La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
oulement. Ce qui est c<strong>la</strong>ir c’est que l’assemblée, spontanément ou par ordre, se<br />
préoccupait de ménager les susceptibilités des cités1.<br />
<strong>La</strong> prêtrise, comme toutes les fonctions publiques, comportait des charges qui<br />
motivèrent des cas d’exemption. Elle n’en était pas moins fort recherchée, car<br />
elle f<strong>la</strong>ttait au plus haut point <strong>la</strong> vanité. Les compétitions même étaient assez<br />
vives pour aboutir quelquefois à des manœuvres tombant sous le coup de <strong>la</strong> loi.<br />
Le prêtre, une fois sorti de charge, ne rentrait pas dans le rang. Il prenait un titre<br />
qui rappe<strong>la</strong>it son ancienne dignité (F<strong>la</strong>minalis, Sacerdotales). Il siégeait de droit<br />
dans le concilium <strong>et</strong> reparaissait dans les cérémonies avec les insignes du<br />
sacerdoce.<br />
[LE TITRE DU PRÊTRE PROVINCIAL] Le prêtre provincial ne portait pas partout le<br />
même titre. En Occident il s’appe<strong>la</strong>it Sacerdos ou F<strong>la</strong>men, F<strong>la</strong>men dans <strong>la</strong><br />
Narbonnaise, les Alpes Maritimes <strong>et</strong> Cottiennes ; Sacerdos dans les trois <strong>Gaule</strong>s,<br />
sacerdos Romae <strong>et</strong> Augusti ad aram ad confluentes Araris <strong>et</strong> Rhodani, c’est-àdire<br />
desservant le culte de Rome <strong>et</strong> d’Auguste à l’autel situé au confluent de <strong>la</strong><br />
Saône <strong>et</strong> du Rhône.<br />
Le titre de F<strong>la</strong>men ou f<strong>la</strong>mine était significatif. C’était à Rome le titre du prêtre de<br />
Jupiter, du F<strong>la</strong>men Dialis, <strong>et</strong> c’est en eff<strong>et</strong> le F<strong>la</strong>men Dialis qui servit de prototype<br />
au f<strong>la</strong>mine de Rome <strong>et</strong> d’Auguste. Comme le F<strong>la</strong>men Dialis, le f<strong>la</strong>mine de <strong>la</strong><br />
Narbonnaise se faisait précéder par des licteurs <strong>et</strong> était revêtu de <strong>la</strong> toge<br />
prétexte ou bordée de pourpre ; comme lui il avait sa p<strong>la</strong>ce dans le Sénat, c’està-dire<br />
dans <strong>la</strong> curie de <strong>la</strong> ville où le r<strong>et</strong>enaient ses fonctions ; comme lui il était<br />
asservi à certaines prescriptions qui avaient pour obj<strong>et</strong> de le maintenir en état de<br />
pur<strong>et</strong>é. Il lui était interdit par exemple de prêter serment <strong>et</strong> d’assister à des<br />
funérailles. Comme lui enfin il devait être marié, <strong>et</strong> sa femme, sous le nom de<br />
F<strong>la</strong>minica, était associée à ses honneurs <strong>et</strong> à ses devoirs. On constate une<br />
différence. Il était nommé pour un an <strong>et</strong> le F<strong>la</strong>men Dialis l’était pour <strong>la</strong> vie. Mais<br />
on a vu l’intérêt qu’il y avait à ne pas immobiliser le sacerdoce dans une cité. Ces<br />
dispositions s’appliquaient très probablement à tous ceux des prêtres provinciaux<br />
qui s’intitu<strong>la</strong>ient f<strong>la</strong>mines. Étaient-elles applicables aussi bien aux autres, <strong>et</strong> en<br />
particulier au prêtre des trois <strong>Gaule</strong>s ? Il est permis d’en douter. Assurément il<br />
ne le cédait en rien, pour le prestige, à son confrère de <strong>la</strong> Narbonnaise, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
plupart des privilèges attribués à celui-ci ne pouvaient manquer de lui être<br />
conférés également. Et pourtant ce n’est pas sans raison qu’il n’avait pas reçu le<br />
même titre. Il est à présumer que le f<strong>la</strong>minat, prêtrise essentiellement <strong>la</strong>tine,<br />
comportait des conditions <strong>et</strong> des rites qui n’étaient pas imposés au Sacerdos, <strong>et</strong><br />
c’est pour ce<strong>la</strong> sans doute qu’il ne se rencontre chez nous que dans <strong>la</strong> province<br />
toute <strong>romaine</strong> de <strong>la</strong> Narbonnaise <strong>et</strong> ses annexes alpestres.<br />
[DROITS ET ATTRIBUTIONS DES ASSEMBLÉES PROVINCIALES] Les assemblées<br />
provinciales étaient des universitates, des personnes morales, aptes à posséder.<br />
Celle de Lyon avait des immeubles, des esc<strong>la</strong>ves, des affranchis, une caisse (arca<br />
Galliarum) alimentée par les <strong>la</strong>rgesses individuelles, impériales <strong>et</strong> privées, <strong>et</strong> par<br />
les subventions des cités2. L’arca Galliarum était administrée par un judex qui,<br />
1 On remarque pourtant, ce qui n’a rien que de naturel, que les plus importantes sont celles qui ont fourni le<br />
plus de prêtres. Quant à <strong>la</strong> forte proportion des prêtres fournis par le p<strong>et</strong>it peuple des ségusiaves, elle peut<br />
s’expliquer par ce fait que l’autel était situé sur une enc<strong>la</strong>ve détachée de leur territoire.<br />
2 Le conseil des trois <strong>Gaule</strong>s ne reçut pas plus qu’aucune autre assemblée provinciale en Occident le droit de<br />
monnayage. Les monnaies en bronze au type de l’autel fédéral <strong>et</strong> avec <strong>la</strong> légende ROM(ae) ET AVG(usto)<br />
étaient frappées à l’atelier de Lyon pour <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion des trois Provinces, mais elles étaient émises par<br />
l’Empereur. C<strong>et</strong>te fabrication ne fut pas d’ailleurs de longue durée. Elle cessa définitivement après Néron, ce qui