La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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en est trente-six dont le nom décèle l’origine. Sur ces trente-six il y en a<br />
quatorze qu’on peut considérer comme gallo-germaniques. Et sur ces quatorze il<br />
n’y en a pas une qui soit tirée des régions du Midi ou du Centre. Les escadrons<br />
de cavalerie offrent un aspect plus composite. L’élément danubien, africain,<br />
oriental y est fortement représenté. Mais sur quarante auxilia environ qui ont été<br />
dénommés d’après leur nationalité, il y en a bien vingt-six qui sont germains ou<br />
gaulois. Sur ces vingt-six, onze au moins ont été recrutés dans les limites de<br />
l’Empire, <strong>et</strong> parmi ces onze les seuls dont <strong>la</strong> provenance soit indiquée avec<br />
précision sont des corps de Séquanes, de Tongres, de Nerviens. <strong>La</strong> vertu militaire<br />
du vieux Belgium n’était donc pas épuisée. Les mêmes popu<strong>la</strong>tions qui avaient<br />
opposé une si énergique résistance à César étaient encore celles qui soutenaient,<br />
au déclin de <strong>la</strong> domination <strong>romaine</strong>, le renom de <strong>la</strong> valeur gauloise. C’est à elles<br />
que s’adressent les éloges décernés à <strong>notre</strong> race par le plus compétent des<br />
juges, l’historien Ammien Marcellin1. Les quinze autres auxilia, sur les vingt-six,<br />
étaient formés de Barbares d’outre-Rhin, Bataves, Mattiaques, Bructères,<br />
Tubantes, Ampsivariens, Hérules, Francs Saliens.<br />
<strong>La</strong> plupart des troupes levées en <strong>Gaule</strong> ou dans le voisinage servaient dans ce<br />
pays. L’armée gallo-<strong>romaine</strong> maintint donc jusqu’au bout son même caractère.<br />
Sur ce point encore rien ne vaut les chiffres. Légions cantonnées en <strong>Gaule</strong> :<br />
vingt. Avec <strong>et</strong>hnique gaulois, onze. Avec <strong>et</strong>hnique br<strong>et</strong>on, une. Auxilia : seize.<br />
Avec <strong>et</strong>hnique gaulois ou germain, huit ; avec <strong>et</strong>hnique br<strong>et</strong>on, trois. Escadrons<br />
de cavalerie, douze. Avec <strong>et</strong>hnique, six ; avec <strong>et</strong>hnique gaulois, trois2.<br />
Les Barbares entraient au service de Rome par des voies <strong>et</strong> à des titres<br />
différents. Ils pouvaient être recrutés individuellement <strong>et</strong> servir dispersés. Ils<br />
pouvaient aussi être enrôlés par masses, en vertu d’un contrat, comme fédérés,<br />
ou à <strong>la</strong> suite d’un acte de soumission, comme déditices, <strong>et</strong> dans ces deux cas, ils<br />
étaient groupés par nations.<br />
[BARBARES FÉDÉRÉS] Les peuples fédérés, qui avaient conservé une existence<br />
<strong>indépendante</strong>, s’engageaient à fournir des soldats en nombre déterminé, <strong>et</strong> sous<br />
certaines c<strong>la</strong>uses dont <strong>la</strong> plus ordinaire était qu’ils ne seraient pas employés trop<br />
loin de leur pays. C’est ainsi que les Germains servant dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> avaient<br />
stipulé qu’ils ne seraient pas appelés au delà des Alpes.<br />
[BARBARES DÉDITICES. GENTILES ET LAETI] Les déditices étaient des vaincus, le<br />
plus souvent transp<strong>la</strong>ntés sur le sol romain. Ils se divisaient alors en deux<br />
c<strong>la</strong>sses, les gentiles ou étrangers <strong>et</strong> les <strong>la</strong><strong>et</strong>i, ce dernier mot emprunté à <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>ngue germanique où il désignait vraisemb<strong>la</strong>blement les hommes de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse<br />
inférieure. Leur condition était analogue à celle des troupes de <strong>la</strong> frontière, c’està-dire<br />
qu’ils étaient, moyennant une concession de terres, obligés au service,<br />
eux <strong>et</strong> leurs enfants, à perpétuité. Ils ne formaient pourtant ni des garnisons<br />
locales ni des corps spéciaux, mais des espèces de colonies moitié agricoles<br />
moitié militaires, où le gouvernement puisait quand il avait besoin de soldats.<br />
Chacun de ces groupes était p<strong>la</strong>cé sous les ordres d’un préf<strong>et</strong> <strong>et</strong> régi d’ailleurs<br />
par ses coutumes nationales. Il est difficile de dire en quoi les deux catégories<br />
des gentiles <strong>et</strong> des <strong>la</strong><strong>et</strong>i se distinguaient l’une de l’autre. Ce qu’on voit de plus<br />
c<strong>la</strong>ir, c’est que les premiers étaient moins considérés que les seconds, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
1 XV, 12. Les Gaulois sont soldats à tout âge. Jeunes, vieux courent au combat avec <strong>la</strong> même ardeur. Jamais<br />
on ne les voit, comme les Italiens s’amputer le pouce pour échapper au service. L’épithète de murcas (poltron),<br />
qui vient de là, est inconnue dans ce pays.<br />
2 <strong>La</strong> répugnance des corps gallo-romains à combattre loin de leur pays se manifeste c<strong>la</strong>irement dans les faits<br />
qui amenèrent l’élévation de Julien à l’Empire (chap. IV).