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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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en est un à <strong>la</strong> vérité qui peut être considéré comme une sorte de capitale, car il<br />

sert de résidence aux magistrats, de lieu de réunion aux assemblées, mais ces<br />

assemblées ni ces magistrats n’appartiennent à <strong>la</strong> ville qui les reçoit dans ses<br />

murs. <strong>La</strong> ville ne s’annexe point le territoire qui l’enveloppe. C’est ce territoire<br />

qui l’absorbe <strong>et</strong> dont elle dépend.<br />

<strong>La</strong> même conception se r<strong>et</strong>rouve dans le tout <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> partie dans l’État ou cité,<br />

<strong>et</strong> dans le canton ou pagus.<br />

[ANALOGIE ENTRE L’ÉTAT GAULOIS ET LE PAGUS] Il en est du pagus comme de <strong>la</strong><br />

cité. Le mot est <strong>la</strong>tin, mais <strong>la</strong> chose est celtique. Nous avons rencontré les pagi<br />

dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> <strong>indépendante</strong> <strong>et</strong>, bien que nos renseignements, en ce qui les<br />

concerne pour c<strong>et</strong>te époque, soient très pauvres, nous en savons assez pour les<br />

distinguer des pagi italiens. Ces derniers étaient des cantons peu étendus <strong>et</strong> sans<br />

aucune autonomie, des divisions cadastrales, administratives, avec un culte<br />

commun. Les pagi gaulois étaient des groupements beaucoup plus vastes,<br />

jouissant, au sein de <strong>la</strong> cité, d’une très <strong>la</strong>rge initiative, d’une réelle<br />

indépendance1. Au milieu du pagus une agglomération s’était constituée, une<br />

bourgade, un vil<strong>la</strong>ge, ce que les Romains appe<strong>la</strong>ient un vicus. Le pagus était par<br />

rapport à c<strong>et</strong>te localité comme le territoire entier par rapport au chef-lieu.<br />

<strong>La</strong> transformation de l’État gaulois en cité <strong>romaine</strong>, à tous les degrés, dans <strong>la</strong><br />

partie <strong>et</strong> dans l’ensemble, ce fait est un de ceux qui dominent l’histoire intérieure<br />

de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, durant les trois premiers siècles de <strong>notre</strong> ère. Le mouvement ne<br />

s’opère qu’à <strong>la</strong> longue, plus ou moins lentement suivant les régions, <strong>et</strong> par<br />

étapes diverses. Ici c’est le chef-lieu qui a obtenu son administration particulière,<br />

mais distincte de celle de <strong>la</strong> cité. Il a acquis une individualité, il s’est détaché de<br />

<strong>la</strong> cité, mais il n’est pas arrivé encore à se l’incorporer. Ailleurs c’est le pagus qui<br />

résiste <strong>et</strong> qui maintient contre le vicus son importance politique. Le régime des<br />

cités gallo-<strong>romaine</strong>s présente ainsi, pour l’observateur attentif, de très grandes<br />

variétés, témoignant, une fois de plus, de l’extrême souplesse de <strong>la</strong> politique de<br />

Rome. Jamais conquérants n’ont su mieux accommoder le respect des traditions<br />

nationales <strong>et</strong> les intérêts de leur domination.<br />

[LA MAGISTRATURE DANS L’ÉTAT GAULOIS ET DANS LA CITÉ ROMAINE] Il reste à<br />

signaler une autre différence, d’ordre secondaire, entre l’État gaulois <strong>et</strong> <strong>la</strong> cité<br />

<strong>romaine</strong>. A Rome, <strong>et</strong> dans les villes <strong>la</strong>tines, <strong>la</strong> magistrature suprême était<br />

partagée entre deux titu<strong>la</strong>ires qui portaient, à Rome même, le titre de consuls, <strong>et</strong><br />

dans les villes dépendantes de Rome celui de duumvirs. Dans les États gaulois<br />

elle était confiée à un titu<strong>la</strong>ire unique, roi <strong>et</strong> plus souvent simple magistrat,<br />

appelé vergobr<strong>et</strong> chez les Éduens <strong>et</strong> chez quelques autres peuples, sinon chez<br />

tous. On ne changea rien d’abord à ce régime. On se contenta de donner à ce<br />

chef unique le titre de préteur (pra<strong>et</strong>or), le plus exact des équivalents fournis par<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong>tine, car il avait été porté à Rome par les successeurs des rois <strong>et</strong> il<br />

n’impliquait pas, comme celui de duumvir <strong>et</strong> de consul, l’idée de collégialité.<br />

C’était <strong>la</strong> même méthode qui, dans un autre domaine, préparait, en leur<br />

imposant des noms <strong>la</strong>tins, <strong>la</strong> transformation des dieux celtiques. Encore faut-il<br />

noter que le titre de vergobr<strong>et</strong> n’a pas disparu dans les trois Provinces, du moins<br />

au début du premier siècle de <strong>notre</strong> ère, chez les Santons.<br />

L’introduction du système collégial <strong>la</strong>tin se fit assez vite, à ce<strong>la</strong> près que les deux<br />

magistrats substitués au préteur unique continuèrent quelque temps encore, par<br />

1 1re partie, liv. II, chap. I, § 4.

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