La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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Vallensium ou Forum C<strong>la</strong>udii Augusti), chef-lieu des Varagres, d’Aime en Tarentaise<br />
(Axima Centronum, dit aussi Forum C<strong>la</strong>udii Centronum), chef-lieu des Centrons, ces<br />
deux dernières fondées par l’empereur C<strong>la</strong>ude, comme <strong>la</strong> ville de Fréjus (Forum<br />
Julii), dans <strong>la</strong> Narbonnaise, l’avait été par César.<br />
<strong>La</strong> création des villes prépara <strong>la</strong> transition de l’État gaulois à <strong>la</strong> cité <strong>romaine</strong>,<br />
mais il fallut bien du temps encore pour que le mouvement arrivât à son terme.<br />
[LA MAGISTRATURE DOUBLE SUBSTITUÉE À MAGISTRATURE UNIQUE] <strong>La</strong> substitution<br />
de <strong>la</strong> magistrature collégiale <strong>la</strong>tine à <strong>la</strong> magistrature unique des Gaulois ne fut<br />
qu’un premier pas, le moins décisif, mais très vite franchi, à ce qu’il semble, dans<br />
les trois Provinces, comme dans <strong>la</strong> Narbonnaise. Les deux inscriptions qui nous<br />
font connaître l’une un vergobr<strong>et</strong> chez les Santons1, l’autre un préteur chez les<br />
Bituriges Vivisques, sont toutes deux de <strong>la</strong> première moitié du Ier siècle de <strong>notre</strong><br />
ère. Il faut p<strong>la</strong>cer plus tard, <strong>et</strong> en tout cas après l’avènement des F<strong>la</strong>viens, c’està-dire<br />
après l’an 69, le monument consacré par un certain F<strong>la</strong>vus ou plutôt<br />
F<strong>la</strong>vius, magistrat suprême de <strong>la</strong> cité des Bataves (summus magistratus civitatis<br />
Ba<strong>la</strong>vorum2), mais il n’est pas étonnant que les institutions nationales aient<br />
persisté plus longtemps à c<strong>et</strong>te distance, <strong>et</strong> en particulier chez ce peuple3. Ces<br />
trois documents sont les seuls de leur espèce. Partout ailleurs c’est le système<br />
romain que nous montrent les inscriptions, quand elles nous renseignent sur<br />
l’organisation des pouvoirs publics. Il est vrai qu’elles ne nous renseignent pas<br />
pour toutes les cités. Nous savons que les Tarbelles, les Ausces, les Élusates, les<br />
P<strong>et</strong>rucoriens, les Vel<strong>la</strong>ves, les Bituriges Cubes, les Ségusiaves, les Éduens, les<br />
Carnutes, les Sénons, les Viducasses, les Helvètes, les Séquanes, les Morins, les<br />
Nerviens4, étaient régis par des duumvirs. Ailleurs, chez les Arvernes, les<br />
Cadurques, les Gabales, les Turons, les Lingons5, les inscriptions, sans nous faire<br />
connaître les magistratures de <strong>la</strong> cité, nous apprennent qu’un tel les a remplies<br />
toutes. Comme c<strong>et</strong>te formule est ordinaire dans les cités où les magistratures<br />
sont notoirement organisées sur le type romain, il y a lieu de croire qu’elle avait<br />
le même sens dans les autres. Reste à savoir si <strong>la</strong> même forme de gouvernement<br />
a prévalu partout. Il est impossible de l’affirmer dans l’état de nos<br />
connaissances, mais il est permis de le supposer.<br />
[LE GOUVERNEMENT DE LA CITÉ DISTINCT DE CELUI DU CHEF-LIEU] Ce qu’il importe<br />
de noter, c’est que le gouvernement de <strong>la</strong> cité ne se confond pas <strong>et</strong> ne se<br />
confondra pas de sitôt avec celui du chef-lieu. <strong>La</strong> ville de Bordeaux commence<br />
par être une sorte de pagus urbain, analogue à celui de Vaison, avec c<strong>et</strong>te<br />
différence qu’elle est administrée, non par un préf<strong>et</strong>, mais par des magistri,<br />
comme nous verrons qu’il est d’usage pour les pagi du Sud-Ouest. Nous<br />
r<strong>et</strong>rouvons le préf<strong>et</strong> des pagi du Sud-Est dans <strong>la</strong> ville d’Anicium (le Puy). Les<br />
habitants de Nantes s’intitulent au premier siècle ou au début du second les<br />
habitants du vicus qui est le port des Namnètes (Vicani Portenses). A une date très<br />
postérieure, en l’an 250 ap. J.-C., les habitants de Sens ne sont encore que les<br />
habitants du vicus d’Agedincum (Vicani Agedincenses), <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> dans une inscription<br />
où les magistratures du vicus sont n<strong>et</strong>tement distinguées de celles de <strong>la</strong> cité, car<br />
1 Il est à remarquer que ce vergobr<strong>et</strong> a exercé d’abord <strong>la</strong> fonction de questeur. Ce<strong>la</strong> fait un curieux mé<strong>la</strong>nge<br />
d’institutions <strong>romaine</strong>s <strong>et</strong> gauloises.<br />
2 Brembach, 184.<br />
3 Sur <strong>la</strong> condition faite aux Bataves, voir 1re partie, liv. II, chap. II, § 4.<br />
4 Mommsen, Inscriptions helv<strong>et</strong>icae, 142, 181, 184. Orelli, 4018. Henzen, 5211. Desjardins, Géographie de <strong>la</strong><br />
<strong>Gaule</strong>, III, p. 449. Il va sans dire qu’il en était de même pour les colonies <strong>romaine</strong>s de Lyon, de Nyon, d’Aug<strong>et</strong>,<br />
de Cologne.<br />
5 Legay, Inscriptions de <strong>la</strong> Côte-d’Or, 225, 282.