La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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cité de Vienne. Il l’est dans <strong>la</strong> région <strong>la</strong> plus riche, <strong>la</strong> plus ouverte. Là se sont<br />
formés des vici qui sont des villes véritables <strong>et</strong> forcément se sont subordonné les<br />
districts ruraux. Ce sont les vici de Genève (Genava), d’Aix (Aquae), d’Aoste<br />
(Augustum), d’Albens (Albinnum), de Grenoble (Cu<strong>la</strong>ro), d’Annecy (vicus Bo... ?).<br />
Ailleurs, dans les parties les plus montagneuses, les plus écartées, le régime du<br />
pagus est le seul dont il y ait trace dans les inscriptions.<br />
Les cités de Nîmes <strong>et</strong> de Vienne sont organisées sur le type romain en ce sens<br />
que les magistrats de <strong>la</strong> ville, duumviri ou quattuorviri1, y sont identiques à ceux<br />
de <strong>la</strong> cité. <strong>La</strong> primauté de <strong>la</strong> ville de Vienne est même si bien établie que, dès le<br />
premier jour, les habitants du territoire ne se distinguent plus nominalement de<br />
ceux de <strong>la</strong> ville. Ils s’appellent, non plus Allobroges, mais Viennois (Viennenses),<br />
comme ces derniers.<br />
[LA CITÉ DES VOCONCES] Il faut m<strong>et</strong>tre à part les Voconces. Ce peuple conserve<br />
jusqu’à <strong>la</strong> fin, c’est-à-dire très vraisemb<strong>la</strong>blement jusqu’à <strong>la</strong> réorganisation<br />
administrative du nie siècle ap. J.-C., son organisation nationale. II doit ce<br />
privilège à sa qualité d’État allié, fédéré, qu’il est seul à partager avec Marseille<br />
<strong>et</strong> qui lui assure le maintien de ses institutions gauloises, comme elle assure à <strong>la</strong><br />
ville phocéenne le maintien de ses institutions helléniques. Il nous offre ainsi,<br />
grâce à <strong>la</strong> richesse des documents épigraphiques extraits de son sol, un<br />
exemp<strong>la</strong>ire unique de l’État gaulois sous <strong>la</strong> domination <strong>romaine</strong>.<br />
Le gouvernement est représenté par un préteur qui, autant qu’on en peut juger,<br />
n’a point de collègue, par un édile, ou peut-être par deux magistrats de ce nom,<br />
par un préf<strong>et</strong> de <strong>la</strong> milice (praefectus praesidiorum) <strong>et</strong> par un conseil de vingt<br />
membres. Les titres sont <strong>la</strong>tins, mais le préf<strong>et</strong> de <strong>la</strong> milice rappelle le chef de<br />
l’armée p<strong>la</strong>cé à côté du vergobr<strong>et</strong> éduen, <strong>et</strong> le conseil des Vingt fait penser aux<br />
principes de l’époque de l’indépendance. Il parait analogue au conseil des Onze à<br />
Nîmes. Ce sont les Vingt qui nomment les magistrats des pagi, les préf<strong>et</strong>s. De<br />
l’ensemble formé par les pagi se détachent les trois villes de Lucus Augusti (Luc<br />
en Diois), de Dea Augusta (Die), de Vasio (Vaison), c<strong>et</strong>te dernière assez<br />
importante pour prétendre imposer le nom de ses habitants au peuple tout<br />
entier, comme les Viennois ont imposé le leur aux Allobroges. Mais les Voconces<br />
ont résisté mieux que ces derniers. Ils ne cessent pas de s’appeler eux-mêmes<br />
Vocontii. Ce sont les habitants de Vaison qui, par une sorte d’usurpation, ont<br />
ajouté à ce nom celui de Vasienses. Il est à remarquer en eff<strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te<br />
expression, Vasienses Vocontii, ne se rencontre que sur des inscriptions trouvées<br />
à Vaison même. <strong>La</strong> ville de Vaison n’est pas, du reste, sur le même pied que <strong>la</strong><br />
ville de Vienne. Elle est le siège du gouvernement de <strong>la</strong> cité, mais elle a ellemême<br />
son préf<strong>et</strong>, c’est-à-dire son administration particulière, analogue à celle<br />
des pagi <strong>et</strong> distincte de l’administration centrale. Elle est comme un pagus<br />
urbain, <strong>et</strong> l’on peut en dire autant très probablement des deux villes de Lucus<br />
Augusti <strong>et</strong> de Dea Augusta.<br />
[TRANSFORMATION DANS LES TROIS PROVINCES] <strong>La</strong> constitution des Voconces est<br />
une anomalie dans <strong>la</strong> Narbonnaise. Elle est <strong>la</strong> règle dans <strong>la</strong> Lyonnaise, dans<br />
l’Aquitaine <strong>et</strong> <strong>la</strong> Belgique. Nous le verrions mieux encore, si l’épigraphie de ces<br />
provinces n’était pas si déplorablement insuffisante.<br />
[PERMANENCE DES ANCIENS ÉTATS] <strong>La</strong> colonisation, si intense dans <strong>la</strong><br />
Narbonnaise, le fut beaucoup moins en dehors de c<strong>et</strong>te province. Si l’on m<strong>et</strong> à<br />
1 Sur les duumviri <strong>et</strong> les quattuorviri, voir § 5.