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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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originaires de <strong>la</strong> Narbonnaise. Déjà César avait tiré de là ces sénateurs gaulois<br />

dont l’apparition avait fait scandale à Rome. Il n’est pas admissible, en eff<strong>et</strong>, qu’il<br />

ait poussé <strong>la</strong> hardiesse jusqu’à les prendre chez les peuples qu’il venait de<br />

soum<strong>et</strong>tre. En 49 ap. J.-C., un an après <strong>la</strong> délibération re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> pétition des<br />

chefs des cités fédérées, les sénateurs de <strong>la</strong> Narbonnaise furent autorisés,<br />

comme l’avaient été auparavant ceux de <strong>la</strong> Sicile, à visiter leurs biens<br />

patrimoniaux sans une permission spéciale de l’Empereur. Ce fut, nous dit Tacite,<br />

<strong>la</strong> récompense des sentiments que c<strong>et</strong>te province professait pour le Sénat. C’est<br />

aussi <strong>la</strong> preuve qu’elle était <strong>la</strong>rgement représentée dans <strong>la</strong> curie <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

confirmation de tout ce que C<strong>la</strong>ude nous apprend sur ce suj<strong>et</strong>.<br />

[SÉNATEURS ORIGINAIRES DES TROIS PROVINCES] Le droit d’arriver aux honneurs,<br />

le jus honorum ou jus senatorum, n’était pas limité aux citoyens romains de <strong>la</strong><br />

Narbonnaise. Faut-il rappeler, ajoute l’Empereur, les sénateurs qui nous sont<br />

venus de plus loin ? Avons-nous à regr<strong>et</strong>ter de compter des Lyonnais parmi les<br />

membres de <strong>notre</strong> ordre ? Ce n’étaient pas des Lyonnais seulement qui figuraient<br />

dans le Sénat. Julius Vindex, qui gouvernait <strong>la</strong> Lyonnaise en 68, appartenait à<br />

une famille noble de l’Aquitaine <strong>et</strong> avait déjà pour père un sénateur. Était<br />

sénateur également le Santon Julius Africanus, qui succomba en 32, victime de <strong>la</strong><br />

tyrannie de Tibère. Toutefois ce devaient être là, dans les trois Provinces,<br />

abstraction faite de Lyon, qui était une ville toute <strong>romaine</strong>, des cas isolés <strong>et</strong> tout<br />

à fait exceptionnels, sans quoi C<strong>la</strong>ude n’eût pas manqué de s’en prévaloir comme<br />

de précédents favorables à sa cause. Son discours même ne se comprendrait pas<br />

s’il en était autrement1.<br />

[SUITE DONNÉE À LA REQUÊTE DES GAULOIS] Le discours de C<strong>la</strong>ude, fréquemment<br />

interrompu par les murmures irrespectueux du Sénat, n’obtint qu’un demisuccès.<br />

On accueillit <strong>la</strong> demande des Éduens, en considération de leur ancienne<br />

1 On trouvera le discours de C<strong>la</strong>ude traduit dans Allmer <strong>et</strong> Dissard, Musée de Lyon, I, p. 81 <strong>et</strong> suiv. Nous<br />

donnons ici le fragment de droite, le seul qui intéresse directement l’histoire de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> : Ce fut assurément<br />

une innovation du dieu Auguste, mon grand-oncle, <strong>et</strong> de Tibère César, mon oncle, d’avoir voulu que de partout<br />

<strong>la</strong> fleur des colonies <strong>et</strong> des municipes, c’est-à-dire tout ce qui s’y trouve d’hommes recommandables <strong>et</strong> riches,<br />

fût admise dans c<strong>et</strong>te assemblée. — Quoi donc ? un sénateur Italien n’est-il pas bien préférable à un sénateur<br />

provincial ? [Ceci parait être une interruption d’un sénateur transcrite dans le procès-verbal de <strong>la</strong> séance.<br />

C<strong>la</strong>ude reprend] : Tout à l’heure je m’expliquerai sur c<strong>et</strong>te question quand je vous soum<strong>et</strong>trai c<strong>et</strong>te partie de<br />

mes opérations censoriales où elle se trouve intéressée, mais je n’estime pas qu’il faille repousser même les<br />

provinciaux qui pourraient faire honneur à <strong>la</strong> curie. Voici c<strong>et</strong>te splendide <strong>et</strong> puissante colonie des Viennois : n’y<br />

a-t-il pas longtemps déjà qu’elle nous envoie des sénateurs ? De c<strong>et</strong>te colonie est L. Vestinus, une des gloires<br />

de l’ordre équestre, mon ami personnel, que je r<strong>et</strong>iens auprès de moi pour l’administration de mes affaires<br />

privées. Que ses fils soient pourvus, je vous prie, du premier degré des sacerdoces en attendant que, plus tard,<br />

avec les années, ils poursuivent l’avancement de leur dignité. Quant à ce voleur [le Viennois Valerius Astaticus],<br />

je tairai son nom odieux. Car je le déteste, ce héros de palestre, qui apporta le consu<strong>la</strong>t dans sa maison avant<br />

même que sa colonie eût obtenu le droit entier de cité <strong>romaine</strong>. J’en puis dire autant de son frère, rendu<br />

indigne par c<strong>et</strong>te malheureuse parenté, <strong>et</strong> incapable désormais d’être parmi vous un sénateur utile. — Voyons,<br />

Tiberius César Germanicus, Il est temps de faire connaître aux Pères Conscrits où tend ce discours. Car déjà te<br />

voilà arrivé aux extrêmes limites de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> Narbonnaise [Ceci parait être une nouvelle Interruption. C<strong>la</strong>ude<br />

reprend] : Tous ces jeunes gens distinguée sur qui je promène mes regarda ne vous font pas regr<strong>et</strong>ter sans<br />

doute de les voir au nombre des sénateurs, pas plus qu’il n’est regr<strong>et</strong>table pour Persicus, c<strong>et</strong> homme de haute<br />

noblesse, mon ami, de rencontrer, sur les images de ses ancêtres, le nom d’Allobrogique. [Il s’agit de Paulluss<br />

Fabius Persicus, consul en 84, descendant de Q. Fabius Maximus, surnommé Allobrogique, en souvenir de se<br />

victoire sur les Allobroges, en 121 avant J.-C.]. Et si telle est votre pensée, que voulez-vous de plus ? Faut-il<br />

vous montrer <strong>la</strong> chose du doigt ? Le territoire même qui est situé au delà de <strong>la</strong> limite de <strong>la</strong> province<br />

Narbonnaise ne vous envole-t-il pas déjà des sénateurs, car nous n’avons pas à regr<strong>et</strong>ter sans doute de<br />

compter jusqu’à des Lyonnais parmi les membres de <strong>notre</strong> ordre. Assurément ce n’est pas sans quelque<br />

hésitation, Pères Conscrits, que je franchis les limites des provinces qui vous sont connues <strong>et</strong> familières. Mais le<br />

moment est venu où il faut p<strong>la</strong>ider ouvertement <strong>la</strong> cause de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> chevelue. On m’objectera que <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> a<br />

soutenu <strong>la</strong> guerre contre le dieu Jules pendant dix ans. Mais qu’on oppose à ce souvenir cent ans d’une fidélité<br />

invariable <strong>et</strong> d’un dévouement mis à l’épreuve en mainte circonstance critique. Mon père Drusus a pu<br />

soum<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> Germanie parce que derrière lui régnait une paix profonde assurée par <strong>la</strong> tranquillité des Gaulois.<br />

Et notez qu’au moment où il fut appelé à c<strong>et</strong>te guerre il était occupé à faire le cens, opération nouvelle pour ce<br />

peuple <strong>et</strong> en dehors de ses habitudes...

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