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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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Narbonnaise, si riche pourtant en documents épigraphiques1. On n’en sera pas<br />

surpris si l’on réfléchit que Rome avait pris pour point d’appui, dans toute <strong>la</strong><br />

<strong>Gaule</strong>, les aristocraties locales. Elle eût risqué de les mécontenter en donnant<br />

aux c<strong>la</strong>sses inférieures une importance qu’elles n’avaient pas eue avant <strong>la</strong><br />

conquête. <strong>La</strong> seule assemblée politique, dans les cités gallo-<strong>romaine</strong>s, était donc<br />

très vraisemb<strong>la</strong>blement le Sénat municipal ou conseil des décurions. C’était lui<br />

qui élisait les magistrats, <strong>et</strong> l’on sait qu’il devait en être ainsi, à <strong>la</strong> longue, dans<br />

tout l’Empire.<br />

[LES MAGISTRATS] Les magistrats municipaux sont, comme ceux de Rome,<br />

nommés pour un an <strong>et</strong> au nombre de deux pour chaque magistrature. Ils sont<br />

investis, dans leur sphère plus modeste, d’attributions analogues. Il n’est pas<br />

jusqu’aux titres qui ne soient identiques, sauf pour les magistrats suprêmes qui<br />

ne s’appellent pas consuls, parce que ce serait abaisser <strong>la</strong> majesté de ce grand<br />

nom, mais duumviri ou duoviri. Ils ont d’ailleurs les mêmes insignes que les<br />

consuls, <strong>la</strong> chaise curule, <strong>la</strong> toge prétexte <strong>et</strong> <strong>la</strong> tunique <strong>la</strong>tic<strong>la</strong>ve, <strong>la</strong> première<br />

brodée <strong>et</strong> l’autre bordée de pourpre, une escorte de licteurs portant les<br />

faisceaux, avec c<strong>et</strong>te différence que les licteurs ne sont que deux <strong>et</strong> que les<br />

faisceaux, modifiés dans leur forme, sont aussi dépouillés de <strong>la</strong> hache, symbole<br />

de l’imperium ou autorité souveraine. Au-dessous des duumvirs viennent les<br />

deux édiles <strong>et</strong> les deux questeurs. Les questeurs sont préposés à <strong>la</strong> caisse<br />

municipale. Ce sont de simples agents financiers qui n’ont pas c<strong>et</strong>te part de<br />

juridiction toujours inhérente à l’exercice d’une magistrature proprement dite. Il<br />

n’en est pas de même des édiles, <strong>et</strong> c’est pourquoi ils peuvent être associés aux<br />

duumvirs comme des collègues en sous-ordre, de manière à former avec eux un<br />

quattuorvirat2. Ils ont dans leur ressort les marchés, <strong>la</strong> voirie, les jeux, les<br />

distributions frumentaires. Mais les duumvirs sont les vrais chefs de <strong>la</strong> cité.<br />

[LES DUUMVIRS. ATTRIBUTIONS JUDICIAIRES] Leur principale fonction, ainsi qu’il<br />

résulte de leur titre (duumviri jure dicundo), consiste à rendre <strong>la</strong> justice. Si l’on<br />

s’en tient aux jurisconsultes de <strong>la</strong> fin du IIe <strong>et</strong> du commencement du IIIe siècle,<br />

leur juridiction était fort limitée. Elle se réduisait, au criminel, à une enquête<br />

préparatoire <strong>et</strong> à des attributions de simple police, n’adm<strong>et</strong>tant même pour les<br />

esc<strong>la</strong>ves qu’un droit de pénalité restreint ; au civil, à <strong>la</strong> juridiction gracieuse, si<br />

toutefois elle leur était concédée par mesure spéciale, <strong>et</strong>, en fait de juridiction<br />

contentieuse, aux causes les moins importantes, <strong>et</strong> encore, sauf consentement<br />

des parties <strong>et</strong> à condition que l’obj<strong>et</strong> du litige ne dépassât pas un taux<br />

déterminé. Il est probable qu’il n’en avait pas toujours été ainsi, surtout dans les<br />

cités libres <strong>et</strong> fédérées3. Les duumvirs suivaient les règles de <strong>la</strong> procédure<br />

1 Une Inscription d’Arles (Corpus Inscript. <strong>la</strong>tin., XII, 697) mentionne un magistrat de c<strong>et</strong>te ville qui a été<br />

candidat des Arlésiens (Candidatus Are<strong>la</strong>tensium). Ce<strong>la</strong> veut dire qui a été, non pas élu, mais porté par <strong>la</strong><br />

faveur de ses concitoyens. Une inscription de Lyon (XIII, 1921) mentionne un duumvir désigné à <strong>la</strong> demande<br />

du peuple (designatus ex postu<strong>la</strong>tione populi). Cf. XII, 1585. C<strong>et</strong>te formule exclut l’élection.<br />

2 D’une manière générale, c’est-à-dire à prendre l’organisation municipale dans son ensemble par tout<br />

l’Empire, le duumvirat se rencontre plutôt dans les colonies <strong>et</strong> le quattuorvirat dans les municipes. Mais c<strong>et</strong>te<br />

règle, qui d’ailleurs souffre de nombreuses exceptions, n’est pas applicable à <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Dans <strong>la</strong> Narbonnaise, les<br />

duumvirs sont propres aux colonies <strong>romaine</strong>s <strong>et</strong> les quattuorvirs aux colonies <strong>la</strong>tines. Vienne, devenue, de<br />

colonie <strong>la</strong>tine, colonie <strong>romaine</strong>, substitue, à partir de ce moment, le duumvirat au quattuorvirat. (Le<br />

quattuorvirat viennois ne comprend pas les édiles. Voir plus loin.) L’édilité parait avoir été très rare dans les<br />

cités gallo-<strong>romaine</strong>s, en dehors de <strong>la</strong> Narbonnaise. Nous ne <strong>la</strong> trouvons signalée jusqu’à présent que chez les<br />

Sénons <strong>et</strong> chez les Nitiobriges. Elle se rencontre aussi dans <strong>la</strong> cité des Teunenses (Brembach, 1463). Mais on<br />

sait que les cités rhénanes étaient plus exactement organisées sur le modèle romain que celles de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong><br />

centrale <strong>et</strong> occidentale.<br />

3 <strong>La</strong> question de <strong>la</strong> juridiction municipale est très controversée. Les textes décisifs font défaut. Fustel de<br />

Cou<strong>la</strong>nges (<strong>Gaule</strong> <strong>romaine</strong>, p. 310) pense qu’il n’y avait pas de règle bien arrêtée <strong>et</strong> qu’il pouvait arriver aux<br />

pouvoirs municipaux de dépasser, par tolérance, les limites que nous venons de tracer.

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