La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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[MAXIMIEN. LES BAGAUDES] Lorsque Maximien prit possession, en 285, de son<br />
gouvernement, il trouva les provinces gauloises telles que les avait <strong>la</strong>issées un<br />
demi- siècle d’anarchie, les villes en ruines, les campagnes en friche, les<br />
Barbares insultant les frontières <strong>et</strong>, à l’intérieur, le pays ravagé par les<br />
Bagaudes. Il fal<strong>la</strong>it, avant tout, en finir avec ces bandes. <strong>La</strong> clémence ramena les<br />
moins obstinés. Les autres se réfugièrent dans une presqu’île dessinée par <strong>la</strong><br />
Marne, un peu au-dessus de son confluent avec <strong>la</strong> Seine, sur l’emp<strong>la</strong>cement où<br />
s’éleva plus tard le monastère de Saint-Maur-les-Fossés, ainsi appelé en souvenir<br />
du canal creusé par les rebelles pour compléter <strong>la</strong> défense en rejoignant les<br />
circuits de <strong>la</strong> rivière. Leurs chefs, Aelianus <strong>et</strong> Amandus, ne craignaient pas de<br />
s’intituler César <strong>et</strong> Auguste. Maximien coupa court, par une attaque vigoureuse<br />
<strong>et</strong> une exécution impitoyable, à c<strong>et</strong>te parodie de l’empire gaulois, mais le peuple<br />
n’oublia pas les deux aventuriers, <strong>et</strong> plus tard <strong>la</strong> légende, s’emparant de leur<br />
histoire, les transforma en victimes de <strong>la</strong> tyrannie <strong>et</strong> même en chrétiens (286)1.<br />
[CAMUSIUS] Ce danger était à peine écarté qu’un autre se leva. Un officier<br />
originaire de <strong>la</strong> cité ries Ménapiens, Marcus Aurelius Carausius, qui s’était<br />
distingué dans <strong>la</strong> campagne contre les Bagaudes <strong>et</strong> avait été préposé, pour c<strong>et</strong>te<br />
raison, à <strong>la</strong> garde du littoral contre les pirates Francs <strong>et</strong> Saxons, se trouva<br />
convaincu d’avoir <strong>la</strong>issé libre cours à leurs déprédations, à c<strong>et</strong>te seule fin de s’en<br />
attribuer le profit. Comme tant d’autres avant lui, pour échapper au châtiment, il<br />
se j<strong>et</strong>a dans <strong>la</strong> révolte, avec <strong>la</strong> flotte qui lui avait été confiée. Il débarqua en<br />
Br<strong>et</strong>agne, y prit le titre d’Auguste, puis repassant <strong>la</strong> mer, s’empara de<br />
Gesoriacum (Boulogne) dont il fit sa tête de pont sur le continent. C<strong>et</strong>te fois<br />
c’était un nouveau Postume qui s’annonçait. Carausius avait de son<br />
prédécesseur, non seulement l’ambition, mais aussi les talents. <strong>La</strong> différence,<br />
c’est qu’au lieu de repousser l’invasion, il semb<strong>la</strong>it disposé à lui ouvrir les portes.<br />
Son dessein, en attendant mieux, était de fonder sur les deux rives de <strong>la</strong> Manche<br />
<strong>et</strong> de <strong>la</strong> mer du Nord un État mi-romain, mi-barbare <strong>et</strong>, somme toute, plus<br />
barbare que romain. Pendant prés de sept ans, de 286 à 293, il put s’imaginer y<br />
avoir réussi.<br />
Maximien était trop occupé sur le Rhin pour pousser <strong>la</strong> lutte à fond. Après un<br />
premier échec, en 289, il reconnut le fait accompli par un traité qui n’était ni<br />
glorieux pour Rome ni avantageux pour <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Car <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> était, pour une<br />
partie de sa subsistance, pour ses bestiaux <strong>et</strong> ses céréales, tributaire de <strong>la</strong><br />
Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong>, bien que <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion fût maintenant rétablie, il dépendait de<br />
l’usurpateur qu’elle fût d’un moment à l’autre suspendue.<br />
[GOUVERNEMENT DE CONSTANCE CHLORE] C<strong>et</strong>te impuissance manifeste ne fut pas<br />
une des moindres causes qui décidèrent Dioclétien à organiser <strong>la</strong> tétrarchie, en<br />
293. L’Empire en reçut un accroissement de force qui se fit sentir aussitôt.<br />
L’année même de son élévation, Constance Chlore, nommé César des <strong>Gaule</strong>s,<br />
mit le siège devant Gesoriacum <strong>et</strong> s’en rendit maître, après de gigantesques<br />
travaux. Sur ces entrefaites Carausius disparut, frappé par un de ses lieutenants,<br />
Allectus, qui se fit proc<strong>la</strong>mer Auguste à sa p<strong>la</strong>ce. <strong>La</strong> Br<strong>et</strong>agne, tombée dans un<br />
affreux désordre, appe<strong>la</strong>it un libérateur. Mais ce fut seulement en 296 qu’une<br />
expédition préparée de longue main <strong>et</strong> habilement conduite <strong>la</strong> fit rentrer dans<br />
l’obéissance.<br />
<strong>La</strong> <strong>Gaule</strong> respira sous le gouvernement de Constance Chlore. Par une série de<br />
campagnes heureuses il rétablit <strong>la</strong> sécurité sur <strong>la</strong> frontière. Par son <strong>la</strong>rge esprit<br />
1 Vie de saint Babolin, Dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 568-569.