La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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fédérés auxquels il est fait allusion sont les Éduens, qui d’ailleurs sont nommés<br />
expressément, les Carnutes, les Rèmes, les Lingons, les Helvètes. Ce n’est pas<br />
que le droit de cité n’ait été répandu aussi, de <strong>la</strong> même manière, bien que peutêtre<br />
dans de moindres proportions, chez les peuples traités moins<br />
favorablement. Nous allons voir tout à l’heure qu’il l’était partout. Riais le fait<br />
d’appartenir à un État fédéré constituait, pour les Gaulois créés citoyens, une<br />
sorte de supériorité qui leur était comme un titre pour s’élever à un droit de cité<br />
plus compl<strong>et</strong>.<br />
[DISTINCTION ENTRE LES DROITS CIVILS ET LES DROITS POLITIQUES. JUS HONORUM]<br />
Il y avait en eff<strong>et</strong> — <strong>et</strong> c’est le deuxième fait qui nous est révélé par ce texte <strong>et</strong><br />
par toute <strong>la</strong> suite du débat —, il y avait deux degrés dans le droit de cité. De tout<br />
temps les Romains avaient distingué entre le droit de cité avec ou sans droit de<br />
suffrage (sine suffragio), c’est-à-dire avec ou sans droits politiques. Du droit de<br />
suffrage, il n’en pouvait être question sous l’Empire, mais il restait celui d’arriver<br />
aux magistratures sénatoriales (jus honorum), <strong>et</strong> l’on voit qu’il n’était pas<br />
nécessairement associé à l’exercice des droits privés.<br />
[DISCOURS DE CLAUDE] <strong>La</strong> requête des Gaulois souleva dans le Sénat de vives<br />
objections. C<strong>la</strong>ude prit <strong>la</strong> parole pour les combattre. Il était fils de Drusus, frère<br />
de Germanicus <strong>et</strong> il était né à Lyon. <strong>La</strong> <strong>Gaule</strong> devait lui être chère à plus d’un<br />
titre. Son discours le peint tout entier, avec son tempérament mal équilibré, ses<br />
qualités <strong>et</strong> ses défauts. C’est un curieux mé<strong>la</strong>nge d’idées justes, de vues élevées,<br />
d’érudition pédantesque, de digressions incohérentes, de boutades sans<br />
convenance <strong>et</strong> sans dignité.<br />
Il avait étudié l’histoire dans sa jeunesse. C’est à l’histoire qu’il emprunta ses<br />
arguments. Il montra dans <strong>la</strong> politique traditionnelle de Rome, dans <strong>la</strong> souplesse<br />
de ses institutions <strong>et</strong> de son génie, le secr<strong>et</strong> de sa grandeur. Il invoqua les<br />
familles étrangères entrées dans le patricial, l’égalité établie entre les deux<br />
ordres, l’assimi<strong>la</strong>tion progressive du <strong>La</strong>tium <strong>et</strong> de l’Italie. Il passa ensuite aux<br />
provinces, insistant sur <strong>la</strong> Narbonnaise, rappe<strong>la</strong>nt les recrues distinguées qu’elle<br />
avait fournies déjà, en grand nombre, au Sénat. Il avait parlé jusque là, malgré<br />
beaucoup de longueurs, le <strong>la</strong>ngage d’un homme d’État. A ces considérations<br />
succède tout à coup le bavardage d’un maniaque. Ce sont des confidences sur<br />
ses affections privées, des démonstrations d’amitié pour un certain Vestinus, un<br />
chevalier de Vienne, dont il a fait son agent de confiance <strong>et</strong> dont il recommande<br />
les enfants C’est aussitôt après une sortie furieuse contre un autre Viennois, dont<br />
il a récemment signé l’arrêt de mort, par une de ces cruautés qu’on obtenait si<br />
aisément de c<strong>et</strong>te nature violente <strong>et</strong> pusil<strong>la</strong>nime. Son nom, qu’il évite de<br />
prononcer, comme par un dernier outrage, <strong>et</strong> auquel il substitue tout ce qu’il<br />
trouve dans sa haine de qualifications injurieuses, est sur toutes les lèvres. Dans<br />
ce voleur, dans ce héros de palestre, chacun a reconnu Valérie Asiaticus, un des<br />
personnages marquants de c<strong>et</strong>te époque <strong>et</strong> un des plus nobles représentants de<br />
sa race au milieu de <strong>la</strong> haute société <strong>romaine</strong>. Deux fois consul, <strong>et</strong> candidat du<br />
Sénat quand il s’agit de donner un successeur à Caligu<strong>la</strong>, ce Gaulois, c<strong>et</strong><br />
Allobroge avait aspiré à l’empire, moins d’un siècle après César, <strong>et</strong> avait manqué<br />
y arriver. Son malheur, sous C<strong>la</strong>ude, fut de dép<strong>la</strong>ire à Messaline <strong>et</strong> surtout<br />
d’irriter ses convoitises par l’immensité de ses richesses. Il prévint le supplice<br />
avec un tranquille courage, dans ces mêmes jardins dont <strong>la</strong> magnificence avait<br />
séduit l’Impératrice <strong>et</strong> contribué à sa perte.<br />
[SÉNATEURS ORIGINAIRES DE LA NARBONNAISE] Ce qu’il nous importe de<br />
constater, c’est, dès c<strong>et</strong>te époque, <strong>la</strong> proportion assez notable des sénateurs