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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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faussement accusé de trahison. Sa tentative fut d’ailleurs vite réprimée. Elle le<br />

fut au moyen d’une nouvelle perfidie. Un officier lui fut dépêché avec mission de<br />

capter sa confiance <strong>et</strong> d’en profiter pour soulever ses partisans contre lui. Le<br />

malheureux périt à Cologne, victime de ces machinations, frappé par les mêmes<br />

mains qui venaient de le couronner. Son règne avait duré tout juste vingt-huit<br />

jours. Le souvenir de Constantin était vivant encore dans les cœurs. Il protégeait<br />

Constance contre les usurpateurs barbares. Mais il ne le sauva pas quand il<br />

rencontra dans sa propre famille un rival tel que Julien.<br />

[JULIEN] Il n’avait pas d’enfants <strong>et</strong> sentait le besoin de s’assurer un col<strong>la</strong>borateur<br />

<strong>et</strong> un héritier. De <strong>la</strong> maison F<strong>la</strong>vienne, décimée par tant de meurtres, il restait<br />

deux rej<strong>et</strong>ons, deux neveux de Constantin, oubliés, grâce à leur jeunesse, dans<br />

<strong>la</strong> boucherie de 337. Avant de marcher contre Magnence en 351, il avait préposé<br />

à l’Orient l’aîné, Gallus. L’expérience tourna mal. Trois ans plus tard, Gallus fut<br />

livré au bourreau. Le cad<strong>et</strong>, Julien, resta suspect, mais <strong>la</strong> révolte de Silvanus<br />

survint <strong>et</strong> servit de leçon. <strong>La</strong> succession vacante, les Gaulois sans empereur, ce<br />

double danger leva les hésitations de Constance. Julien, proc<strong>la</strong>mé César à <strong>la</strong> fin<br />

de 355, fit son entrée à Vienne dans les premiers jours de 356.<br />

[ÉTAT DE LA GAULE] Il trouva <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> dans un état presque désespéré. Les<br />

guerres intérieures avaient une fois encore produit leur résultat ordinaire, <strong>et</strong><br />

d’autant plus aisément que Constance, pour opérer une diversion contre<br />

Magnence, n’avait pas craint de faire appel aux Barbares. <strong>La</strong> révolte de Silvanus<br />

avait achevé de désorganiser <strong>la</strong> défense. A<strong>la</strong>mans <strong>et</strong> Francs s’étaient répandus<br />

sur <strong>la</strong> rive gauche du Rhin. Quarante-cinq p<strong>la</strong>ces fortes, parmi lesquelles on<br />

comptait des villes comme Cologne, Mayence, Worms, Strasbourg, étaient<br />

tombées entre leurs mains1. Ils s’instal<strong>la</strong>ient dans leurs conquêtes, se préva<strong>la</strong>nt<br />

des promesses de l’Empereur comme d’un titre de propriété. L’armée <strong>romaine</strong>,<br />

dépourvue de direction, luttait péniblement sur <strong>la</strong> Seine <strong>et</strong> <strong>la</strong> Marne <strong>et</strong> se<br />

montrait impuissante à couvrir les régions du Centre. Il avait suffi de quelques<br />

années pour anéantir l’œuvre de Constance Chlore <strong>et</strong> de Constantin.<br />

[CAMPAGNES ET GOUVERNEMENT DE JULIEN] Julien ne se faisait pas illusion sur les<br />

motifs qui avaient décidé Constance. Il sentait qu’il était envoyé aux Gaulois, non<br />

pour les gouverner effectivement, mais pour f<strong>la</strong>tter leur orgueil en leur exhibant<br />

dans sa personne un représentant de <strong>la</strong> dynastie <strong>et</strong>, comme il disait lui-même<br />

avec amertume, un mannequin à figure impériale. Sans pouvoirs n<strong>et</strong>tement<br />

définis, il se trouva aux prises avec des fonctionnaires <strong>et</strong> des généraux jaloux de<br />

leur autorité <strong>et</strong> qui, en le contrecarrant, croyaient, non sans raison, faire leur<br />

cour à l’Empereur. Il n’avait d’ailleurs nulle expérience de <strong>la</strong> politique <strong>et</strong> de <strong>la</strong><br />

guerre. Il ne semb<strong>la</strong>it même pas en avoir le goût. Sa jeunesse s’était passée<br />

dans les écoles, <strong>et</strong> rien ne l’avait préparé pour <strong>la</strong> rude tâche qui venait s’offrir à<br />

lui. Mais son intelligence <strong>et</strong> sa volonté s’étaient trempées dans les années de<br />

contrainte <strong>et</strong> de persécution <strong>et</strong>, sans qu’il s’en doutât, les instincts militaires de<br />

sa race sommeil<strong>la</strong>ient au fond de son âme. De ce l<strong>et</strong>tré, de ce philosophe, les<br />

circonstances firent tout à coup, sans transition, un vigoureux général <strong>et</strong> un<br />

administrateur accompli.<br />

Parti de Vienne en juin 356, il commence par débloquer Autun, puis, hardiment,<br />

à <strong>la</strong> tête de sa p<strong>et</strong>ite troupe, à travers Ies bandes qui le harcèlent à chaque pas,<br />

1 Zosime, III, 1. Ammien Marcellin, XV, 8 ; XVI, 2. Ammien cite encore Brocomagus (Brumath), Tabernae<br />

(Saverne), Saliso (Selz). On peut ajouter Besançon dont le Champ de Mars fut ruiné à c<strong>et</strong>te époque, comme il<br />

parait résulter de ce fait que dans les décombres on n’a pas rencontré de monnaies postérieures à Magnence.<br />

Castan, Le Champ de Mars de Vesontio, Revue archéologique, 1870.

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