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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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dans une forte proportion1. Mais il avait dû briser l’opposition du préf<strong>et</strong><br />

Florentius. Ce dernier proposait d’ajouter aux rec<strong>et</strong>tes normales des taxes<br />

additionnelles. <strong>La</strong> mesure était d’un usage courant <strong>et</strong> produisait partout les<br />

mêmes mauvais eff<strong>et</strong>s. Julien <strong>la</strong> repoussa énergiquement. Il démontra par des<br />

calculs qu’elle était inutile, <strong>et</strong> comme le préf<strong>et</strong> tenait bon <strong>et</strong> lui présentait l’édit<br />

tout rédigé <strong>et</strong> prêt pour <strong>la</strong> signature, il s’empara du papier dans un mouvement<br />

de colère <strong>et</strong> le j<strong>et</strong>a à ses pieds.<br />

Ce qui plus que tout le reste rendait l’impôt intolérable, c’est <strong>la</strong> manière dont il<br />

était établi <strong>et</strong> perçu. A y regarder de près, les p<strong>la</strong>intes portent là-dessus presque<br />

exclusivement.<br />

Une première observation est à faire. Les suj<strong>et</strong>s de l’Empire, en payant l’impôt,<br />

n’avaient pas, comme les peuples modernes, <strong>la</strong> satisfaction d’en fixer le chiffre,<br />

d’en régler <strong>et</strong> d’en surveiller l’emploi. Il leur apparaissait, non comme une juste<br />

d<strong>et</strong>te, mais comme une exigence tyrannique. Ils étaient d’autant plus portés à<br />

s’en p<strong>la</strong>indre qu’ils ne pouvaient apprécier dans quelle mesure il était utile.<br />

[INCONVÉNIENTS DES PRESTATIONS ET CORVÉES] Une bonne partie de l’impôt se<br />

payait en nature, c’est-à-dire en prestations <strong>et</strong> en corvées. L’État aujourd’hui ne<br />

veut des contribuables que leur argent. Il leur réc<strong>la</strong>mait alors quelque chose de<br />

plus. Il leur demandait de pourvoir avec lui aux services publics, soit en lui<br />

fournissant les denrées dont il avait besoin, soit en exécutant les travaux dont il<br />

avait <strong>la</strong> charge. Aux agriculteurs il demandait une part de leur récolte, de leur<br />

bétail, aux artisans de leurs produits, à d’autres le concours de leurs bras, de<br />

leur matériel pour ses constructions, ses convois. <strong>La</strong> rar<strong>et</strong>é du numéraire avait<br />

fait imaginer ce système, <strong>et</strong> l’administration dont il simplifiait <strong>la</strong> besogne y avait<br />

pris goût. Elle s’y était attachée de plus en plus, à mesure que s’introduisait <strong>et</strong> se<br />

développait <strong>la</strong> détestable pratique des falsifications monétaires. Car <strong>la</strong> valeur de<br />

<strong>la</strong> monnaie tombait souvent fort bas, tandis que l’utilité des denrées <strong>et</strong> <strong>la</strong> somme<br />

du travail humain restaient les mêmes, <strong>et</strong> ainsi <strong>la</strong> différence se soldait par un<br />

gain pour l’État <strong>et</strong> une perte pour les particuliers. <strong>La</strong> corvée avait un autre<br />

inconvénient qui lui était propre. Elle était vexatoire en même temps<br />

qu’onéreuse, elle enlevait l’homme à ses occupations, à ses habitudes, elle<br />

l’exposait aux abus de pouvoir des fonctionnaires. Et comme les prestations<br />

n’al<strong>la</strong>ient pas sans corvées, toute fourniture exigeant un transport, l’impôt en<br />

nature pesait sur les popu<strong>la</strong>tions de tout son poids. Pour toutes ces raisons il<br />

paraissait intolérable, <strong>et</strong> l’on considérait comme une faveur qu’il fût remp<strong>la</strong>cé par<br />

l’impôt en espèces.<br />

[INCONVÉNIENTS DE LA DÉCLARATION] <strong>La</strong> déc<strong>la</strong>ration obligatoire m<strong>et</strong>tait aux prises<br />

le contribuable <strong>et</strong> les agents du fisc, le premier s’appliquant à déprécier son<br />

avoir, les autres s’ingéniant pour l’estimer à sa valeur, <strong>et</strong> trop souvent même audessus.<br />

Dans ce duel ils étaient soutenus par <strong>la</strong> dur<strong>et</strong>é des lois <strong>romaine</strong>s. Non<br />

seulement ils étaient armés contre les fraudeurs d’une pénalité qui al<strong>la</strong>it jusqu’au<br />

dernier supplice, mais de plus, pour obtenir des déc<strong>la</strong>rations conformes ou<br />

supérieures à <strong>la</strong> vérité, ils pouvaient employer <strong>la</strong> torture. Ils en usaient, sinon<br />

contre les propriétaires qui pour <strong>la</strong> plupart y échappaient, grâce à leur condition,<br />

du moins contre leurs serviteurs, leurs esc<strong>la</strong>ves, leurs colons cités en<br />

témoignage. A plus forte raison y avaient-ils recours quand il s’agissait des<br />

impôts directs pesant sur les c<strong>la</strong>sses inférieures, sur <strong>la</strong> plèbe agricole ou urbaine,<br />

1 Ammien Marcellin, XVI, 5. Ce texte, très obscur, a été souvent commenté. <strong>La</strong> seule chose certaine est le<br />

dégrèvement. Seeck, Die gallischen Steuern bei Ammian, Rheinisches Museum, 1894.

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