La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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CHAPITRE III. — L’ENTRÉE DES GAULOIS DANS LA CITÉ<br />
ROMAINE<br />
I. — LES ASSOCIATIONS DE CITOYENS ROMAINS. LES CONCESSIONS DU<br />
DROIT LATIN ET DU DROIT DE CITÉ. LE DISCOURS DE CLAUDE1<br />
[LES ASSOCIATIONS DE CITOYENS ROMAINS] L’ADMISSION de tous les Gaulois au<br />
droit de cité <strong>romaine</strong> fut le dernier acte de <strong>la</strong> transformation accomplie dans <strong>la</strong><br />
<strong>Gaule</strong>.<br />
Les citoyens romains ne furent longtemps, en dehors de l’Italie, qu’une très<br />
faible minorité, composée d’abord exclusivement de négociants qu’attirait dans<br />
les pays soumis le désir d’exploiter les vaincus, <strong>et</strong> renforcée p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it par<br />
l’appoint des provinciaux choisis entre leurs compatriotes pour participer aux<br />
privilèges de <strong>la</strong> nation conquérante. Isolés au milieu des popu<strong>la</strong>tions suj<strong>et</strong>tes,<br />
exposés à leur jalousie, à leur malveil<strong>la</strong>nce, à leur hostilité <strong>la</strong>tente ou déc<strong>la</strong>rée,<br />
ils sentirent le besoin de se rapprocher, de se grouper. De là ces associations<br />
appelées conventus que nous voyons se multiplier dans toutes les parties du<br />
monde romain.<br />
Il va de soi qu’elles perdaient leur raison d’être à mesure que se propageait<br />
autour d’elles le droit de cité ou même c<strong>et</strong>te forme atténuée du droit de cité qui<br />
était le droit <strong>la</strong>tin. C’est pourquoi il n’en est plus question dans <strong>la</strong> Narbonnaise,<br />
dés le début de l’ère impériale. Elles disparurent de même, plus lentement, dans<br />
les trois Provinces. Elles avaient par leur influence répandu le goût de <strong>la</strong><br />
civilisation <strong>la</strong>tine <strong>et</strong> préparé le terrain pour les institutions municipales dont elles<br />
offraient, dans leur administration intérieure, une image réduite.<br />
[LEUR ORGANISATION] Les conventus étaient régis chacun par un curateur, assisté<br />
quelquefois d’un questeur. Nous trouvons de ces curateurs à Auch, à Périgueux,<br />
à Saintes, à Avenches, à Mayence2. Nous trouvons un questeur dans c<strong>et</strong>te<br />
dernière ville <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> cité des Nerviens. Les curateurs locaux relevaient d’un<br />
curateur provincial (summus curator civium romanorum provinciae Aquitaniae ou<br />
Lugdunensis). C<strong>et</strong>te organisation centralisée ne se rencontre d’ailleurs que dans <strong>la</strong><br />
<strong>Gaule</strong>. Les curateurs locaux <strong>et</strong> provinciaux étaient presque toujours des<br />
personnages considérables, ayant passé par les fonctions municipales, Gaulois<br />
d’origine par conséquent, <strong>et</strong> par là plus aptes à défendre, dans leur milieu, les<br />
intérêts dont ils avaient <strong>la</strong> charge. Pourtant ils n’habitaient pas nécessairement<br />
au milieu de leurs comm<strong>et</strong>tants. Sur trois curateurs du conventus helvétique, on<br />
en compte deux qui ont exercé des magistratures ailleurs que chez les Helvètes,<br />
1 SOURCES : Les textes sont très dispersés <strong>et</strong> empruntés pour <strong>la</strong> plupart à l’épigraphie. Nous ne citerons que le<br />
discours de C<strong>la</strong>ude sur les tables de Lyon (Corpus inscript. <strong>la</strong>tin., XIII, 1668) <strong>et</strong> dans Tacite, Annales, XI. 23-<br />
25.<br />
OUVRAGES À CONSULTER : Morel, Les associations de citoyens romains. Extrait du t. XXXIV des Mémoires <strong>et</strong><br />
documents de <strong>la</strong> Société d’histoire de <strong>la</strong> Suisse romande, 1877. Mommsen, Schweizer Nachstudien, Hermes,<br />
1881. Schulten, De conventibus civium romanorum, 1892. Kornemann, De civibus romanis in provincis imperit<br />
consistenlibus, Berliner Studien, 1892. A.-W. Zumpt, Studia romana, p. 325 <strong>et</strong> suiv., 1859. Hirschfeld, Zur<br />
Geschichte des <strong>la</strong>tinischen Rechts, Festschrift zur fünfzigjaehrigen Gründungsfeier des archaeologischen<br />
Institutes In Rom, 1878, traduit par Thédenat, Thorm, 1880. Die Verbreitung des <strong>la</strong>tinischen Recht im<br />
römischen Reich, Gallische Studien, I, p. 51 <strong>et</strong> suiv., 1883, traduit par Thédenat, Champion, 1895.<br />
2 Auch était en possession du droit <strong>la</strong>tin depuis Auguste (voir plus loin). Mais le pays était encore peu<br />
romanisé. Voir les inscriptions dans Kornemann, ouvr. cité. Pour <strong>la</strong> cité des Nerviens, Desjardins, <strong>Gaule</strong><br />
<strong>romaine</strong>, II, p. 341, n. 1.