La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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ce fait, à c<strong>et</strong>te province. Tandis qu’ailleurs, pour une durée de trois siècles, les<br />
noms du chef-lieu <strong>et</strong> du peuple restaient distincts, là, dans le Sud-Est,<br />
l’identification était faite aux dépens de l’<strong>et</strong>hnique. Sans doute on comprend que<br />
les peuples dépecés par <strong>la</strong> colonisation n’aient pu conserver un nom qui, par le<br />
partage, eût perdu toute signification <strong>et</strong> toute raison d’être. Pour ceux-là<br />
l’adoption d’un nom nouveau, emprunté à <strong>la</strong> colonie, au chef-lieu, était indiquée.<br />
Mais tel n’était pas le cas des Allobroges, qui avaient maintenu leur unité <strong>et</strong> qui<br />
néanmoins ne s’appelèrent plus que Viennenses (Viennois). Aux Allobroges<br />
s’opposent les Voconces, demeurés fidèles, malgré les prétentions des habitants<br />
de Vaison, à leur nom comme à leurs traditions jusqu’à l’époque tardive où ils<br />
furent eux-mêmes démembrés en plusieurs cités. De même les Helviens, bien<br />
que n’ayant reçu qu’une colonie, <strong>la</strong> colonie d’Alba, ne paraissent s’être appelés<br />
Albenses que dans le courant du troisième siècle ; mais on sait que le<br />
développement de <strong>la</strong> vie urbaine fut très lent <strong>et</strong> médiocrement bril<strong>la</strong>nt dans c<strong>et</strong>te<br />
région1.<br />
[VILLES QUI PRENNENT LE NOM DU PEUPLE] On ne sera pas surpris de voir <strong>la</strong><br />
méthode contraire l’emporter dans les trois <strong>Gaule</strong>s. Les peuples ne s’y étaient<br />
pas fractionnés. Il n’y avait donc pas lieu de substituer à <strong>la</strong> dénomination<br />
commune des noms nouveaux répondant à autant de cités nouvelles. Mais, de<br />
plus, <strong>la</strong> notion de l’État sous sa forme gauloise était demeurée assez longtemps<br />
prépondérante pour survivre encore dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, alors qu’il n’en restait rien<br />
dans les faits. Ainsi, dans le temps même où le chef-lieu avait absorbé <strong>la</strong> nation,<br />
ce fut encore <strong>la</strong> nation qui imposa son nom au chef-lieu. Il y a des exceptions,<br />
mais l’explication n’en est pas moins vraie dans sa généralité, en dehors des cas<br />
particuliers dont <strong>la</strong> raison nous échappe le plus souvent <strong>et</strong> dont l’histoire locale,<br />
si nous <strong>la</strong> connaissions mieux, pourrait sans doute nous donner <strong>la</strong> clef2.<br />
[MÊME PHÉNOMÈNE DANS LE PAGUS] Le même phénomène se répète dans le<br />
pagus, image réduite de <strong>la</strong> cité. Il s’y répète sous ses deux formes qui attestent,<br />
chacune à Sa manière, le même travail de concentration. Tantôt c’est le pagus<br />
qui perd son nom <strong>et</strong> prend celui du plus important de ses vici. Le pagus<br />
Lucr<strong>et</strong>ius, dans <strong>la</strong> cité d’Arles, était groupé, au temps de l’Empereur Antonin<br />
(138-161), autour d’une localité appelée locus Gargarius, aujourd’hui le hameau<br />
de Saint-Jean-de-Garguier. Ce pagus reparaît, en l’an 417 ap. J.-C., dans <strong>la</strong><br />
paroisse Gargaria, mais le nom de Lucr<strong>et</strong>ius a disparu. Tantôt, inversement, c’est<br />
le nom du pagus qui a duré en se substituant à celui du vicus. Le pagus<br />
Matavonicus a donné naissance à <strong>la</strong> localité de Matavonium, entre Aix <strong>et</strong> Fréjus.<br />
De nos jours encore le souvenir du pagus Vordensis, dans <strong>la</strong> cité d’Apt, se<br />
conserve dans le nom du vil<strong>la</strong>ge de Gordes.<br />
1 Livre III, ch. I, § 1.<br />
2 Voir <strong>la</strong> liste des cités au IVe siècle, liv. II, chap. III, § 2.