon <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> l’Espagne.<br />
L’interprétation du nom de Lugudunum par un thème lugu signifiant corbeau<br />
paraît donc avoir été admise par les anciens. Pour concilier c<strong>et</strong>te explication avec<br />
<strong>la</strong> précédente, il faudrait établir entre l’oiseau symbolique des Lyonnais <strong>et</strong> les<br />
emblèmes du dieu Lug une re<strong>la</strong>tion qui n’est pas encore démontrée.<br />
On a remarqué que le corbeau, que les anciens considéraient comme doué de<br />
l’instinct de prédiction, est fréquemment associé, sur leurs monuments, à <strong>la</strong><br />
corne d’abondance, ce qui voudrait dire prédiction d’abondance, dans le <strong>la</strong>ngage<br />
figuré dont ils étaient coutumiers. De c<strong>et</strong>te liaison d’idées serait venue, pour <strong>la</strong><br />
colonie fondée sur <strong>la</strong> colline des corbeaux, le nom de Colonia Copia Lugudunensis<br />
(copia : abondance), un nom dont nous avons sur nos médaillons en terre cuite <strong>la</strong><br />
traduction p<strong>la</strong>stique, car c’est avec <strong>la</strong> corne d’abondance que le génie de Lyon y<br />
est représenté. Plus tard elle ajouta à ce nom l’épithète de C<strong>la</strong>udia, comme un<br />
hommage à l’empereur C<strong>la</strong>ude, qui était né dans ses murs <strong>et</strong> dont elle éprouva,<br />
de diverses manières, <strong>la</strong> bienveil<strong>la</strong>nce.<br />
[CROISSANCE RAPIDE DE LYON] <strong>La</strong> croissance de Lyon fut comme instantanée. <strong>La</strong><br />
ville surgit du premier coup, égale par son importance aux destinées qui lui<br />
étaient faites. On en peut juger par un ensemble de monuments qui offrent<br />
précisément c<strong>et</strong> intérêt de <strong>la</strong> faire revivre dans son plus lointain passé. C’est une<br />
suite de tombeaux exhumés, il y a une dizaine d’années, le long de l’ancienne<br />
voie d’Aquitaine <strong>et</strong> de <strong>la</strong> rue actuelle de Trion. Par <strong>la</strong> disposition architecturale,<br />
par les caractères épigraphiques, ils appartiennent sans conteste à l’époque<br />
d’Auguste. On ne saurait mieux les comparer qu’à un autre monument de même<br />
espèce <strong>et</strong> de même date, le mausolée des Jules, à Saint-Rémy. <strong>La</strong> ressemb<strong>la</strong>nce,<br />
il est vrai, ne frappe pas au premier abord. Il faut, pour s’en rendre compte,<br />
redresser sur leur base ces édifices écroulés. Mais les débris épars autour<br />
fournissent les éléments de c<strong>et</strong>te restauration. On revoit alors les deux étages<br />
superposés avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>nterne qui les couronne. Telles étaient les sépultures où<br />
dormaient les premiers Lyonnais, les colons expulsés de Vienne, ou leurs fils ou<br />
ceux qui s’étaient associés à leur fortune. On comprend à ce spectacle ce que<br />
nous dit Strabon quand il nous apprend, dès le début du règne de Tibère, que<br />
Lyon était, après Narbonne, <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> plus considérable, <strong>la</strong> plus peuplée de <strong>la</strong><br />
<strong>Gaule</strong>. Sans doute elle n’a jamais approché des grandes métropoles de l’Orient,<br />
Alexandrie ou Antioche. L’Occident romain, tout neuf à <strong>la</strong> vie urbaine, n’a pas<br />
connu ces fourmilières propres aux pays anciennement civilisés. Ce qu’était <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion du Lyon antique, il est impossible de le calculer, toute statistique<br />
positive faisant défaut. On voit seulement qu’elle devait être de beaucoup<br />
inférieure à celle du Lyon moderne, car elle couvrait une superficie bien moindre.<br />
Mais une ville ne vaut pas seulement par le nombre de ses habitants, <strong>et</strong> ce<br />
nombre lui-même n’a qu’une valeur re<strong>la</strong>tive, par comparaison avec les autres<br />
centres situés dans <strong>la</strong> même région.<br />
C’est après le règne de Néron, après le terrible incendie qui dévora <strong>la</strong> ville en l’an<br />
65 <strong>et</strong> d’où elle se releva plus belle <strong>et</strong> plus prospère qu’auparavant, qu’il faut<br />
contempler ce qu’on peut appeler dès lors l’agglomération lyonnaise. Car elle se<br />
composait de deux ou même de trois villes dont chacune avait un aspect<br />
différent.<br />
[LA VILLE HAUTE] <strong>La</strong> première en date, demeurée aussi <strong>la</strong> principale, s’élevait sur<br />
le coteau que sa force défensive avait désigné au choix du fondateur. Le rempart<br />
qui l’enveloppait décrivait un demi-cercle dont les deux extrémités venaient