La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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[L’ÉDIT DE CARACALLA] Au début du me siècle, entre 212 <strong>et</strong> 917, parut l’édit de<br />
Caracal<strong>la</strong>, qui octroya le titre de citoyen à tous les habitants de l’Empire.<br />
C’est ainsi du moins qu’en est résumée <strong>la</strong> teneur, dans les textes très rares <strong>et</strong><br />
très courts qui en font mention. C<strong>et</strong> acte fameux ne parait pas avoir produit une<br />
très vive impression sur les contemporains. Il ne concernait pas les hautes<br />
c<strong>la</strong>sses qui étaient, dans leur ensemble, en possession du droit de cité, <strong>et</strong> il ne<br />
procurait à <strong>la</strong> foule que des avantages illusoires ou insignifiants. Il lui donnait les<br />
droits politiques, <strong>et</strong> les droits politiques, réduits au droit d’exercer les fonctions<br />
publiques, ne touchaient que Ies riches. Il lui donnait les droits civils, <strong>et</strong> depuis<br />
longtemps le droit des gens s’était assimilé <strong>la</strong> majeure partie du droit privé de<br />
Rome <strong>et</strong> en assurait à tous le bénéfice. Restaient certaines incapacités qui, à<br />
partir de ce moment, cessèrent de peser sur les pérégrins ; mais, en revanche ils<br />
étaient astreints, comme citoyens, à des mots nouveaux <strong>et</strong> leur satisfaction a dû<br />
en être fort diminuée.<br />
L’édit de Caracal<strong>la</strong>, bien qu’il ait changé peu de chose à ce qui existait, n’en est<br />
pas moins une des grandes dates de l’histoire, à le considérer, non en lui-même,<br />
mais dans <strong>la</strong> série des faits dont il fut <strong>la</strong> résultante <strong>et</strong> <strong>la</strong> consécration. Et s’il a<br />
fallu le recul des siècles pour en saisir <strong>la</strong> portée, c’est précisément parce qu’il<br />
était l’aboutissant nécessaire, prévu, d’un mouvement déjà fort avancé <strong>et</strong> arrivé<br />
presque à son terme.<br />
L’édit contenait, ce<strong>la</strong> n’est pas douteux, de notables réserves. <strong>La</strong> preuve en est<br />
qu’il ne fit pas disparaître les anciennes distinctions. Il ne s’appliquait<br />
évidemment qu’aux suj<strong>et</strong>s actuels de l’Empire, sans rien statuer sur ceux qui<br />
pourraient y entrer par <strong>la</strong> suite, <strong>et</strong> de plus il ne visait que les hommes de<br />
naissance libre, abstraction faite des affranchis. C’est ainsi qu’on vit se<br />
perpétuer, après comme avant, les diverses catégories des pérégrins, des <strong>La</strong>tins<br />
proprement dits <strong>et</strong> des juniani. C’est ainsi que plus tard, les Barbares établis en<br />
deçà des frontières ne devinrent pas pour ce<strong>la</strong> des citoyens. Il se pourrait même<br />
que <strong>la</strong> mesure ne concernât pas ceux des cantons ruraux qui étaient rattachés<br />
aux villes avec des droits inférieurs. Sans doute elle eut pour conséquence <strong>la</strong><br />
fusion des villes <strong>et</strong> des campagnes, mais c<strong>et</strong>te conséquence ne fut pas, on l’on<br />
vu, immédiate ni prochaine1.<br />
1 Chap. II, § 3. — Un exemple des restrictions que comportait l’édit de Caracal<strong>la</strong> nous est fourni par l’histoire<br />
de <strong>la</strong> ville de Mayence. Nous verrons que les vici mayençais n’ont été érigés en municipe que très tardivement,<br />
après 276, <strong>et</strong> sans doute en raison de <strong>la</strong> résistance opposée par le conventus des citoyens romains, lesquels ne<br />
se souciaient pas d’être confondus, en vertu de c<strong>et</strong>te mesure, avec les indigènes. Si telle est l’explication de ce<br />
fait, les indigènes n’étaient pas encore, en 276, citoyens romains. Voir livre III, chap. I, § 5.