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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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Julien ne put en amener que treize mille sur le champ de bataille de Strasbourg.<br />

Encore ne faut-il pas oublier que les guerres civiles, non moins fréquentes au IVe<br />

siècle qu’au IIIe, ne <strong>la</strong>issaient pas plus qu’autrefois ces forces intactes.<br />

<strong>La</strong> mainmise des Barbares sur l’armée n’était pas non plus un fait nouveau. S’il y<br />

avait là un danger, les empereurs étaient excusables de ne plus s’en rendre<br />

compte. Ils avaient besoin de soldats <strong>et</strong> en cherchaient où ils en pouvaient<br />

trouver. Sans doute les mercenaires qu’ils recrutaient au delà des frontières ne<br />

se pliaient qu’avec peine à <strong>la</strong> discipline. Ammien Marcellin nous raconte qu’en<br />

337 des lètes essayèrent un coup de main sur Lyon dont ils saccagèrent les<br />

environs, <strong>et</strong> il ajoute que c<strong>et</strong> acte de brigandage n’était pas un fait exceptionnel.<br />

Mais depuis longtemps l’indiscipline sévissait dans les rangs <strong>et</strong>, somme toute, les<br />

étrangers n’y étaient pas plus enclins que les nationaux. Le grand malheur, c’est<br />

que le rôle de l’armée était r<strong>et</strong>ourné. Elle avait été pour <strong>la</strong> civilisation <strong>romaine</strong> le<br />

plus puissant agent de propagande, <strong>et</strong> elle contribuait maintenant, pour une<br />

<strong>la</strong>rge part, à introduire les Barbares dans l’Empire. Et à ce<strong>la</strong> encore on peut<br />

répondre que <strong>la</strong> pénétration de l’Empire par <strong>la</strong> barbarie était un phénomène<br />

général, irrésistible, dont nous ne saisissons ici qu’une manifestation. Comment<br />

d’ailleurs les empereurs, à demi barbares eux-mêmes, auraient-ils fait pour<br />

réagir contre le mouvement qui les avait portés ?<br />

[FORTIFICATION DES VILLES] <strong>La</strong> réforme militaire fut complétée par <strong>la</strong> mise en<br />

état de défense des villes de l’intérieur. Elles ne pouvaient plus rester ouvertes<br />

impunément. Une enceinte fortifiée les abrita désormais contre les surprises. Le<br />

travail, entrepris par Aurélien <strong>et</strong> poursuivi par ses successeurs de <strong>la</strong> tétrarchie,<br />

fut exécuté sur toute <strong>la</strong> surface de l’Empire. En <strong>Gaule</strong>, nous voyons par le récit<br />

des campagnes de Julien (336-360) qu’il était achevé au milieu du IVe siècle.<br />

Nulle part il ne fut conçu dans de plus vastes proportions. Jusqu’alors ce pays<br />

n’avait eu de p<strong>la</strong>ces fortes qu’au sud-est <strong>et</strong> au nord-est, dans les bassins du<br />

Rhône <strong>et</strong> du Rhin. Il en est maintenant tout hérissé. On n’évalue pas à moins<br />

d’une soixantaine les villes où l’on a pu étudier les ruines, plus ou moins<br />

apparentes, des remparts élevés à c<strong>et</strong>te époque. Et aux villes il faut ajouter <strong>la</strong><br />

multitude des châteaux forts, des burgi, des castel<strong>la</strong>.<br />

[ASPECT DES REMPARTS] <strong>La</strong> décadence de l’art est manifeste dans ces<br />

constructions. Nous sommes loin des remparts du Ier siècle, tels qu’on peut les<br />

étudier dans les colonies de <strong>la</strong> Narbonnaise, à Fréjus, à Nîmes, à Arles, avec leur<br />

tracé savant, leur appareil régulier, leurs proportions élégantes, leur décoration<br />

fine <strong>et</strong> sobre. L’aspect général des nouvelles enceintes est lourd, disgracieux. Les<br />

portes écrasées, trapues, ressemblent à des poternes. Le soubassement est<br />

formé de blocs énormes, mal assortis, reposant directement, sans fondations,<br />

sur le sol. <strong>La</strong> partie supérieure seulement trahit une certaine recherche dans les<br />

rangées de pierres alternant, suivant <strong>la</strong> mode du temps, avec de <strong>la</strong>rges assises<br />

de briques. Le mur, f<strong>la</strong>nqué de tours arrondies, se développe en ligne droite,<br />

défendu uniquement par sa masse. Elle est d’ailleurs d’une solidité à toute<br />

épreuve. Elle résistera à l’usure des siècles <strong>et</strong> ne cédera qu’après de longs efforts<br />

au pic des démolisseurs modernes.<br />

Nous avons signalé précédemment1, dans les fortifications élevées à c<strong>et</strong>te<br />

époque, l’emploi de nombreux fragments d’inscriptions, de statues, de basreliefs,<br />

de fûts de colonnes, de chapiteaux, de frises, d’entablements, tous<br />

antérieurs au début du IVe siècle <strong>et</strong> dont beaucoup portent encore <strong>la</strong> trace de<br />

1 Chap. I, § 2.

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