La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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tenait de son grand-père, t’ait citoyen par Pompée, le nom de Cnaeus Pompeius<br />
Trogus1.<br />
D’autres enfin ne prenaient au <strong>la</strong>tin que leur prénom <strong>et</strong> liraient du gaulois leur<br />
gentilice <strong>et</strong> leur surnom. Ex. : Lucius Carantius Cinto2.<br />
[PERSISTANCE DES USAGES NATIONAUX] Parmi les observations suggérées par<br />
l’onomastique gallo-<strong>romaine</strong>, il en est une qui vaut <strong>la</strong> peine qu’on s’y arrête<br />
parce qu’elle montre <strong>la</strong> persistance des usages nationaux sous le vernis de <strong>la</strong><br />
civilisation étrangère. Souvent il arrive, dans les trois <strong>Gaule</strong>s <strong>et</strong> même dans <strong>la</strong><br />
Narbonnaise, que le fils, au lieu de prendre le gentilice paternel, s’en forme un<br />
autre, tiré du surnom du père ou du nom de <strong>la</strong> mère. Ainsi le gentilice ne remplit<br />
plus son rôle. Il cesse d’être le nom de <strong>la</strong> famille pour devenir celui de l’individu,<br />
<strong>et</strong> l’individu n’est plus désigné, comme autrefois, que par son nom personnel,<br />
complété par <strong>la</strong> filiation.<br />
[RÈGLES POUR L’ADOPTION DES NOMS ROMAINS] L’homme promu à <strong>la</strong> qualité de<br />
citoyen ne prenait pas au hasard les noms qui exprimaient sa nouvelle condition.<br />
L’affranchi prenait le prénom <strong>et</strong> le gentilice de son patron, le patron étant<br />
assimilé à un père, d’autant plus justement que l’esc<strong>la</strong>ve, avant son<br />
affranchissement, n’avait point de père, aux yeux de <strong>la</strong> loi. De même <strong>et</strong> pour une<br />
raison analogue, le pérégrin prenait le prénom <strong>et</strong> le gentilice de celui à qui il était<br />
redevable du droit de cité, car l’introduction dans <strong>la</strong> cité était considérée comme<br />
une naissance à une autre vie <strong>et</strong> d’ailleurs le pérégrin, pas plus que l’esc<strong>la</strong>ve,<br />
n’avait de père reconnu par le droit des Romains. Ceci explique quelques faits<br />
signalés plus haut. Caïus Valerius Caburus, le père de Caïus Valerius Procillus,<br />
avait très évidemment reçu le droit de cité de Caïus Valerius F<strong>la</strong>ccus, qui fut<br />
proconsul de <strong>la</strong> Transalpine en 83 av. J.-C. Le grand-père de l’historien Cnaeus<br />
Pompeius Trogus avait obtenu <strong>la</strong> même faveur de Pompée qui gouverna <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong><br />
de 77 à 72, en même temps qu’il faisait <strong>la</strong> guerre à Sertorius. Ces deux cas ne<br />
sont pas, il s’en faut, les seuls. Les Pompeii <strong>et</strong> les Valerii se rencontrent assez<br />
fréquemment dans l’épigraphie de <strong>la</strong> Narbonnaise. De même les Aemilii, les<br />
Caecilii, les Domitii, les Fabii <strong>et</strong> d’autres encore qui, pour <strong>la</strong> plupart, ont été faits<br />
citoyens, dans <strong>la</strong> personne d’un de leurs ancêtres, par un des gouverneurs de<br />
c<strong>et</strong>te province antérieurement à l’Empire.<br />
[ADOPTION DU NOM DE L’EMPEREUR] Sous l’Empire le droit d’octroyer <strong>la</strong> cité devint<br />
<strong>la</strong> prérogative exclusive de l’Empereur. Ce fut donc le prénom <strong>et</strong> le nom de<br />
l’Empereur que durent prendre les nouveaux citoyens. C<strong>et</strong>te règle, on le<br />
comprend, ne pouvait être suivie en toute circonstance. Comment les habitants<br />
d’une même cité se seraient-ils distingués les uns des autres s’ils avaient dd tous<br />
en même temps adopter le même nom <strong>et</strong> le même prénom ? <strong>La</strong> règle ne fut<br />
donc appliquée qu’aux concessions individuelles, <strong>et</strong> dans ces limites même elle<br />
comporta de nombreuses exceptions3. C’était un honneur d’emprunter les noms<br />
de l’Empereur <strong>et</strong> il fut réservé naturellement à ceux qui en paraissaient le plus<br />
dignes par l’éc<strong>la</strong>t, de leur naissance <strong>et</strong> de leurs services. Souvent aussi on<br />
prenait les noms du gouverneur ou du personnage influent par l’intervention<br />
duquel on avait obtenu <strong>la</strong> qualité de citoyen.<br />
1 Justin, XLIII, 6.<br />
2 Allmer, Inscriptions de Vienne, III, p. 414.<br />
3 Les citoyens qui personnellement tenaient leur droit de cité de l’Empereur étaient admis dans <strong>la</strong> tribu où<br />
l’Empereur lui-même était inscrit. Mais leurs descendants passaient dans <strong>la</strong> tribu assignée à leur ville, quand<br />
c<strong>et</strong>te ville recevait collectivement <strong>la</strong> cité <strong>romaine</strong>.