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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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III. — LA TRANSFORMATION DES ÉTATS GAULOIS EN CITÉS ROMAINES1<br />

LE morcellement des peuples de <strong>la</strong> Narbonnaise s’explique par <strong>la</strong> multiplication<br />

des villes dans c<strong>et</strong>te contrée. Inversement, c’est le développement beaucoup<br />

plus tardif de <strong>la</strong> vie urbaine dans les trois Provinces qui a maintenu dans c<strong>et</strong>te<br />

partie de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> le nombre des unités politiques préexistantes. Il y a là un<br />

double phénomène qui appelle <strong>notre</strong> attention <strong>et</strong> dont l’étude nous fait pénétrer<br />

plus avant dans l’organisation de l’État gaulois <strong>et</strong> gallo-romain.<br />

[DIFFÉRENCE ENTRE L’ÉTAT GALLOIS ET LA CITÉ ROMAINE] Les Romains ont introduit<br />

dans <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> leur vocabu<strong>la</strong>ire politique avant d’y introduire leurs institutions.<br />

C’est ainsi qu’ils ont donné aux États gaulois le nom de cités, dont nous nous<br />

sommes servi nous-mêmes le plus souvent. <strong>La</strong> cité <strong>romaine</strong> <strong>et</strong> l’État gaulois se<br />

ressemb<strong>la</strong>ient en ceci qu’ils formaient chacun un organisme administratif<br />

compl<strong>et</strong>. Mais il y avait de l’une à l’autre une différence essentielle. Ce qui<br />

caractérise <strong>la</strong> cité <strong>romaine</strong> <strong>et</strong>, en général, <strong>la</strong> cité gréco-<strong>la</strong>tine, <strong>la</strong> civitas, <strong>la</strong> πόλις,<br />

c’est <strong>la</strong> prédominance de <strong>la</strong> ville <strong>et</strong>, comme conséquence, l’incorporation à <strong>la</strong> ville<br />

du territoire rural. Le territoire <strong>et</strong> <strong>la</strong> ville sont régis par les mêmes magistrats,<br />

mais ces magistrats sont ceux de <strong>la</strong> ville, <strong>et</strong> c’est parce qu’ils sont les magistrats<br />

de <strong>la</strong> ville qu’ils sont ceux du territoire tout entier, de <strong>la</strong> cité. Il n’en est pas ainsi<br />

dans l’État gaulois. <strong>La</strong> cité <strong>romaine</strong> est une ville avec une banlieue. L’État gaulois<br />

est un territoire, une nation. Les chefs auxquels il obéit ne sont pas les<br />

magistrats d’une ville étendant leur autorité sur le reste du pays. Ce sont les<br />

magistrats du pays dont l’autorité s’étend naturellement sur <strong>la</strong> ville. Il existe<br />

indépendamment de tout centre urbain, <strong>et</strong> l’existence même d’un tel centre n’est<br />

nullement impliquée dans <strong>la</strong> notion de son gouvernement.<br />

[LE RÔLE DE LA VILLE DANS L’ÉTAT GAULOIS ET LA CITÉ ROMAINE] <strong>La</strong> raison de c<strong>et</strong>te<br />

différence est dans le développement très inégal de <strong>la</strong> civilisation chez les Celtes<br />

<strong>et</strong> chez les peuples grecs <strong>et</strong> <strong>la</strong>tins. De bonne heure <strong>la</strong> ville était devenue pour ces<br />

derniers le séjour de prédilection, le sanctuaire des dieux, le siège des pouvoirs<br />

publics, le cadre, <strong>la</strong> condition même de toute organisation sociale, de toute vie<br />

politique <strong>et</strong> religieuse. Elle n’était rien moins que tout ce<strong>la</strong> chez les Celtes. Sans<br />

doute les nécessités de <strong>la</strong> défense <strong>et</strong> du trafic avaient fait surgir, sur tous les<br />

points de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, une multitude de bourgades, fortifiées ou ouvertes, avec une<br />

popu<strong>la</strong>tion fixe, mais ce n’étaient là, malgré tout, que des refuges, des marchés,<br />

sans aucun des agréments qui font les villes proprement dites. Les maisons<br />

isolées étaient extrêmement nombreuses, <strong>et</strong> les nobles en particulier ne<br />

cessaient pas d’y habiter de préférence2.<br />

On comprend qu’avec ces mœurs <strong>la</strong> ville n’ait pas eu en <strong>Gaule</strong> le même rôle<br />

qu’en Grèce <strong>et</strong> en Italie. Parmi les oppida qui hérissent le sol d’un État gaulois, il<br />

1 SOURCES. Voir § 2. Dans ce paragraphe <strong>et</strong> les suivants nous ne citons que les inscriptions non publiées dans<br />

le tome XII, <strong>et</strong> <strong>la</strong> partie parue du tome XIII du Corpus. Pour les inscriptions publiées dans ce recueil, nous<br />

renvoyons à l’Index <strong>et</strong> aux Notices sur les cités.<br />

OUVRAGES À CONSULTER. Deloche, Études sur <strong>la</strong> géographie historique de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, Mémoires présentés par<br />

divers savants à l’Académie des Inscriptions, II, série, t. IV (1860). Voigt, Drei epigraphische Constitationen<br />

Constantin’s des Grossen, 1860. Kuhn, Die städlische and bärgerliche Verfassung des römischen Reichs, 1865,<br />

p. 405 <strong>et</strong> suiv. Geber die Entstehung der Stædte der Alten, 1878, notamment p. 434 <strong>et</strong> suiv. Longnon,<br />

Géographie de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> au VIe siècle, 1878. Mommsen, Schweizer Nachstudien, Hermes, 1881. Hirschfeld,<br />

Gallische Studien, I, 1883, p. 28 <strong>et</strong> suiv. Jullian, Inscriptions de <strong>la</strong> vallée de l’Huveaune, Bull<strong>et</strong>in épigraphique,<br />

1885, p. 165 <strong>et</strong> suiv. Inscriptions de Bordeaux, I, 1887, p. 115, <strong>et</strong> II, 1890, p. 121. Schulten, Die<br />

<strong>La</strong>ndgemeinden im römischen Reich, Philologus, 1894. Die peregrinen Gaugemeinden des römischen Reichs,<br />

Rheinisches Museum, 1885. Kornemann, Zur Stadtentstehung in den chemals keltischen und germanischen<br />

Gebi<strong>et</strong>en des Römerreichs, 1898. Corpus inscript. <strong>la</strong>tin., XII <strong>et</strong> XIII, Notices.<br />

2 1re partie, liv. II, chap. I, § 1.

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