La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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thermes <strong>et</strong> leurs dépendances. Du milieu de ces ruines surgit, non pas intact,<br />
mais debout, le charmant édicule sur <strong>la</strong> destination duquel on a tant discuté <strong>et</strong><br />
qui paraît être décidément le temple de <strong>la</strong> fontaine Nemausus, une des<br />
innombrables divinités fluviales adorées par nos pères. Elle a donné son nom à <strong>la</strong><br />
ville, <strong>et</strong> les habitants n’ont pas cessé de lui rendre un culte jusqu’à <strong>la</strong> fin du<br />
paganisme. Elle est aimée encore pour <strong>la</strong> fraîcheur que verse, dans les rues<br />
poudreuses, son ruisseau grossi par les pluies. Mais les pluies sont rares dans ce<br />
pays, <strong>et</strong> Nîmes aurait été dans l’antiquité ce qu’elle est restée si longtemps dans<br />
les temps modernes, <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> plus altérée de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, si les Romains n’y<br />
avaient pourvu par un de ces travaux grandioses dont ils étaient coutumiers.<br />
Rien ne leur coûtait pour assurer aux centres les plus modestes <strong>la</strong> jouissance<br />
d’une eau abondante <strong>et</strong> salubre. Ce qu’ils ont fait à c<strong>et</strong> égard est peut-être ce qui<br />
donne de leur civilisation matérielle <strong>la</strong> plus haute idée. C’est un point en tout cas<br />
par où elle se montre fort supérieure à <strong>la</strong> nôtre. En ce qui concerne Nîmes, leurs<br />
ingénieurs, en peut le dire, se sont surpassés. Tout le monde connaît le<br />
merveilleux ouvrage improprement appelé le pont du Gard. Ce pont est un<br />
morceau de l’aqueduc qui al<strong>la</strong>it capter, près d’Uzès, les sources de l’Eure <strong>et</strong> de<br />
l’Airan. <strong>La</strong> cuv<strong>et</strong>te, où les promeneurs circulent à l’aise, repose sur trois étages<br />
d’arcades <strong>la</strong>ncés, d’un j<strong>et</strong> superbe, au-dessus de <strong>la</strong> vallée du Gardon.<br />
L’impression produite par c<strong>et</strong>te masse est surprenante. Colossale <strong>et</strong> légère, elle<br />
apparaît brusquement, au détour de <strong>la</strong> route, dans le gracieux paysage qui lui<br />
sert de cadre. Les eaux amenées en ville étaient distribuées au moyen d’un<br />
système de canalisation qu’on a pu étudier en partie.<br />
Signalons encore, sur <strong>la</strong> colline où elle se dresse pour dominer toute <strong>la</strong><br />
campagne d’alentour, <strong>la</strong> Tour haute ou Tourmagne, dans <strong>la</strong>quelle il est probable<br />
qu’il ne faut voir autre chose qu’un gigantesque mausolée. Nous aurons épuisé<br />
ainsi, ou à peu près, <strong>la</strong> liste des monuments qui ont <strong>la</strong>issé quelque vestige. Mais<br />
combien d’autres ont disparu ! Il faut mentionner du moins <strong>la</strong> basilique élevée<br />
par l’empereur Hadrien en mémoire de sa bienfaitrice Plotine, un édifice<br />
admirable, nous dit le biographe de ce prince, mais dont on a voulu en vain<br />
r<strong>et</strong>rouver les traces.<br />
[CULTES NATIONAUX ET ÉGYPTIENS] Nîmes dut au caractère mêlé de sa popu<strong>la</strong>tion<br />
une physionomie originale. Les divinités nationales y étaient fort en honneur <strong>et</strong><br />
l’on a exhumé de son sol un nombre re<strong>la</strong>tivement considérable d’inscriptions<br />
celtiques. En même temps elle rappe<strong>la</strong>it par plus d’un trait <strong>la</strong> provenance<br />
orientale de ses colons. Les noms à forme grecque tiennent une assez <strong>la</strong>rge<br />
p<strong>la</strong>ce dans son épigraphie, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te épigraphie elle-même se ressent des<br />
formules alexandrines. Ce qui est remarquable encore, c’est l’importance, dans<br />
ce coin de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, des cultes égyptiens. Tandis que dans les autres villes<br />
gauloises, ils ne figurent qu’à l’état de singu<strong>la</strong>rités, ici ils sont groupés <strong>et</strong><br />
organisés. Les collèges des sectateurs d’Isis <strong>et</strong> d’Anubis sont même les seules<br />
confréries qu’on ait rencontrées jusqu’à présent chez les Nîmois.<br />
[RIVE DROITE DU RHÔNE] Vienne <strong>et</strong> Nîmes n’étaient que les plus en vue des<br />
colonies <strong>la</strong>tines. Il s’en faut de beaucoup qu’elles fussent les seules. Il y a lieu<br />
pourtant de distinguer entre <strong>la</strong> rive droite du Rhône <strong>et</strong> <strong>la</strong> rive gauche. Il est<br />
certain que <strong>la</strong> romanisation a marché moins vite sur <strong>la</strong> rive droite. <strong>La</strong> bande qui<br />
s’étend le long des Cévennes n’était pas alors plus que maintenant riche en<br />
grandes villes. Sur tout le parcours entre Lyon <strong>et</strong> Nîmes, nous ne trouvons à<br />
signaler que le chef-lieu des Helviens, Alba Helviorum, actuellement le vil<strong>la</strong>ge<br />
d’Aps. Les fragments antiques recueillis dans c<strong>et</strong>te localité font un vif contraste<br />
avec son obscurité présente, mais ne témoignent pas néanmoins d’un passé