La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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! Les Germains, nous dit-on, errant dans tous les sens sans rencontrer<br />
d’obstacles, n’occupèrent pas moins de soixante cités, les plus fameuses du<br />
pays. Soixante, c’est, ou peu s’en faut, le total des cités comprises dans les trois<br />
Provinces. Pour commenter ces lignes, pour entrevoir tout ce qu’elles sousentendent<br />
de ruines <strong>et</strong> de misères, il faut recourir aux découvertes<br />
archéologiques. Nous ne parlons pas seulement des dépôts monétaires dont<br />
plusieurs, étant donné le millésime de leurs dernières pièces, ont dû être enfouis<br />
à ce moment. Les dévastations exercées par les Barbares ont <strong>la</strong>issé d’autres<br />
traces. Ainsi aucun document écrit ne nous apprend ce qu’est devenu Bordeaux<br />
dans c<strong>et</strong>te tourmente. Il est visible pourtant que <strong>la</strong> capitale de l’Aquitaine a<br />
beaucoup souffert. Les maisons <strong>et</strong> les édifices antérieurs à l’an 300 y portent les<br />
marques d’un immense incendie. Et comme les dernières monnaies ramassées<br />
dans les décombres sont celles de C<strong>la</strong>ude II, il n’est pas douteux que les auteurs<br />
de <strong>la</strong> catastrophe ne soient les envahisseurs de 275. Mais les témoins les plus<br />
nombreux sont les murailles de nos villes, ces murailles restées debout durant le<br />
Moyen âge <strong>et</strong> qui, démolies dans les temps modernes, nous ont rendu tant de<br />
fragments <strong>la</strong>pidaires <strong>et</strong> architecturaux, tous antérieurs au IVe siècle <strong>et</strong> dont<br />
beaucoup nous apparaissent encore tout effrités <strong>et</strong> tout calcinés parles<br />
f<strong>la</strong>mmes1.<br />
[PROBUS] Le meurtre d’Aurélien produisit sur les soldats un eff<strong>et</strong> imprévu. En<br />
haine des meurtriers, ils demandèrent un empereur au Sénat. Une dernière fois,<br />
avec Tacite (sept. 275-avril 276), le Sénat put se f<strong>la</strong>tter d’avoir ressaisi le pouvoir,<br />
mais l’illusion fut courte. Au bout de quelques mois les soldats, revenus à leur<br />
vraie nature, proc<strong>la</strong>mèrent Probus (275-282).<br />
<strong>La</strong> lutte reprit contre les Barbares, sous un chef digne héritier d’Aurélien <strong>et</strong> de<br />
C<strong>la</strong>ude. Probus délivra <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> <strong>et</strong>, après l’avoir délivrée, reporta <strong>la</strong> guerre au<br />
delà du Rhin. Les champs Décumates furent reconquis. Le limes se releva depuis<br />
le Danube jusqu’au Main. Neuf rois se soumirent à l’obligation du contingent <strong>et</strong><br />
du tribut.<br />
[CONTINUATION DES TROUBLES EN GAULE] Les victoires de Probus n’empêchèrent<br />
pas de nouvelles compétitions. Les principales se produisirent dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Ce<br />
pays était sorti de c<strong>et</strong>te longue commotion profondément troublé, dans sa vie<br />
matérielle <strong>et</strong> morale. Des événements comme ceux qui s’étaient déroulés depuis<br />
vingt ans ne pouvaient être clos sans <strong>la</strong>isser derrière eux bien des germes de<br />
désordre. Les tendances particu<strong>la</strong>ristes n’avaient pas dit leur dernier mot. Les<br />
ambitions individuelles, surexcitées par de si prodigieuses aventures,<br />
n’imaginaient pas que <strong>la</strong> carrière leur fût désormais fermée. L’interruption de<br />
l’existence régulière, l’arrêt du commerce, de l’agriculture, avait j<strong>et</strong>é sur le pavé<br />
des villes en ruines, dans les campagnes désertes <strong>et</strong> en friche, une foule avide de<br />
rapine, affranchie de tout lien social. <strong>La</strong> jacquerie des Bagaudes commençait. Elle<br />
s’était annoncée déjà sous le règne de Commode, <strong>et</strong> elle ne cessera pas de<br />
troubler <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> jusqu’à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> domination <strong>romaine</strong>2.<br />
[PROCULUS ET BONOSUS] <strong>La</strong> ville de Lyon était depuis quelque temps très agitée.<br />
Aurélien avait dû prendre contre elle des mesures de rigueur <strong>et</strong> les esprits ne<br />
1 Chap. II, § 3.<br />
2 § 1. Le discours d’Eumène pour <strong>la</strong> restauration des écoles d’Autun nomme les Bagaudes à propos du siège de<br />
c<strong>et</strong>te ville. Il nous dit qu’elle fut assiégée par le brigandage de <strong>la</strong> rébellion des Bagaudes (<strong>la</strong>trocinio Bagandicae<br />
rebelllonis, 4). Le passage est très obscur. Hirschfeld (Die Haeduer and Arverner, p. 20, n. 7) propose de lire<br />
Batavicae. Les Bataves représenteraient l’armée germanique en rébellion contre l’empereur de Rome appelé par<br />
les Autunois. Les Bagaudes n’apparaîtraient donc sous ce nom qu’un peu plus tard (Voir chap. IV <strong>et</strong> liv. III,<br />
chap. III, § 9). Mais il est certain qu’on les rencontre dès à présent <strong>et</strong> depuis longtemps.