La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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Turons, les Viducasses, les Meldes, les Nerviens, les Suessions, les Silvanectes,<br />
les Leuques, les Trévires.<br />
Tous ces peuples étaient en possession de leur privilège dès le règne d’Auguste,<br />
quelques-uns dès leurs premiers rapports avec Rome, comme les Éduens <strong>et</strong> les<br />
Helvètes. Seuls les Turons <strong>et</strong> les Pétrucoriens paraissent en avoir été investis<br />
plus tard, ceux-ci à une date qu’on ne peut fixer, ceux-là tout au moins dès le<br />
règne de C<strong>la</strong>ude (41-54).<br />
On démêle assez bien, en général, les raisons qui ont présidé à <strong>la</strong> distribution de<br />
ces faveurs. Les Massaliotes étaient les plus vieux amis de Rome au delà des<br />
Alpes. Les Voconces, après <strong>la</strong> résistance opposée à Pompée, n’avaient plus fait<br />
un effort pour secouer le joug. Les Éduens, les Rèmes, les Lingons avaient été<br />
les plus utiles instruments de César. Les Helvètes, depuis leur exode en 58 av.<br />
J.-C., avaient monté fidèlement <strong>la</strong> garde sur <strong>la</strong> frontière. Les Leuques n’étaient<br />
sortis à aucun moment de leur neutralité bienveil<strong>la</strong>nte. Les Trévires, après une<br />
lutte acharnée, s’étaient abstenus du moins lors du mouvement de Vercingétorix.<br />
Quant aux autres peuples, les détails de leur histoire nous sont trop peu connus<br />
pour qu’il soit possible de rien préjuger sur les motifs dont s’inspira, en ce qui les<br />
concernait, <strong>la</strong> politique d’Auguste.<br />
<strong>La</strong> qualité de ville libre ou fédérée n’était pas incompatible avec celle de colonie<br />
<strong>romaine</strong>. Avenches, en tant que ville des Helvètes, était une ville fédérée. Elle ne<br />
cessa pas de l’être après avoir été érigée en colonie. Ce fut dorénavant <strong>la</strong> Colonia<br />
Pia F<strong>la</strong>via Constans Emerita Helv<strong>et</strong>iorum foederata. Il en fut de même pour les<br />
villes de Die chez les Voconces, de <strong>La</strong>ngres chez les Lingons, de Trèves chez les<br />
Trévires1. Les villes ainsi favorisées cumu<strong>la</strong>ient les avantages de l’autonomie<br />
avec ceux du privilège colonial.<br />
[CONDITION DES CITÉS LIBRES ET FÉDÉRÉES] <strong>La</strong> liberté était octroyée aux cités par<br />
un acte spécial à chacune d’elles <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> teneur pouvait varier de l’une à<br />
l’autre. Leur condition étant très diverse, nous n’avons pu que l’esquisser dans<br />
ses traits essentiels, en dehors des particu<strong>la</strong>rités qui, pour les cités gauloises,<br />
nous échappent complètement. C<strong>et</strong>te condition s’est modifiée d’ailleurs avec le<br />
temps. Leur droit de juridiction avait subi dans tout l’empire de notables<br />
restrictions dès le règne de Néron (54-68 ap. J.-C.)2. En <strong>Gaule</strong>, elles avaient<br />
perdu, dès Tibère <strong>et</strong> avant l’an 21 de <strong>notre</strong> ère, leur immunité en fait d’impôt3.<br />
On rencontre pourtant, dans ce pays, jusqu’au milieu du me siècle de <strong>notre</strong> ère,<br />
des cités se disant libres <strong>et</strong> fédérées. Les Lingons prenaient ce deuxième titre<br />
sous Septime Sévère4 (193-211). Les Viducasses <strong>et</strong> les Vel<strong>la</strong>ves revendiquaient<br />
encore le premier sous Gordien, en 238, <strong>et</strong> sous Dèce (249-251). Mais ce<br />
n’étaient plus alors que des titres honorifiques, ne correspondant à rien de réel.<br />
[INSTITUTIONS ROMAINES ADOPTÉES PAR LES CITÉS] Les cités pérégrines de toute<br />
condition avaient conservé leurs institutions nationales. C<strong>et</strong>te <strong>la</strong>rge tolérance ne<br />
contait rien à <strong>la</strong> politique de Rome. Ce ne fut pas elle qui imposa ses institutions<br />
aux peuples vaincus. Ce furent les peuples vaincus qui sollicitèrent, comme une<br />
faveur, le droit de se les approprier. <strong>La</strong> tendance était <strong>la</strong> même chez les<br />
1 Il est probable que les Trévires, en même temps que leur ville fut érigée en colonie, recouvrèrent <strong>la</strong> liberté<br />
dont ils avaient été privés à <strong>la</strong> suite des événements de 70 ap. J.-C. : Treveri liberi antea, dit Pline (Histoire<br />
naturelle, IV, 106). Voir d’autre part <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre de l’empereur Tacite, Vita Floriani, 18 : Ut estis libers <strong>et</strong> semper<br />
fuistis.<br />
2 Digeste, XLIX, 15, 7.<br />
3 Chap. I, § 6.<br />
4 Mowat, Revue archéologique, 1890, p. 31.